Sudesh Lallchand: «Il n'y aura pas de projet Metro Express si le coût est extrêmement élevé»

7 years ago - 30 March 2017, lexpress.mu
Sudesh Lallchand
Sudesh Lallchand by lexpress.mu
Tandis que la vague de contestations enfle, le leader de l’opposition Xavier-Luc Duval a axé sa Private Notice Question ce mardi 28 mars 2017 sur le Metro Express.

La question était adressée au ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha. Sudesh Lallchand, Head of Project Monitoring et Senior Counsellor du ministre, donne la réplique aux protestataires. «Il n'y aura pas de Metro Express si le coût du projet est extrêmement élevé», dit-il.

La viabilité du projet

Le système internal rate of return (viabilité) mentionné par Rama Sithanen dans son analyse, publiée dans les colonnes et sur le site de l'express, est rejeté par ce conseiller. Sudesh Lallchand prône plutôt un social rate return. Le Metro Express, précise-t-il, permettra aux employés d'être plus mobiles, ce qui signifie qu'ils pourront chercher du travail loin de leur demeure.

De plus, dit-il, le projet décongestionnera les routes. «En fin de compte, c'est l'économie du pays qui en sortira gagnante. D'ailleurs, l'industrie du transport n'est pas viable en ce moment. Elle est aidée par la subvention de Rs 2 milliards du gouvernement annuellement. S'il n'y a pas cette aide, elle aura beaucoup de mal.»

Le coût du ticket

Un ticket de métro sera pratiquement le même que celui de l'autobus entre Port-Louis et Curepipe, indique Sudesh Lallchand. À ce stade, le conseiller de Nando Bodha ne s'aventure pas à avancer un chiffre.

La raison évoquée est qu'avec l'inflation, le prix du ticket d'autobus changera quand le Metro Express entra en service en 2019. «Actuellement, il y a 600 000 voyageurs. Parmi eux, 75 % sont des employés dont les frais de transport sont encourus par le gouvernement ou leur employeur. Donc, il n'y aura que 25 % qui paieront le trajet de leur poche», explique-t-il.

L'investissement dans le projet

Alors que l'ingénieur mécanique Poorranarnenden Sungelee et Rama Sithanen estiment que le projet coûtera plus de Rs 17 milliards, Sudesh Lallchand insiste qu'il ne s'élèvera pas à Rs 50 milliards comme annoncé. «Si le projet arrive à Rs 20 milliards, l'Inde versera Rs 10 milliards. L'autre moitié, c'est nous. C'est un bon prix pour décongestionner la route», relève-t-il.

Sudesh Lallchand dément la rumeur selon laquelle les banques ne veulent pas financer les 50 % restants. Le gouvernement, maintient-il, a soumis ses recommandations aux deux soumissionnaires, Larsen and Toubro et AFCONS, en se basant sur son budget, mais s'il estime que le projet atteindra une somme astronomique, il n'y aura pas de Metro Express.

Vague de protestations

En dépit des protestations, le conseiller du ministère des Infrastructures publiques se dit confiant que le public comprendra la valeur de ce projet quand il sera en service. «Il y a eu une vague de protestations l'année dernière contre ce ministère quand il a fait ouvrir trois centres privés de fitness. Maintenant que ceux-ci sont en fonction, tout le monde est satisfait. Personne ne voudra revenir à l'ancien système», note-t-il.

Le permis EIA

Le projet Metro Express n'aura pas besoin d'une licence de l'Environmental Impact Assessment (EIA). L'amendement à la loi ayant permis cela est très critiqué. Sudesh Lallchand affirme que le constructeur aura à identifier les impacts qu'il aura sur l'environnement et dans son rapport, il devra également proposer des solutions adéquates. «S'il faut un permis EIA, la réalisation du projet prendra encore plus de temps», justifie-t-il.

L'expropriation

Le processus de l'achat des propriétés privées est vivement critiqué par les propriétaires qui s'estiment lésés. Le ministre Nando Bodha annoncera son plan de relogement jeudi.

Les employés de l'industrie du transport

«Des pourparlers sont en cours entre le gouvernement et les trois compagnies d'autobus pour qu'il n'y ait pas de licenciement», précise Sudesh Lallchand. De plus, dit-il, 7 000 emplois additionnels seront créés quand le Metro Express sera en service.

Le temps du trajet

De 45 à 50 minutes. C'est la durée du trajet entre Curepipe et Port-Louis. «Nous étudions aussi la possibilité d'introduire le fast trail.» C'est-à-dire que le métro ne s'arrêtera pas à toutes les stations entre les deux terminus.

La vitesse

«La vitesse finale sera connue bientôt. En moyenne, le Metro Express se déplacera entre 40 et 50 km/h. Il pourra aller plus vite dans certaines régions. Il est faux de dire que le métro se déplacera à 19 km/h. C'est la vitesse d'un City Tramway. Ce n'est pas notre projet», se défend le conseiller du gouvernement.

Metro Express contre Bus Lane

Un bus lane, dit-il, aura besoin de beaucoup d'espace. «Il y aura également des expropriations et l'achat de terrains. Un autobus consommera du diesel tout en contribuant à la pollution alors que lors d'un seul voyage, le Metro Express pourra prendre les passagers de cinq autobus», souligne-t-il.

«Un projet du gouvernement Lepep»

«Le projet de métro est bel et bien dans le programme du gouvernement. À la page 26 du manifeste électoral, il est écrit que le gouvernement allait revoir le projet du métro léger.» Sudesh Lallchand rejette l'argument selon lequel le gouvernement avait promis qu'il allait abandonner ce projet.

Le Front commun national envisage une grève

Porte-parole de la société civile, représentants du transport en commun tels que le United Bus Service et Rose- Hill Transport, habitants de Pailles et de La Butte, jeunes...

Le Front commun national, qui a su réunir nombre de parties prenantes du Metro Express, a tenu sa première réunion le lundi 27 mars, au centre Marie Reine de la Paix, à Port-Louis. Présidé par le syndicaliste Salim Muthy, il a pour but de décider de la stratégie à adopter par rapport au Metro Express. La plateforme envisage une grève nationale si le gouvernement refuse de donner plus de détails sur ce projet.

«Le Front commun national grandit de jour en jour», s'est réjoui le président. Selon lui, il y a un manque de visibilité et de transparence mais la plateforme ne lance pas d'ultimatum au gouvernement. «Nous lui demandons seulement de rendre publique l'étude faite sur le Metro Express», a-t-il déclaré.

Salim Muthy a aussi mis l'accent sur le coût du projet. Pourquoi le gouvernement y injecte autant d'argent alors qu'il y a d'autres problèmes, comme la distribution d'eau, le chômage et la pauvreté, se demande le Front commun national.

Le syndicaliste a également lancé un appel au gouvernement pour une rencontre dans les plus brefs délais. Au cas contraire, le Front n'aura pas d'autre choix que d'entamer une grève, soutient Salim Muthy. «Ena boukou danzé dan sa prozé-la», prévient-il.