GRSE : Ces chauffeurs d’autobus qui font comme bon leur semble sur la route

2 years, 3 months ago - 20 September 2022, Le Mauricien
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Le service de transport par autobus représente un casse-tête pour des habitants de Grande-Rivière-Sud-Est (GRSE). Il affecte leur quotidien et met même leur vie en danger. Ces derniers témoignent.

Christophe A., ex-habitant de Bambous-Virieux et qui travaillait comme chauffeur d’autobus individuel a pris de l’emploi dans une compagnie privée il y a environ un an. Habitant Grande-Rivière-Sud-Est et exerçant le même métier, il est bien placé pour parler du calvaire des usagers d’autobus dans cette partie de l’île.

Sa femme qui était enceinte a perdu son bébé de sept mois alors qu’elle se trouvait à bord d’un autobus individuel qui roulait à vive allure. « Ma femme était très traumatisée après cet accident. Elle était très bouleversée. Elle n’avait pas voulu faire de déclaration à la police de la région. Vu l’état dans lequel elle se trouvait, je n’ai pas insisté. Ma femme en garde encore les séquelles. Elle n’arrête pas de raconter à ses proches dans quelles circonstances elle a failli trouver la mort. Mo madam dir mwa sofer la ti li pe roul bien vit. »

En tant qu’ancien employé dans un autobus individuel, Christophe peut témoigner du comportement de certains chauffeurs. Ces derniers ne respectent pas les horaires, font comme bon leur semble, empruntent le chemin du retour entre les rangées des champs de canne. Des passagers de la région, surtout les personnes âgées et les élèves, doivent attendre plus d’une demi-heure avant de pouvoir prendre place à bord d’un autobus.

« Mettez-vous à la place de ces vieilles personnes qui habitant ici à Grande-Rivière-Sud-Est et qui doivent se rendre à l’hôpital de Flacq pour se faire soigner. Je connais personnellement certains chauffeurs et receveurs qui graissent la patte à certains préposés pour qu’ils ferment les yeux sur certains cas d’indiscipline. Ou kapav pa krwar, me sa ziska sa nivo la finn arive », s’inquiète Christophe.

Selon ce dernier, certains chauffeurs et receveurs d’autobus profiteraient de leur proximité avec des préposés de la National Land Transport Authority pour faire la pluie et le beau temps. « C’est seulement le matin que les voyageurs ont le bus. Mais en journée, c’est peine perdue. Les autobus arrêtent de rouler à midi. Ils prennent de longues pauses dans les champs de canne. »

Pour sa part, Florent, un habitant du village de Grande-Rivière-Sud-Est, se plaint qu’à certaines heures de l’après-midi, les opérateurs d’autobus censés desservir intégralement la région refusent de le faire en demandant aux passagers de descendre à l’arrêt d’autobus le plus proche et de rentrer à pied. Et aussitôt qu’ils voient qu’il se fait tard, certains chauffeurs ne regagnent pas leur destination. « Zot fer seki zot anvi. Me erezman ti ena enn polisie an sivil dan bis sa zour la. Sofer pa ti atann, li finn oblize al kit nou sa zour la. »

Ce problème de transport affecte indéniablement le quotidien des habitants qui sont souvent en retard sur leur lieu de travail. Et parfois, les entreprises refusent d’employer les habitants de la région, avance Florent. « Aussitôt qu’on mentionne l’endroit où on habite, les responsables d’entreprise hésitent et refusent de prendre le risque. Si les opérateurs d’autobus de la région n’arrivent pas à couvrir les frais, la moindre des choses pour eux est qu’ils rendent leur permis et laissent à d’autres personnes faire le travail. Et n’oubliez pas qu’ils obtiennent une subvention des autorités. Mo konn enn proprieter bis ki pass so le tan kot li, me li kontinie gagn sibsid. »

Ranjit, un habitant de Boulet-Rouge, Flacq, qui rend souvent visite sa grand-mère à Grande-Rivière-Sud-Est, n’est pas tendre envers les autorités. « Le prix du ticket d’autobus a augmenté de manière considérable. Rien n’a changé. Les usagers d’autobus continuent à souffrir. » Il est temps, suggère-t-il, que le gouvernement prenne au sérieux ce problème de transport. « Notre quotidien est bouleversé. Nou finn plin. Lane ale, lane vini mem problem. »

Berty Adélaïde habite non loin d’une concasseuse à Lara, Bel-Air Rivière-Sèche, depuis une vingtaine d’années. Il quitte sa maison à 5h du matin pour aller travailler à l’hôtel Shandrani à Blue-Bay. Il doit arriver sur son lieu de travail à 7h. Il lui reste encore quelques années avant de prendre sa retraite. Il doit passer par Flacq pour se rendre à Mahébourg et il n’est pas le seul.

Se trouvent à bord de l’autobus chaque matin des jeunes fréquentant des institutions secondaires, des gens qui vont travailler à Anse-Jonchée et des passagers dans la région avoisinante. Ils n’arrivent pas à l’heure à leur destination. Raison principale, les conducteurs ne respectent pas les horaires et passent à des fréquences irrégulières. « Depi mo ti pe al lekol primer mo konn problem transpor dan sa rezion la. Si les autorités ne prennent aucune action, nous entamerons une grève de la faim », a déclaré Nitin Jeeha, conseiller du district de Grand-Port qui a invité tous les conseillers de la région à réagir.

Ravin Ramphul, du village de Grand-Sable et représentant au sein du conseil de district de Grand-Port, qui avait fait une requête à la National Land Transport Authority (NLTA) « to set GPS in all buses to track down their time and location » souhaite que la nouvelle équipe de la NLTA, qui a remplacé l’ancienne dans cette région, prenne les mesures nécessaires pour trouver au plus vite une solution à ce problème auquel sont confrontés les habitants depuis de longues années déjà. « Ils nous ont demandé un peu de temps pour identifier les causes du problème. Attendons voir ! » a déclaré Ravin Ramphul.