Les derniers chiffres de la sécurité routière à Maurice, arrêtés au 11 avril, font état d’une légère baisse des accidents mortels et du nombre de victimes par rapport à la même période en 2024. Au total, 32 accidents mortels ont été recensés, contre 35 l’an dernier à la même date, soit une diminution de 8,6%. Le nombre de décès est lui aussi en recul, passant de 38 à 35, soit une baisse de 7,9%. Une tendance encourageante, certes, mais qui reste modeste face à l’ampleur du drame humain que représentent ces chiffres.
L’après-midi, l’heure fatale
Dans le détail, l’évolution des catégories de victimes révèle des signaux contrastés. Si le nombre de passagers décédés connaît une forte baisse, passant de 7 à 3 victimes, celui des piétons est en hausse inquiétante, passant de 6 à 8 décès, ce qui représente une augmentation de plus de 33%. Les conducteurs ne sont pas en reste, avec 5 décès contre 4, l’année précédente. Les motards, eux, restent particulièrement exposés, même si l’on observe une légère amélioration, avec 15 morts contre 17 en 2024. Les cyclistes, eux, enregistrent une stabilité avec zéro décès cette année, tout comme les passagers de deux-roues, où l’on compte un décès dans les deux périodes comparées.
L’analyse par tranche horaire révèle également un changement de tendance notable. Alors que le créneau du soir, entre 18h et minuit, était historiquement le plus meurtrier, les chiffres de 2025 indiquent que c’est désormais l’après-midi, de 12h à 18h, qui concentre le plus grand nombre de décès, avec 10 victimes. Les premières heures de la journée, de minuit à 6h du matin, enregistrent également une hausse sensible, passant de 5 à 7 morts. Cette répartition horaire suggère la nécessité de renforcer la vigilance, notamment en milieu de journée.
Côté véhicules impliqués, la prédominance des deux-roues se confirme avec 15 accidents impliquant des motocyclistes. Les voitures particulières arrivent juste derrière avec 18 accidents, tandis que les autres types de véhicules, comme les camions, minibus ou vans, restent marginaux. Ces chiffres rappellent à quel point les motocyclistes demeurent les usagers les plus vulnérables du réseau routier mauricien.
Les jeunes adultesde 16 à 25 ans et les hommes les plus vulnérables
L’âge des victimes donne une image tristement familière. Les jeunes adultes, particulièrement ceux âgés de 16 à 25 ans, paient un lourd tribut avec 9 décès enregistrés depuis le début de l’année. La tranche des 26 à 50 ans reste la plus touchée, même si le nombre de décès est passé de 17 à 14. Chez les seniors de 60 ans et plus, on enregistre une légère baisse, de 8 à 7 décès.
Sans surprise, la répartition par genre confirme la prédominance masculine parmi les victimes : sur les 35 décès, 32 concernent des hommes, contre 3 femmes. Une constante qui s’observe d’année en année.
Au final, si le bilan présente une légère amélioration par rapport à 2024, plusieurs points de vigilance s’imposent. La recrudescence des décès parmi les piétons est particulièrement préoccupante, tout comme la vulnérabilité persistante des jeunes adultes et des usagers de deux-roues. La concentration des accidents mortels dans l’après-midi appelle également à des actions ciblées en matière de prévention.
Ces chiffres viennent conforter les recommandations récemment formulées par Jean Todt, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la sécurité routière, lors de sa visite à Maurice. Ils soulignent l’urgence d’un sursaut collectif pour inverser durablement la tendance et sauver des vies sur les routes de l’île.
Catégories de victimes : piétons et conducteurs en augmentation
Types de véhicules impliqués : les deux-roues toujours en tête
Hécatombe sur nos routes — Jean Todt à Maurice : une mobilisation totale pour la sécurité routière.
La visite de Jean Todt, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la sécurité routière, aura marqué un tournant dans la prise de conscience nationale face à l’hécatombe routière. Accueilli à l’invitation du Premier ministre Navin Ramgoolam, Jean Todt a multiplié les rencontres et plaidoyers sur l’urgence d’agir à tous les niveaux.
Sa présence à l’Assemblée nationale, mardi, n’est pas passée inaperçue. La Speaker, Shirin Aumeeruddy-Cziffra a personnellement salué sa contribution sur la question vitale de la sécurité routière, soulignant devant les parlementaires l’importance d’une mobilisation collective pour endiguer ce fléau.
Campagne mondiale pour la sécurité routière des Nations unies
Au-delà du symbole, la visite de Jean Todt s’est matérialisée par des actions concrètes. L’ancien patron de la FIA a lancé officiellement la Campagne mondiale pour la sécurité routière des Nations unies à Maurice. Des panneaux d’affichage, illustrés par les Nations unies et arborant les visages des ambassadeurs de bonne volonté tels que l’actrice Michelle Yeoh, ont été dévoilés à Bagatelle aux côtés du Premier ministre et du ministre des Transports Osman Mahomed. Cette initiative s’inscrit dans une campagne mondiale déployée dans près de 80 pays.
La journée de travail entre Navin Ramgoolam et Jean Todt, en présence des autorités concernées, a permis de passer en revue la situation alarmante à Maurice. “Il est déplorable que des personnes perdent la vie chaque année et que d’autres soient grièvement blessées ou deviennent invalides”, a martelé le PM, citant l’objectif de réduire de moitié le nombre d’accidents.
4 sur 10 pour Maurice sur l’échelle de la sécurité routière
Jean Todt a apporté un diagnostic sans détour. Maurice obtient un “4 sur 10” sur l’échelle de la sécurité routière, selon ses estimations. Il a rappelé que les accidents de la route constituent la première cause de mortalité chez les 5-29 ans à l’échelle mondiale, avec 1,2 million de morts et jusqu’à 50 millions de blessés graves chaque année. À Maurice, environ 130 personnes trouvent la mort sur les routes chaque année.
Durcissement des lois
Il a préconisé des mesures de base incontournables : port de la ceinture et du casque, abstention de l’usage du téléphone au volant, interdiction stricte de l’alcool et des drogues au volant. Mais au-delà de ces règles essentielles, Jean Todt a insisté sur la nécessité d’améliorer les infrastructures, de renforcer le contrôle de la qualité des véhicules et des pneus, d’appliquer rigoureusement la loi, et de déployer massivement des campagnes d’éducation.
Le ministre Osman Mahomed s’est engagé à ce que ces recommandations soient traduites en actions. Il a promis un durcissement des lois et un réexamen des politiques en vigueur, convaincu que la mise en œuvre des propositions de Jean Todt portera rapidement ses fruits.
Enfin, Jean Todt a salué la qualité des échanges avec les autorités mauriciennes et rappelé sa participation à la 4e Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière à Marrakech, soulignant que la lutte contre les accidents de la route est, désormais, un défi mondial prioritaire.
Les actions prises et à venir pour la sécurité routière
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