
Notre club, la Vintage & Classic Car Owners Association (VCCOA), existe depuis le 3 avril 2007 et compte aujourd’hui 60 membres», pose d’emblée son président, Alain Perdreau. Lui-même confesse la passion chevillée au cœur : «Depuis 1980, je possède cinq voitures d’époque. Je les aime depuis l’enfance.»
Un parc rare et très convoité
Au sein de la VCCOA, la diversité des garages en dit long sur l’ampleur de la passion. Certains membres n’ont qu’une seule voiture, d’autres deux, trois… et un collectionneur pousse la barre jusqu’à 30 véhicules. La majorité de ces autos ont connu deux à trois propriétaires au maximum, gage d’un suivi qui explique leur remarquable état.
Alain Perdreau est le président du VCCOA
Le marché, lui, est tendu. «Les prix ont grimpé», constate Alain Perdreau. Les modèles à faible entretien, hors club, se négocient à partir de Rs 125 000– 150 000. Pour les belles autos en très bon état, il faut désormais compter dès Rs 500 000–600 000 et plus. Ces montants reflètent la rareté des pièces, l’expertise nécessaire et l’aura intacte de ces mécaniques.
Des marques mythiques
L’ADN du parc mauricien est résolument britannique – héritage colonial oblige. Beaucoup de pièces se trouvent localement. Le reste s’importe d’Angleterre, où la culture de conservation est très vive. Dans les garages de l’île, on croise des marques telles que Morris Garages, Ford, Volkswagen, Morris Minor, Mini Cooper, Mercedes, Triumph, Rover, AC Cobra, Rolls-Royce, entre autres. La doyenne du club : une Citroën 5 CV de 1923, précieusement gardée par France Ganachaud.
Un patrimoine automobile
Au-delà des rassemblements, la VCCOA organise chaque année un Classic Tour ouvert au public. Leur objectif est de faire apprécier et donner de la valeur à ces témoins de l’histoire, surtout auprès des jeunes, invités à prendre le relais. «C’est une part du patrimoine automobile pour le pays que nous voulons préserver, comme on le ferait d’une maison coloniale : conserver et embellir pour les générations futures», insiste le président.
La pédagogie passe par les jeux comme des expositions, le slalom et des épreuves chronométrées lors de l’évènement afin de départager, dans la bonne humeur, les autos les plus vives. D’ailleurs, la 18e édition de la Classic Tour est prévue pour aujourd’hui à la municipalité de Vacoas-Phoenix.
L’art de les maintenir en vie
Si la passion ne manque pas, la main-d’œuvre qualifiée reste le nerf de la guerre. «Il faut des mécaniciens et des tôliers qui comprennent les anciennes», rappelle Alain Perdreau. Les carrosseries en acier, les alimentations par carburateur, les faisceaux électriques d’époque exigent de la patience – d’où l’importance d’un entretien méticuleux et d’un usage mesuré. La plupart de ces voitures ne sortent que deux à quatre fois par an, mais démarrent au quart de tour.
Sur le plan réglementaire, il est à noter qu’à Maurice, on qualifie de vintage une voiture âgée de plus de 40 ans. Tous les véhicules de plus de 20 ans doivent passer le contrôle technique (la fitness) deux fois par an. Le vœu du président: un contrôle annuel unique pour les anciennes «qui ne roulent que deux ou trois fois l’an» et sont scrupuleusement entretenues.
Une émotion qui traverse les générations
Au fond, qu’est-ce qu’une voiture d’époque ? «Un héritage familial», répond Alain Perdreau. «Chacune a sa personnalité, ses formes et ses lignes, là où beaucoup de modèles modernes finissent par se ressembler. Voyager en ancienne, c’est une autre sensation : on admire les paysages, on se pose, on respire.» Robustesse à l’appui : certaines roulent encore 40, 50, parfois 70 ans après leur naissance.