Désormais, les consommateurs déboursent Rs 4 supplémentaires sur un litre d'essence et Rs 3 additionnelles sur le litre du diesel. Le premier carburant est aujourd'hui facturé à Rs 42,70 le litre alors que le second, à Rs 32,45 le litre.
Toutefois, c'est la structure des prix qui est surtout décriée. Le Professeur Swaley Kasenally, ancien ministre de l'Énergie, se dit interpellé par «l'énorme mur fiscal qui déforme et exagère le prix final payé par les consommateurs».
En parlant de «mur fiscal», l'ancien ministre fait surtout référence aux prélèvements sur le prix de l'essence et du diesel, comme les droits d'accise, les contributions au programme Maurice île durable, au Build Mauritius Fund et à la Road Development Authority, ainsi qu'aux subventions sur le gaz ménager, la farine et le riz et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) (Voir tableau).
Ces ponctions totalisent Rs 25,22 sur le litre d'essence. Ce qui équivaut à un ratio de 153 %. Et Rs 16,28 sur le litre de diesel. Soit un ratio de 104 %.
«Ces prélèvements fixes sur le carburant ont rapporté Rs 14 milliards à l'État en 2016. C'est-à-dire, Rs 6 milliards sur les 250 millions de litres d'essence importés et Rs 8 milliards sur les 500 millions de litres de diesel importés», révèle le Professeur Swaley Kasenally.
Ce qui, pour lui, est «inadmissible» puisque de telles taxes ne peuvent être imposées sur un item comme le carburant qui, dit-il, n'est pas un produit de luxe, à l'instar d'un bijou. Le carburant est plutôt un produit essentiel qui fait tourner l'économie. C'est la raison pour laquelle le Professeur Swaley Kasenally réclame une révision de la structure de prix. Il propose l'introduction d'un item unitaire d'impôts plus transparent qui englobera les dépenses.
L'express a vainement tenté d'avoir une réaction du directeur de la State Trading Corporation, Rajanah Dhaliah. Il est en déplacement à l'étranger.
La compétitivité du secteur textile file un mauvais coton
Il n'y a pas que le porte-monnaie des automobilistes qui souffre suivant la majoration du prix des carburants. Les économistes s'accordent à dire que même le secteur manufacturier est négativement impacté. Une information que confirment ceux qui évoluent dans le domaine du textile. Selon eux, outre le fait d'affecter la production, cela devrait aussi avoir un effet sur leur compétitivité sur le marché de l'exportation.
«C'est évident qu'une hausse du prix des carburants, surtout du heavy fuel oil, nous affectera, car cela fait partie de nos coûts de production et de transport», explique une source à Star Knitwear Ltd. Selon elle, la fluctuation du taux de change affecte déjà leurs revenus sur l'exportation, «Ce sera comme un deuxième fardeau.»
Même son de cloche du côté de CIEL Textile. «L'augmentation du prix des carburants affectera notre compétitivité comparativement aux entreprises qui n'utilisent pas de fioul. Cela affectera inévitablement le coût du produit final.» Et ce qui inquiète encore plus, c'est que la baisse de la compétitivité pourrait entraîner une baisse des commandes.
La State Trading Corporation (STC) explique toutefois que le heavy fuel oil n'est pas concerné par le Price Stabilisation Account. De ce fait, l'augmentation des prix se fait graduellement. Et d'ailleurs, «pour le heavy fuel oil, le prix change souvent», dit-on à la STC.
Les camionneurs se mobilisent
La hausse du prix de l'essence et celui du diesel est contestée par l'association des camionneurs de l'île Maurice. Ahmed Soobraty, un des membres en vue de l'association, soutient que l'augmentation de Rs 3,85 sur le litre de l'essence et de Rs 2,95 sur celui du diesel, est susceptible d'entraîner la mort des camionneurs. «Nous avons déjà beaucoup de compétitions dans ce secteur et nos coûts d'opération ne cessent d'augmenter. Le ministère de l'Industrie et du commerce aurait dû nous consulter avant d'appliquer une telle hausse que nous considérons comme un véritable coup de massue sur notre tête», déclare-t-il à l'express. Il affirme que les camionneurs vont se réunir la semaine prochaine pour protester contre cette hausse. Selon Ahmed Soobraty, le gouvernement devrait proposer une formule pour amortir la hausse du prix des carburants. Il rappelle que les compagnies d'autobus peuvent le faire car elles perçoivent des subventions sur l'achat des carburants.