Les enquêteurs n’écartent aucune piste pour le moment, même pas celle qui tende vers sa participation à un rallye illégal.
Les proches du quadragénaire sont catégoriques. «Il aimait regarder les rallyes à la télé, mais il n’a jamais participé», affirment-ils. Le jour fatidique, Kavirajsingh Madhoo, qui travaillait comme maçon, était sorti pour un rendez-vous professionnel. Il devait négocier un projet de construction avec un de ses amis. Cependant, les enquêteurs savent que le tronçon de l’autoroute où le drame s’est produit fait partie d’un «circuit» prisé par les amateurs de vitesse et est utilisé pour des courses de moto.
Cet accident remet sur le tapis un problème majeur et récurrent celui des rallyes illégaux. Malgré les signalements et les descentes, ces courses sont toujours aussi populaires. À plusieurs reprises, lorsque le public, agacé par la vitesse et le bruit, rapporte l’organisation de courses illégales à la police, l’affaire se termine en affrontement entre les participants et les forces de l’ordre. Pour rappel, le 9 mai dernier, des policiers avaient été agressés à Roche-Bois lorsqu’ils ont tenté de mettre fin à un tel rassemblement. Quelques jours plus tard, soit le 17 mai, un incident similaire est survenu au même endroit. Mais l’affaire, qui avait marqué les esprits, remonte à septembre 2018 au by-pass de Goodlands. Un caporal de l’Emergency Response Service avait été agressé par des jeunes qui participaient à un rallye à la sauvette. Par la suite, le même groupe avait saccagé la maison et la voiture du policier.
Le problème atterrit au Parlement
Ces rallyes sauvages deviennent de plus en plus nuisibles, à tel point que la question a été soulevée au Parlement le 11 mai dernier par Adil Ameer Meea, député de la circonscription n°3 (Port-Louis Maritime - Port-Louis Est). Il a affirmé avoir fait un constat et témoigné du danger que ces courses clandestines représentent. «C’est un phénomène qui existe à travers le monde et est né de la passion des jeunes pour la vitesse. Mais comme il n’y a pas de circuit dédié à Maurice, cela devient un vrai danger», a avancé le député du Mouvement militant mauricien (MMM). Il n’y a aucune norme de sécurité pour les participants comme pour les spectateurs, a-t-il ajouté. Ce qui explique les nombreux morts causés par ces rallyes illégaux. D’ailleurs, il s’est lui-même déjà trouvé sur la route alors qu’un tel rallye avait lieu. «La vitesse à laquelle ils passent peut déstabiliser un conducteur et avoir des conséquences graves» témoigne-t-il. Adil Ameer Meea avance qu’en sus du bruit, des affrontements et du danger, ces rallyes encouragent aussi les paris illégaux.
Durcissement de la loi, une solution ?
Actuellement, la loi prévoit une amende de Rs 1 000 pour les participants aux rallyes illégaux. Déjà, en 2015, dans sa newsletter, le Directeur des poursuites publiques, Me Satyajit Boolell, avait plaidé pour un amendement à la RoadTraffic Act pour durcir les lois quant aux courses clandestines. Adil Ameer Meea est d’accord. «La loi doit être plus sévère pour décourager les organisateurs et participants. Une présence permanente de la police aux endroits où ces courses sont organisées est nécessaire. Il faut aussi mener un travail de terrain pour obtenir des informations afin que la police puisse sévir contre les organisateurs» dit-il.
Un circuit dédié
Dans sa réponse parlementaire au député du MMM, Pravind Jugnauth a annoncé un projet de circuit dédié au rallye au coût de Rs 2 millions. «Nous vivons une crise sanitaire. Mais dès que l’économie le permet, il faudra voter un budget afin que les amateurs de vitesse puissent s’adonner à leur passion en toute sécurité», estime Aadil Ameer Meea, qui est favorable à cette solution. Actuellement, les rallyes autorisés se font sur les aires de stationnement, qui ne sont pas appropriées non plus.
Les endroits concernés
L’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office, explique que parmi les plaintes reçues par la police, plusieurs concernent l’autoroute de Roches-Bois, une partie de Baie-du-Tombeau, la route au niveau du Champ-de-Mars et Terre- Rouge -Verdun. « La police déploie ses effectifs mais parfois les circonstances ne sont pas évidentes. Des agents se font agresser. Nous faisons plutôt un déploiement dissuasif». L’inspecteur Coothen explique qu’il est difficile de prendre en chasse les participants pendant le rallye car une poursuite peut augmenter le risque d’accident. «C’est une situation difficile que nous essayons de gérer du mieux que nous pouvons et les cameras de Safe City sont d’une grande aide. Nous faisons aussi un appel au public pour qu’il dénonce de tels rallyes sur le 148 s’il en est témoin», précise l’inspecteur Coothen.
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