5064. C’est le nombre d’accidents de la route enregistrés en 2021 au 31 octobre, alors que durant toute l’année 2020, le bureau national des statistiques avait recensé 6636 « affaires». Des chiffres à prendre avec des pincettes, toutefois, dans la mesure où les arrangements à l’amiable entre usagers, qui ont considérablement augmenté ces cinq dernières années, ne sont pas pris en compte dans les statistiques.
Un bilan s’inscrivant en outre dans un contexte de trafic routier en baisse compte tenu des restrictions relatives à la pandémie. A contrario, le nombre total de morts sur la route en 2021 a déjà été dévoilé : 108 victimes contre 131 en 2020. Ce qui équivaut à une baisse de 17,6%. À titre de comparaison, 157 personnes avaient péri sur la route en 2017. Sur les 108 personnes décédées en 2021, les catégories des usagers les plus vulnérables ont été les motocyclistes avec un total de 64 morts, contre 62 en 2020. Le pourcentage de décès lié aux conducteurs de voitures et de vans baisse de 10% entre 2020 et 2021 avec un total respectif de 19 et 9 victimes.
« Le coût économique associé aux accidents de la route est estimé à Rs 6 milliards par an. Nous changeons les lois pour que les sentences soient plus dures. Malgré tout cela, il y a toujours autant d’accidents de la route », avait souligné le ministre du Transport routier, Alan Ganoo, en novembre dernier, lors d’une cérémonie de dépôt de gerbes devant la stèle en souvenir des victimes de l’accident survenu le 3 mai 2013 à Sorèze. Lors des six premiers mois de l’année 2021, les autorités avaient alors enregistré 2738 accidents et 53 morts sur nos routes. Les derniers chiffres révèlent que le nombre d’accidents au 31 octobre 2021 est passé à 5,064 en l’espace de quatre mois. La moitié des cas concernaient des motocyclistes. Il ne s’agit pas de tirer de conclusions hâtives en prévision des chiffres qui seront dévoilés bientot pour les mois de novembre et décembre, mais tout semble indiquer que le total des accidents pour toute l’année 2021 dépassera celui enregistré en 2020 (6636).
Des chiffres qui demeurent, toutefois, bien en deçà des statistiques rendues publiques entre 2005 et 2019 qui oscillaient entre 20000 et 29000 accidents annuellement. En atteste le bilan de 29627 «affaires» pour l’année 2017. D’aucuns diront que le caractère exceptionnel de cette baisse est à relativiser en raison du contexte de crise sanitaire ayant entraîné des mesures de restriction de déplacements avec des effets massifs sur le trafic routier. Mais deux autres facteurs expliquent en réalité cette grande disparité, à en croire les Casernes centrales.
36726 contraventions pour excès de vitesse
D’une part, le fait que les arrangements à l’amiable, compromis idéal entre deux usagers de la route impliqués dans un accident léger, ne sont pas comptabilisés dans les statistiques et, d’autre part, l’éventualité que les amendements apportés à la Road Traffic Act basés sur des amendes et des mesures sévères ait refroidi les ardeurs d’un grand nombre d’usagers.
Sauf que les facteurs de risque existent toujours et certains usagers ont tendance à se dire que cela n’arrive qu’aux autres en mettant ainsi en péril la vie d’autrui. Parmi les délits majeurs, on retrouve l’excès de vitesse qui contribue fortement à l’aggravation des accidents de la route. En 2021(au 30 novembre), 36726 contraventions ont été servies pour ce type d’infraction. Nombre lié à la conduite dangereuse qui interpelle. Ce délit signifie qu’un usager conduit de façon téméraire en exposant les autres à un risque inacceptable, à l’instar des dépassements hasardeux. Il est passé de 93 infractions en 2020 à 170 en 2021. De nombreux Mauriciens mettent encore leur vie et celle des autres en danger en conduisant sous les effets de l’alcool, même si de nombreux efforts ont été déployés pour contrer le fléau. L’année dernière, 1106 contraventions ont été dressées pour ce type de délits contre 1621 en 2020. Ce n’augure rien de bon en marge de l’assouplissement total des restrictions et la réouverture de la night life.
Des comportements à l’origine d’accidents fatals dont les statistiques pour toute l’année 2021 sont disponibles. Selon la méthode de compilation, un accident est considéré comme fatal si la personne accidentée décède dans les 30 jours après l’accident. Les 104 cas d’accident fatal répertoriés par la police en 2021, qui surviennent principalement entre 18h et minuit, ont par ailleurs fait 108 morts. Le nombre de personnes décédées sur les routes n’avait jamais été aussi bas au cours de ces deux dernières décennies qu’en 2021. En réalité, la mortalité routière avait atteint son niveau le moins élevé en 2002 avec 131 victimes, soit le même total qu’en 2020.
Les 26-50 ans plus vulnérables
Les motocyclistes et leurs passagers restent encore les plus à risque avec 64 personnes qui y ont laissé la vie en 2021, soit 59% des victimes, parmi lesquelles figurent quatre femmes dont une seule pilotait le deux-roues motorisé. En second lieu, nous retrouvons les piétons avec un total de 21 décès (14 hommes et 7 femmes) contre 24 en 2020. Du côté des conducteurs de voitures et vans, le nombre est de 9 décès (une femme), alors qu’en 2020 le chiffre était de 19. Dans ces types de véhicules, 10 passagers sont décédés en 2021 contre 18 en 2020. Les trois victimes restantes concernent des cyclistes. Notons que trois personnes n’ayant pas la nationalité mauricienne sont décédées dans des accidents de la route, l’année dernière.
En 2021, les tranches d’âge en sur-risque sont toujours les 26-50 ans avec 47 morts contre 64 en 2020 (-17%) et les 16-25 ans avec un total de 30 décès, soit quatre de plus qu’en 2020. À l’autre extrême de la pyramide des âges, nous retrouvons les seniors de plus de 60 ans avec 23 décès contre 24 en 2020 et les jeunes de moins de 15 ans qui ne peuvent pas vraiment être comparés aux autres. Étant bien moins nombreux à conduire un engin motorisé, ils sont souvent victimes en tant que passagers.
Concernant le nombre de véhicules impliqués dans lesdits accidents, on en dénombrait 160 en 2021 avec les deux-roues motorisés arrivant largement en tête avec 58 cas contre 56 en 2020, suivi des voitures avec 46 implications, soit 12 en moins qu’en 2020. Si le métro, désormais inclus dans les statistiques, a été impliqué dans un accident mortel en 2020 (à Beau-Bassin), il n’a enregistré aucun accident majeur l’année dernière.
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