«Mauricien dans l’âme», Pascal Thomasse représente l’île au Dakar

10 months, 1 week ago - 11 January 2024, lexpress.mu
Pascal Thomasse
Pascal Thomasse
Dans le bivouac du Dakar, un parfum d’île Maurice flotte sous l’un des auvents de l’équipe MD Ral- lye Sport.

Sur le véhicule n°232, on découvre le quadricolore. Au volant se trouve Pascal Thomasse, né en Normandie mais installé à Maurice depuis dix ans. Venu «pour la gentillesse des habitants», il n’en est jamais reparti. Le «Mauricien dans l’âme», ainsi qu’il aime se décrire, est l’un des rares représentants l’île sur le rallye-raid. Un honneur, forcément. Cette 21e participation s’est organisée avec l’aide de sponsors essentiellement locaux. «Beaucoup s’intéressent à ce que je fais», clame-t-il fièrement.

Un pionnier

Admirateur de Jacky Ickx et du regretté René, Pascal n’a pu assouvir sa passion pour les sports mécaniques avant un certain stade de sa vie. Issu d’un milieu modeste, il a d’abord passé un CAP de mécanicien et donné priorité à sa carrière. Ses débuts ne commencent pas dans le siège de pilote, mais dans celui de l’équipe technique Citroën sur le raid en 2CV Paris – Persépolis (Iran). Passé derrière le volant, il y est particulièrement habile et se met à gagner des courses. Une trentaine de victoires figurent à son palmarès, parmi lesquelles un titre de champion de France des rallyes en 1986.

Le Dakar, Pascal Thomasse en est aujourd’hui l’un des derniers pionniers en activité. Il a découvert la course dès 1983, à l’époque où elle partait de France et se dirigeait vers l’Afrique. Il a connu le volet sud-américain, où il a obtenu son meilleur résultat en 2013 (9e ), avant de vivre le déménagement en Arabie saoudite en 2020. En 2023, il s’est classé à une honorable 19e place. Il était déjà dans l’habitacle du buggy Optimus, dont il a contribué au développement.

Avec une ONG

À 72 ans, Pascal reste fidèle à son mantra, qu’il nous récite dans le bivouac d’Al Duwadimi après deux étapes: l’important de l’âge, c’est de ne pas le ressentir! Son remède pour lutter contre le temps ? Une bonne dose de sport au quotidien. Et des mois de janvier passés à parcourir le désert saoudien, où il devra boucler les 7 891 kilomètres du parcours de l’édition 2024. Partie d’AlUla, la course arrivera à Yanbu le 19 janvier. «Là par passion», le Mauricien de cœur se consi- dère «comme un privilégié de disputer cette compétition». Le Dakar donne un sens à sa vie, mais lui en donne aussi un à sa course. Cette année, Pascal Thomasse court pour l’association Rêve et Espoir, basée à Rivière-Noire, où il réside. «Elle accueille et aide des enfants et jeunes adultes porteurs de handicap, explique le pilote. Je donne 15 % de ce qui vient de mes sponsors à l’association, ce qui va permettre de construire un bâtiment pour les enfants.»

En embuscade derrière les favoris Cette année, Pascal fait équipe avec le copilote Arnold Brucy. Les nouveaux acolytes n’ont toutefois pas pu s’entraîner ensemble. «On devait partir au Maroc mais, manque de chance, Arnold a perdu son passeport sur le chemin de l’aéroport», en rigole le pilote. Fort heureusement, son nouveau document d’identité est arrivé à temps pour s’envoler en direction de l’Arabie saoudite. Partant de l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam, le Mauricien a lui dû faire escale à Dubaï pour arriver à bon port.

Pour ce premier Dakar ensemble, le duo doit chaque jour faire face à des obstacles. «Jusqu’à présent, ce n’est pas trop mal mais ce n’est pas non plus extraordinaire, résume Pascal. On a eu des crevaisons lors de la première étape, très caillouteuse, puis on a pris une pénalité de dix minutes pour excès de vitesse le lendemain.» De quoi le reléguer à la 41e place du classement général. Mais «le Dakar sera long», prévient le pionnier de la course. Le rallye-raid a commencé le 5 janvier et se terminera le 19.

Idéalement, il se verrait terminer dans le Top 10. «Mais on est beaucoup à viser une telle place ! », sourit-il. Face à lui se dressent Sébastien Loeb, Stéphane Peterhansel et autres professionnels. Tapis dans l’ombre, Pascal va user de sa science du sport. «Si on arrive à faire top-10, ce ne sera pas par notre talent, mais en comptant sur les erreurs des autres. Devant, les favoris se chamaillent. Si la guerre entre les premiers continue, on en profitera