Transport: Vers un contrôle accru des autobus grâce à un GPS

1 month, 1 week ago - 13 February 2025, lexpress.mu
Mauritius buses, illustration
Mauritius buses, illustration
Le ministre des Transports terrestres, Osman Mahomed, l’a annoncé au Parlement : dans un avenir proche, tous les autobus devront obligatoirement être équipés d’un système de géolocalisation (GPS).

Ce dispositif permettra à la National Land Transport Authority (NLTA) de surveiller leurs déplacements et d’obtenir des données précises sur les trajets effectués quotidiennement. Une mesure globalement bien accueillie mais qui soulève néanmoins certaines interrogations.

C’est suite aux plaintes du conseiller de village de Saint-Hubert, Nitin Jeeha, que des irrégularités ont été mises au jour. En réponse à une question à l’Assemblée nationale, le ministre de tutelle a révélé qu’en décembre 2024, la NLTA avait effectué un paiement intégral à tous les opérateurs des lignes 87 et 11, desservant notamment Saint-Hubert, Saint-Hilaire, Mahébourg et Curepipe. «Conformément aux déclarations de la société coopérative, ces paiements ont été effectuésmalgré l’absence de deux autobus pendant trois jours sur une période de sept jours, période ayant fait l’objet d’une vérification approfondie. De plus, la totalité de la subvention pour le diesel a été versée à tous les opérateurs», a précisé le ministre Mahomed.

Ainsi, la NLTA a déboursé un excédent de Rs 9 405 pour les voyages gratuits et Rs 3 885 de subventions pour le diesel. «Ces montants peuvent sembler minimes, à première vue, mais l’examen n’a porté que sur deux autobus problématiques durant une semaine, dont trois jours d’absence pour lesquels des réclamations frauduleuses ont été soumises et entièrement payées. Or, plus de 800 opérateurs individuels, regroupés en sociétés coopératives, fonctionnent sous ce même système de paiement depuis 20 ans. Cela pose donc de sérieuses questions sur l’ampleur réelle du phénomène», a souligné le ministre Mahomed.

Face à cette situation, il a annoncé la mise en place d’un système de gestion de flotte, qui imposera l’installation d’un GPS sur tous les autobus. Ces dispositifs seront connectés à une salle de contrôle située à la NLTA. «Ce système fournira des données en temps réel sur le nombre d’autobus en circulation, ainsi que sur les trajets effectués. Il devrait entrer en service au cours de cette année, si tout se déroule comme prévu.»

Pour plus de transparence

L’annonce de l’installation obligatoire d’un système GPS sur les autobus n’a pas tardé à susciter des réactions dans le secteur. Anil Seeburrun, président de la Flacq Bus Owners’ Cooperative Society Limited, salue cette initiative du ministère des Transports terrestres. «Cela fait déjà quelque temps que nous y pensons. Ce système sera bénéfique. Il permettra de savoir où se trouve réellement l’autobus, et les passagers pourront ainsi connaîtrel’heure exacte d’arrivée aux arrêts. De plus, avec la gratuité du transport public, promesse du gouvernement, ce dispositif offrira un meilleur contrôle sur les bus en circulation. Trop souvent, nous recevons des plaintes selon lesquelles certains propriétaires sont payés pour leurs services mais leurs autobus ne sont pas présents aux gares. Cela va changer la donne.»

Toutefois, Alain Kistnen, secrétaire de l’Union of Bus Industry Workers, estime que cette décision pourrait être une arme à double tranchant. «Il est normal que les passagers aient accès aux horaires des bus. Mais cela ne risque-t-il pas de créer une compétition féroce sur les routes ? Les opérateurs pourraient se livrer à une course pour attirer un maximum de passagers», dit-il, inquiet. Selon lui, une réflexion est nécessaire pour éviter que les compagnies de bus ne considèrent le système GPS comme un manque à gagner. «Il ne faudrait pas que cette mesure provoque des tensions entre opérateurs», prévient-il.

Il demande ainsi au ministre des Transports terrestres de fournir des garanties aux opérateurs, notamment aux propriétaires d’autobus individuels, qui ont souvent tendance à établir leurs propres règles.