Si la police avait tendance à faire preuve de mansuétude envers les moniteurs récalcitrants, elle semble avoir changé son fusil d’épaule cette année, avec à la clé une dizaine de contraventions qui ont été dressées depuis le 1er janvier. Les moniteurs, ne digérant toujours pas d’avoir été « désignés comme les boucs émissaires », évoquent la révision à la baisse, par le ministère du Transport, des limitations de vitesse de 60 à 40 km/h pour les grandes artères pour étayer leurs arguments.
Les moniteurs ne sont autorisés pas à opérer de 7h30 à 9h30, et de 15h30 à 17h. Dans la région de Curepipe, les horaires sont de 8h à 10h, et de 13h à 17h, uniquement en jours de semaine. Les artères de la capitale non autorisées sont les rues Mgr Leen, en passant par rue Labourdonnais jusqu’à Bell-Village, Labourdonnais, Volcy Pougnet, Pope Hennessy, Jemmapes, SSR (ex-rue Desforges), Royale, La Chaussée, John Kennedy, Moka, Deschartres et D’Entrecasteaux. Les voies importantes de la ville de Curepipe non autorisées aux auto-écoles durant certaines heures de la journée sont les rues Winston Churchill, du Jardin Botanique, Eucalyptus et Royale, à partir de la jonction de l’avenue Sivananda jusqu’à la jonction avec la rue Sir Célicourt Antelme.
Quel bilan tirer quatre ans après l’entrée en vigueur de cette pratique ? Si l’on note aux Casernes centrales que la circulation s’est nettement fluidifiée depuis, les moniteurs d’auto-école martèlent que cette loi est non seulement discriminatoire, mais leur porte préjudice à bien des égards. « On essaie de faire croire aux automobilistes que la présence des auto-écoles génère des embouteillages, d’où l’introduction de ces restrictions, alors que pas plus tard que l’année dernière, le concept de la zone de limitation de vitesse de 30-40 km/h à Port-Louis a été introduit sans que personne n’évoque ses conséquences pour la circulation. De nos jours, la plupart des apprentis conducteurs sont libres le matin et l’après-midi pour prendre des cours », souligne un moniteur opérant à Port-Louis.
« Les points centraux de l’apprentissage »
Mahesh, également moniteur à Port-Louis, soutient que le gouvernement a fait fausse route en introduisant cette loi, « car pour préparer au mieux ses élèves au permis de conduire et faire d’eux des conducteurs responsables, il est indispensable de les confronter à la complexité de ces routes. » Un de ses collègues abonde dans le même sens : « Ces rues sont les points centraux de l’apprentissage pour la conduite, car les apprenants se retrouvent dans des conditions réelles d’examens en raison de la présence de panneaux de signalisation. » Ce dernier, au même titre qu’un de ses élèves, a écopé une contravention en février pour avoir enfreint les règlements. La police veille au grain depuis janvier pour faire respecter la loi et la pilule est d’autant plus indigeste pour les moniteurs que le phénomène des « auto-écoles marron » semble avoir pris de l’ampleur.
Le caporal Bernard Mootoosamy, qui dit comprendre la colère des moniteurs, s’appuie néanmoins sur le nombre de contraventions dressées, du 1er janvier au 31 avril, contre les faux moniteurs pour démontrer que la police se montre intransigeante face à ce phénomène. « 141 personnes ont été prises en contravention et les agents des forces de l’ordre travaillent en collaboration avec de vrais moniteurs pour mettre à mal cette pratique. »