Ou encore un Metro Express qui privilégiera l'axe Mahébourg-Port-Louis, en reliant l'aéroport et le port ? Ce sont là autant de contestations et de propositions qui entourent le projet Metro Express tel qu'envisagé par l'Etat. Toute la question a fait l'objet d'un débat au centre social Marie-Reine-de-la-Paix, ce mercredi 12 avril, par la plateforme Think Mauritius.
Parmi les invités, Pitch Venkatasamy, Rama Sithanen, l'ingénieur Pooranen Sangelee ou encore l'urbaniste Nivel Mauree. Egalement invités étaient le ministre des infrastructures publiques et du transport, Nando Bodha et le conseiller au Prime Minister's Office (PMO) Georges Chung. Mais aucun des deux n'était présent.
«En Australie, les recettes par rapport aux coûts ne sont que de 20 %»
L'ancien ministre Rama Sithanen s'est notamment attardé sur les bénéfices que le pays en tirera en comparaison au coût d'un tel projet. «Partout dans le monde, le métro léger a fait perdre beaucoup d'argent. Il faut une vraie garantie pour pouvoir payer les coûts opérationnels. En Australie, les recettes par rapport aux coûts ne sont que de 20 %», a-t-il argué.
Selon lui, trois risques existent bel et bien : «overestimated benefits, underestimated costs et delay.» Ce qui lui fait dire qu'il faut davantage de transparence et de débat avant d'aller de l'avant avec ce projet. «Comment va-t-on inclure les opérateurs de bus et de taxis ? Comment le système de subsides va-t-il opérer ? En cas d'erreur qui va payer ?» a-t-il notamment questionné.
Pressions sur le sol
Pour Nivel Mauree, urbaniste, il faudrait aménager le territoire en fonction du Metro Express. «Il faut pouvoir intégrer les idées de la population dans ce projet. Il faut également prendre en considération les conséquences physiques», a-t-il laissé entendre. Car il avance que les pressions sur le sol seront bien réelles de même que sur les autres infrastructures.
«La délocalisation des gens doit être prise en considération. L'alternative est l'axe de Mahébourg à Port Louis. Lier les deux baies, de l'aéroport jusqu'au port», a-t-il ajouté. Selon l'urbaniste, ce tracé a une valeur à la fois historique et culturelle. Et il faudrait construire des Smart Cities autour de cet axe.
Le Bus Rapid Transit
L'ingénieur Pooranen Sangeelee a quant à lui fait valoir que le Bus Rapid Transit reste la meilleure option. «La vitesse commerciale du Metro Express est de 17 km/h, c'est une charrette. Aux 16 minutes que durera le trajet, il faudra ajouter une heure et demie pour le temps pris à chaque arrêt», a-t-il fait valoir.
Bim Purusham a, pour sa part, soutenu que «le gouvernement a fait un tracé sans consulter le public. C'est un mauvais départ». Il s'est interrogé sur l'approvisionnement en courant de ce mode de transport et a questionné le système de freinage du Metro Express. «Il faut des machines pour vendre les tickets, prévoir le parking pour garer les voitures, la formation des techniciens...» Pour lui, ce projet va prendre plus de cinq ans et les Rs 17 milliards annoncées «vont tripler».