Il représente un lien indélébile entre passé et présent, mais aussi entre la localité et d’autres. Il faut aller complètement au fond du quartier pour arriver jusqu’à la rivière qui porte le même nom.
La route asphaltée s’arrête à quelques mètres du pont. Celui-ci n’étant pas assez large, il faut laisser tout véhicule à l’entrée pour le traverser à pied. Imposant, il surplombe les eaux. Construit à l’époque coloniale, cet ouvrage en pierre de taille et en fer est un monument pour les villageois.
«C’est du travail comme on n’en fait plus. Ces pierres et ce métal sont plus que centenaires», fait ressortir Jay Mongol, un habitant. La vue sur la rivière en contrebas ne fait qu'ajouter à la beauté du site. Les eaux vertes et profondes forment par endroits de paisibles bassins alors qu’à d’autres, elles se transforment en mini-cascades.
Sur les berges qui remontent vers les hauteurs boisées de Cluny ?eurissent des grands arbres et des buissons. C’est un paysage naturel auquel la modernité s’est mêlée sans détruire toute trace du passé. Alors que les trains passaient par le milieu, un madrier d’environ deux pieds placé à côté des rails permettait au public de traverser à pied. «En bas, il n’y avait que le vide. Il fallait du cœur pour oser traverser à l’époque», se remémore Jay Mongol, qui a fait le trajet à pied puis à bicyclette pendant plus de 40 ans pour aller travailler sur la propriété sucrière de Rose-Belle.
Les vestiges de cette passerelle sont toujours là. Ce, bien qu’elle ne soit plus utilisée par les trains. La partie carrossable du pont était loin d’être la structure solide que l’on voit à présent. Du béton est venu recouvrir les rails une fois que les trains ont cessé de rouler à Maurice. C’est grâce à l’intervention de Gaëtan Duval en 1976, que le pont est devenu praticable. Ce qui a fait que celui-ci est encore plus fréquenté.
«Beaucoup de personnes traversaient le pont à pied pour rallier Cluny. À l’époque où il y avait encore le cinéma Capitol, c’est ainsi que les gens rentraient chez eux après avoir vu un ?lm. Moi-même je le traversais pour aller voir celle qui est aujourd’hui mon épouse», raconte Pradeep Jeebun. D’ailleurs, aujourd’hui encore, des dizaines d’habitants l’utilisent au quotidien. À l’instar de Heman Baboolall: «Je suis à Rose-Belle en vingt minutes alors que le bus passe chaque heure et prend plus de trente minutes pour faire le trajet.»
Avec les années, ce coin paisible a connu une grande transformation. Il a été aménagé pour accueillir des sessions de prières. Des bancs et des statuettes ont trouvé harmonieusement leur place sur les berges. On y trouve notamment un temple dédié au dieu Shani ainsi que des idoles dédiées aux déesses Ganga et Kali, plus bas au bord de l’eau. Il faut parcourir 108 marches pour arriver jusqu’à la rivière; un chiffre symbolique, précisent nos guides.
Malgré ce côté spirituel, le site reste ouvert à tous. Et les visiteurs de tous les horizons y viennent constamment pour admirer sa beauté unique.
Related News