Ineos, groupe pétrochimique d’envergure internationale, s’est lancé dans la création d’un véhicule inédit rappelant l’ancien Land Rover Defender. Le modèle, un véritable 4×4 « à l’ancienne », sera officiellement commercialisé en avril. Pour ce faire, le fondateur Jim Ratcliffe n’a pas lésiné, en rachetant à Daimler l’usine d’Hambach, en Moselle. C’est là qu’étaient produites les Smart depuis 1997. Le constructeur nous a invité au cœur des chaînes pour y découvrir les derniers préparatifs avant le lancement de la production en série du Grenadier.
Une usine inaugurée 25 ans plus tôt pour fabriquer des Smart…
Située à la frontière franco-allemande, « Smartville » a été inaugurée le 27 octobre 1997 par Jacques Chirac, alors président de la République française, et Helmut Kohl, chancelier allemand. Étendue sur 82 hectares, l’usine est immense. Mais les dirigeants de Smart ont été un peu trop ambitieux. Le constructeur n’arrivera jamais à être rentable. La production de plusieurs générations et modèles de Smart (Fortwo coupé et cabriolet, Forfour, Roadster) n’y fera rien.
A la fin des années 2010, le groupe Daimler ouvre le capital de Smart au chinois Geely et évoque le départ de la production vers la Chine. L’usine d’Hambach doit, elle, être transformée pour accueillir la première compacte électrique de Mercedes, l’EQA. Des investissements colossaux sont effectués, avec 470 millions d’euros de travaux et équipements au total. Mais le groupe allemand change finalement d’avis et souhaite vendre. Début 2021, Daimler cède son usine de production à Ineos, fraîchement débarqué dans le monde automobile. Une page se tourne.
…qui produit aujourd’hui le Grenadier, un 4×4 de près de 5 mètres de long
Retour en février 2022, où Ineos nous accueille pour découvrir les aménagements de l’ex-usine Smart. A l’entrée, les panneaux Ineos remplacent peu à peu ceux de la marque allemande, même si on croise encore régulièrement le logo Smart. L’immense usine a été divisée en plusieurs parties, et de nouveaux bâtiments sont sortis de terre. Aujourd’hui, elle comprend 210 000 m2 de bâtiments. La production de quelques Smart Fortwo EQ, assurée par Ineos en tant que sous-traitant jusqu’en 2024, est reléguée dans deux bâtiments annexes.
Pour la production du Grenadier, Ineos a dû réaliser quelques travaux supplémentaires. Cette transformation a été faite au pas de charge, puisqu’il a fallu tout faire en 8 à 12 mois seulement. Plus de 50 millions d’euros ont été investis depuis janvier 2021, avec un nouvel atelier de carrosserie entièrement automatisé comprenant 252 robots. Un nouvel atelier de peinture semi-automatisé a également été installé, ainsi qu’un laboratoire qualité aux équipements haut de gamme. L’usine compte environ 1000 employés pour la production, avec un âge moyen de 45 ans. Tous ont reçu de nombreuses heures de formation pour se conformer aux standards de qualité voulus par Ineos.
cule lorsque le client rince le coffre. Cette pâte beige est ensuite cuite dans un four pendant quelques minutes. Le Grenadier reçoit ensuite des « jigs », des bloque-portes pour éviter que les portières et le coffre ne s’ouvrent pendant la phase de peinture. Il est contrôlé pour vérifier la qualité des étapes précédentes avant de passer par la cabine de peinture.
25 m² de surface à peindre pour le Grenadier, contre 5 pour les Smart
Située à l’étage, à 7,50 m de haut, la zone de peinture est quasi entièrement automatisée. Les robots sont directement reliés à des cuves de peinture, et sont auto-nettoyants. Ils peuvent donc se purger rapidement et passer d’une couleur à l’autre ou d’une étape à l’autre sans opération complexe. Le processus est très court : application d’une base 1 à l’eau (pour préparer le véhicule à recevoir la peinture), pose d’une base 2 à l’eau (la peinture choisie par le client), petite cuisson de 25 min pour fixer les laques et pose du vernis final.
Le tout prend entre 45 min et 1 heure par véhicule, soit 10 carrosseries peintes à l’heure en moyenne. Les machines allemandes Dürr, déjà utilisées pour les Smart, ont été privilégiées. Mais ici, c’est la surface de peinture qui diffère : 25 m² à peindre sur l’Ineos contre 5 m² seulement pour la Smart. Au total, le Grenadier propose 10 teintes de carrosserie, chacune proposées avec un toit contrastant noir ou blanc.
Un laboratoire qualité très haut de gamme
Terminons cette visite par le laboratoire qualité. Sorti de terre récemment, ce bâtiment sert à contrôler la qualité des véhicules produits grâce à un échantillonnage. Chaque semaine, l’équipe prend un ou plusieurs véhicules au hasard sur les chaînes de production, avant la peinture, pour le décortiquer et voir si tout correspond. Des jeux d’ouvrants sont également concernés, et certains véhicules complets après la peinture peuvent aussi être contrôlés. Une machine à portique haut-de-gamme Carl Zeiss installée par Mercedes sert à prendre les mesures sans contact, grâce à un capteur optique. Les mesures prennent en moyenne quatre heures. Enfin, le laboratoire réalise des mesures par destruction, notamment pour vérifier les soudures. Pour cela, du matériel professionnel est requis, comme une pince utilisée par les pompiers lors des désincarcérations.
Prévisions de ventes et réseau : Ineos s’appuie sur Bosch
Dirk Heilmann, PDG d’Ineos Automotive, a annoncé que 15 000 clients avaient déjà réservé leur Grenadier à travers le monde. La marque prévoit 30 000 unités produites en 2024. En France, Ineos compte notamment sur l’arrivée en septembre 2022 d’une version N1 à cinq places (avec banquette avancée), qui éviterait donc le malus. Une variante utilitaire à deux places est d’ores et déjà disponible à la commande, elle aussi sans malus en France. Son prix est de 59 500 € TTC, ou 47 600 € hors taxes. Le Grenadier sera aussi dérivé en pick-up double-cabine, que privilégieront certains professionnels.
La vente et l’entretien se feront notamment grâce à un réseau de partenaires étendu dans toute l’Europe. Ineos s’appuie notamment sur l’expertise de Bosch Car Service, très implanté dans le monde. Selon Mark Tennant, directeur de la partie commerciale d’Ineos Automotive, plus de 100 concessions et garages partenaires sont déjà choisis dans le monde. On pourrait s’attendre à ce que BMW soit aussi de la partie, puisqu’il « prête » ses six-cylindres 3.0 essence et diesel (respectivement 285 et 249 ch). Mais pour le moment, ce n’est pas prévu. Aucune forme d’hybridation n’est à l’étude pour le moment, même si le constructeur ne cache pas son intérêt pour l’hydrogène… Un produit que le groupe Ineos travaille déjà depuis bien longtemps.
Un premier essai à découvrir dès le 23 février
Lors de cette visite de l’usine, Ineos nous a également conviés à essayer un prototype de pré-série dans la boue pour tester les capacités de franchissement. Pour le moment, les impressions de conduite et photos sont gardées précieusement. Nous vous donnons rendez-vous dès le 23 février pour en découvrir plus.
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