Il semblerait que la pandémie du Covid-19 ait assagi les usagers de la route à Maurice puisqu’entre 2019, la dernière année sans Covid, et 2022, où la circulation est revenue presque à la normale, la baisse amorcée des accidents fatals et de morts dans les années Covid 2020 et 2021— où il y avait moins de voitures sur les routes— se poursuit. Ainsi, on est passé de 64 accidents fatals à 42 entre 2019 et 2022, ce qui a aussi impacté sur le nombre de victimes sur nos routes, qui est lui passé de 69 à 45, soit une baisse de 35% sur la période. S’il faut se réjouir de cette bonne nouvelle, la vigilance doit rester de mise. En effet, au mois de juillet 2022, on a noté un léger rebond des accidents avec 10 occurrences qui ont fait dix morts. Avec le mois de mars 2022, juillet est actuellement le mois le plus meurtrier de l’année.
Une certaine expectative pour ne pas dire inquiétude règne avec la reprise des activités nocturnes comme les bars et les discothèques, où l’excès de boissons alcoolisées et les substances nocives peuvent influencer le comportement de certains conducteurs et entraîner des accidents aux conséquences imprévisibles. La police (voir hors texte) promet à cet effet d’être vigilante et intransigeante, car les tests d’alcoolémie vont reprendre de plus belle, de même que la détection des drogues qui est depuis quelque temps une réalité. Les usagers de la route qui conduiront hors du cadre de la loi paieront chèrement tout écart de conduite, alertent les policiers.
Léger recul des morts à moto
Au chapitre des types d’usagers de la route, les motocyclistes mènent toujours le bal des victimes mortelles depuis de longues années. C’est encore le cas pour les premiers six mois de 2022 avec 18 victimes qui représentent 40% des morts sur nos routes, contre 52% l’année dernière, où on avait dénombré le chiffre impressionnant de 57 morts, soit un mort tous les six jours. Les motocyclistes sont donc un peu plus prudents, même si dans les villes, surtout à Port-Louis, ils sont un véritable casse-tête pour les automobilistes, parce qu’ils doublent aussi bien à droite qu’à gauche, et semblent souvent surgir de nulle part. La part des motocyclistes parmi les tués sur nos routes n’a cessé de grimper depuis 2019, lorsqu’ils représentaient 31% de la mortalité (45 morts) sur nos routes, mais pendant les deux années Covid 2020-2021, on a atteint des records jamais enregistrés jusque-là avec 52 morts (39%) et un record de 57 morts en 2021, totalisant 52% des tués sur nos routes, soit plus de la moitié de tous les tués de la route. Cette année, on enregistre à mi-parcours de l’année, 18 morts, et cela représente 40% des tués, ce qui reste important.
Montée en puissance de la mortalité chez les piétons
Cette baisse relative est due à la montée en puissance du nombre de piétons qui ont perdu la vie sur nos routes depuis le début de la présente année. Ces 16 piétons qui ont perdu leur vie sur la route représentent à ce stade 35% de la totalité des mortalités sur la route, alors que lors des trois dernières années, ce taux de mortalité avoisinait les 20% (24% en 2019, 18% en 2020 et 19% en 2021). Cette hausse est inquiétante parce que les piétons sont les usagers les plus vulnérables sur nos routes, d’autant qu’ils sont pour la plupart des personnes âgées.
Hormis les motocyclistes et les piétons, tous les autres types d’usagers de la route ont été plutôt prudents puisque leur taux de mortalité est à moins de 10% pour cette première partie de l’année 2022. Parmi eux, un seul conducteur de voitures (2,2% des morts), ce qui un exploit puisqu’en 2019, ils étaient 25 représentants et 17% des tués sur la route. Certes, en 2021 on avait déjà noté un recul avec 9 chauffeurs tués et 8% du total des morts sur la route, mais on était dans une année Covid avec une circulation limitée sur une partie de l’année. À noter qu’il y a eu aussi parme les morts trois cyclistes, trois passagers de voitures et quatre passagers de motos.
Les personnes âgées les plus touchées
Lorsqu’on s’aventure dans les statistiques des groupes d’âge des victimes de la route, il semble avoir une correspondance adéquate entre le type de victimes des six premiers mois de 2022 avec les groupes d’âge correspondants. Le fait est que les deux groupes d’âge les plus touchés sont les 26-50 ans, où l’on retrouve sans doute les motocyclistes, et les 60 ans et plus, ce qui doit en grande partie correspondre aux piétons. Les jeunes, les moins de 15 ans ont été épargnés et c’est tant mieux, alors que la part des 16-25 ans a aussi drastiquement chuté en 2022, ce qui est aussi une nouvelle réjouissante. Pourvu que ça dure !
Parmi les autres caractéristiques intéressantes, il est intéressant de noter que le plus grand nombre d’accidents mortels ont lieu dans l’après-midi, c’est-à-dire entre midi et 18h avec 33% (14 cas), et en soirée avec 28% des occurrences de 18h à 0h (12 cas).
Enfin, au niveau des types de véhicules impliqués, ce sont évidemment les motocyclettes qui sont en tête de liste devant les voitures de maître et les vans, qui font toujours partie du podium. Seul les goods vehicles (de 11à 3%) sont en net recul depuis 2019.
Inspecteur Shiva Coothen (responsable de communication de la police) : « Notre stratégie semble porter ses fruits… »
La baisse des accidents fatals et des morts sur les premiers six mois de l’année est une bonne nouvelle. Quels enseignements en tirez-vous ?
La baisse pour les six premiers mois de 2022 comparé aux autres années pour la même période s’explique principalement par les différentes opérations menées par la force policière sur les axes routiers avec une accentuation des opérations quant aux drink driving et désormais au drug driving. Notre stratégie semble porter ses fruits, et les directives du commissaire de police sont que ce ne sont pas uniquement les éléments de la Traffic Branch qui sont sur le terrain, mais il y a un renforcement de la Road Traffic Act, avec la collaboration de toutes les unités de police. Si les six premiers mois de l’année voient une baisse du nombre d’accidents fatals, nous devons rester vigilants et miser sur la communication et les campagnes de sensibilisation. Dans le sillage, lors d’un séminaire, le DCP Beekhun a donné les instructions claires aux responsables de la Traffic Branch pour davantage de déploiement des éléments de ce département pour traquer les imprudents sur les routes. Les opérations seront menées en soirée aussi bien qu’en journée, car la présence policière est dissuasive et permet de contrôler les automobilistes qui n’abide pas by the law.
On a noté une légèrement remontée en juillet. Est-ce inquiétant ?
Oui. Le nombre d’accidents fatals enregistré au mois de juillet, avec rien que pour dix premiers jours une dizaine de morts est effectivement inquiétant. Certes, avec la levée des restrictions sanitaires il y a plus de gens qui sortent, mais la police est présente sur les axes habituels et effectue les contrôles, sachant qu’il y a plus de risques. Mais ce ne sont pas tant les sorties en boîtes de nuit ou autres lieux de loisirs qui favorisent les accidents de la route. Cela est principalement dû à l’imprudence des automobilistes, dont les chauffeurs de poids lourds, mais plus particulièrement les deux-roues, qui sont très vulnérables. En outre, le téléphone au volant est un véritable danger. Il y a aussi les piétons qui ne sont pas toujours vigilants. C’est pourquoi nous continuons avec nos campagnes de sensibilisation, avec l’aide des médias, pour responsabiliser les usagers de la route.
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