Mœurs: le phénomène «pas lamé» n’est pas mort

7 years, 2 months ago - 2 October 2017, lexpress.mu
Mœurs: le phénomène «pas lamé» n’est pas mort
Alors que certains exhibent leur langue sur WhatsApp, d’autres prennent leur pied en laissant «errer» leurs mains sous les jupes des filles et des femmes.

Il y a deux semaines, dans un autobus de la Compagnie nationale de transport (CNT), une adolescente en a fait les frais, les esprits se sont échauffés. Le tout, au milieu de commentaires sexistes, machistes, de quelques «mâles» ne dominants pas leur colère. Non, le phénomène pas lamé n'est pas encore mort et enterré six pieds sous terre.

Dans le bus, ce jour-là, immatriculé 4827 JU 14, qui effectuait le trajet Port-Louis–Vacoas, tout allait bien au départ. Certains passagers dormaient, d'autres mangeaient des pistaches fraîchement cueillies du panier du marchand, comme s'ils avaient senti que le rideau s'apprêtait à se lever sur un triste spectacle, soulignent les témoins. Le véhicule fit un détour par le Main Land.

Au milieu des palabres certainement croustillants, un éclat de voix. «Éoula, ounn pas lamé ar mwa. Kontroler, amenn mwa stasion... Mo pa pou désann...» Il s'agissait d'un mano a mano entre une collégienne et un «Monsieur», qui aurait glissé ses «sales pattes» sous son uniforme. «Kifer mo pou koz manti ? Madam, ounn trouvé non ?»

Sauf que l'adolescente n'a reçu aucun soutien. Mis à part celui de quelques dames indignées mais résignées. Parmi, Marie Louis, 53 ans. «Souvan arivé dan bis sa. Ou pou al lev lavwa, oumem pou gagn zouré...» Pour le coup de main, il faudra repasser.

Comme ce fut le cas pour la jeune passagère, ce jour-là. «É désann do ! Nou presé-la. Pay sa fer sa désann», entend-on sur la vidéo envoyée par une internaute. Le machisme, le sexisme, précise Marie, sont les réactions que suscitent les mains baladeuses et les parties intimes exhibitionnistes. Face à la pression, le receveur et le chauffeur, déboussolés, ne savaient comment réagir. La collégienne, elle, a fini par baisser les bras, descendant de l'autobus, larmes aux yeux, à deux doigts de craquer.

«Bann sadik ki pas-pas lamé-la souvan zouenn sa...»
Balade à la gare de Quatre-Bornes. Solène, 24 ans, a, elle aussi déjà senti passer des menottes indécentes sous sa robe. «Enn sel kout gagn fré kouma dir lézar inn poz lor ou. Bizin zour zot fer zot gagn onté. Apar sa, pa kapav fer gran soz.» Une opinion que partage son amie Jenia Baloram, 23 ans. «Certaines femmes ne disent rien, pour ne pas faire d'esclandre, se donner en spectacle.» Et d'ajouter : «Bann sadik ki pas-pas lamé-la souvan zouenn sa...»

Les chauffeurs et receveurs sont-ils obligés de conduire celles qui le souhaitent au poste de police le plus proche ? «Si c'est sur leur trajet, c'est ce qui est recommandé», indique une préposée de la police. Sinon, les victimes peuvent composer le 148, numéro de la hotline. «Une équipe est alors dépêchée sur place.»

Histoire de ne pas rester les bras croisés et mettre un coup de pied à l'impunité.