L’ancien commissaire de police Anil Kumar Dip dans le viseur de la Financial Crimes Commission

3 weeks ago - 23 June 2025, lexpress.mu
L’ancien commissaire de police Anil Kumar Dip dans le viseur de la Financial Crimes Commission
Depuis cinq ans, environ Rs 150 millions ont été allouées aux unités d’élite de la police, dont l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), la Special Striking Team (SST), la Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU) ou encore la Flying Squad, dans le cadre du Reward Money — un fonds destiné à récompenser les informateurs ayant contribué à des enquêtes majeures.

Or, de nombreuses plaintes d’informateurs sont récemment remontées jusqu’à la Financial Crimes Commission (FCC), affirmant qu’ils n’ont jamais perçu les montants promis.

Des témoignages révèlent qu’un informateur censé recevoir Rs 1 million pour un gros dossier n’aurait touché que Rs 100 000, tandis que le reste aurait été accaparé par des officiers de haut rang. Ce système opaque, qui aurait été institutionnalisé sous l’ancien commissaire de police Anil Kumar Dip, suscite aujourd’hui une vague d’indignation, tant en interne que dans l’opinion publique.

L’affaire Lilram Deal a déclenché un séisme. En 2022, près de Rs 4,5 millions ont été retrouvées sur le compte bancaire de l’assistant commissaire de police, conjointement avec son épouse. Ces fonds provenaient du Reward Money, mais n’auraient jamais été remis à leurs véritables bénéficiaires. Cette découverte n’a pas laissé les enquêteurs de la FCC indifférents et a permis de lever le voile sur un système miné par la corruption.

Le Reward Money, longtemps source de polémique dans les rangs policiers, soulève désormais des questions fondamentales : comment ce fonds est-il géré ? Comment est-il calculé ? Et surtout, à qui profite-t-il vraiment ? L’enquête en cours donne enfin une forme concrète à ces interrogations.

Le cas de l’ACP Deal a agi comme un catalyseur, réveillant des soupçons anciens sur une corruption systémique dans la gestion de ce fonds destiné à récompenser les informateurs ayant aidé à faire tomber des réseaux criminels. D’après nos informations, l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip, qui avait approuvé le mémo ayant permis le versement controversé à Lilram Deal, est désormais dans le collimateur de la FCC.

Les plaintes de ces informateurs, longtemps ignorées, ont récemment afflué à la FCC. Cette semaine, une nouvelle étape de l’enquête pourrait être franchie, avec d’autres officiers de police — en poste sous le règne de l’exCP Anil Kumar Dip — désormais dans la ligne de mire des enquêteurs.

Selon plusieurs témoignages internes, à un moment donné, l’ADSU avait été écartée des allocations du Source Fund et du Reward Money. L’affaire, à l’époque, avait même été rapportée par la presse. Cette décision controversée de l’ancien CP Dip aurait causé une profonde frustration au sein de l’ADSU, reléguée au second plan au profit d’unités telles que la SST, la Flying Squad, la DCIU ou encore certaines shadow units placées sous l’influence directe de la haute hiérarchie.

La FCC s’apprête aujourd’hui à faire la lumière sur ce que certains dénoncent comme un véritable pillage organisé. L’enquête ne se limitera pas au Reward Money : le Source Fund, une autre manne financière destinée aux opérations secrètes, sera lui aussi soumis à un audit approfondi, afin de déterminer s’il a été détourné ou utilisé à des fins personnelles.

Pour la première fois, une enquête officielle pourrait faire justice à des unités lésées comme l’ADSU, et permettre d’exposer au grand jour les mécanismes de détournement d’un système opaque, où les dérives ont trop longtemps prospéré dans l’ombre.