Augmentation Du Prix Du Carburant : La STC N’a Pas Le Choix, Mobilisation Populaire Pour Une Baisse Immédiate

il y a 1 année, 11 mois - 20 Mai 2022, Le Matinal
Augmentation Du Prix Du Carburant : La STC N’a Pas Le Choix, Mobilisation Populaire Pour Une Baisse Immédiate
Les voix se font entendre de tous parts, et divers moyens de pressions sont déjà annoncés. Avec l’essence qui coute Rs 74,10, et Rs 54,50 le diesel, une première dans toute l’histoire à Maurice, il était prévisible que l’Opposition et les militants contre la cherté de la vie n’allaient pas rester tranquilles.

Linion Pep Morisien appelle à un Fuel Strike, une grève de carburants pour ce lundi 22 mai et l’Association des Consommateurs de l’Ile Maurice (ACIM) annonce la tenue d’un rallye de protestation le 28 mai.

Justifications et Explications
Selon le communiqué de la STC du 18 mai, sans la limite de 10% imposée par la Regulation 8 of the Consumer Protection (Control of Price of Petroleum Products) Regulations 2011 sur cette dernière majoration, l’essence devait couter Rs76, 47 (soit Rs 9,07 représentant une hausse par 13, 46%) et le diesel Rs 69,11 (soit Rs 19,51 représentant une hausse par 39,33%).

La justification du directeur général de la State Trading Corporation au journal télévisé du mercredi se résument en ces mots. « Nous n’avions pas le choix ! A chaque fois qu’un navire vient livrer des produits pétroliers dans le port, la STC subit des pertes de Rs 350 à Rs 400 millions. Il était nécessaire de limiter les pertes. Le problème est réel sur le marché mondial, les prix des produits pétroliers ne cessent d’augmenter… ” a-t-il déclaré.

Les explications du Ministre du Commerce intérimaire, Sunil Bholah ne se diffèrent pas autant des justifications du DG de la STC, « Le gouvernement est impuissant et ne peut pas faire autrement… ce sont les conséquences de l’invasion de l’Ukraine, qui a un impact sur le prix du baril du pétrole. Le baril était affiché à $113 au mercredi 18 mai. Nous subissons les conséquences de cette hausse du prix du pétrole sur le marché international »

L’Opposition ne se passe pas de commentaires
Arvin Boolell est directe, « Le peuple subit les mauvaises décisions politiques », et cite au passage les contrats résiliés avec Betamax et Mangalore Refineries en Inde. Le chef de file du PTr est d’avis que le gouvernement au pouvoir n’a aucune vision. « Il ne sait pas quelle décision prendre, surtout dans une période difficile afin de relancer l’économie. C’est un coup de massue inacceptable. Il semble que le gouvernement s’est auto condamné »

Pour Nando Bodha, leader du Rassemblement Morisien et membre de la Plateforme l‘Espoir, « une bonne moitié de ce nouveau prix représente les taxes pétrolières imposées par le gouvernement. Ce prix va certainement être revue à la baisse dans le prochain budget ».

Dev Sunassy de Linion Pep Morisien réclame « la baisse des différentes taxes sur les produits pétroliers. Des manifestations sont à venir ». Initialement, la prochaine manifestation allait être sur l’abolition du port de masque en Outdoor. La nouvelle hausse des prix des carburants rentre ainsi sur son agenda.

Réactions à chaud et Actions à venir
Ce jeudi 19 mai, Linion Pep Morisien a manifesté devant les locaux du PMO à Port Louis. Mené par Bruneau Laurette, l’activiste accusait publiquement le ‘Chess Game’ du gouvernement, en faisant état que le gouvernement a expressément majoré le prix des carburants pour baisser les prix lors du prochain budget. Il a ainsi annoncé son Fuel Strike pour le lundi 22 mai. « Comme l’alcotest se fait anytime, anywhere et anyplace, nous allons demander aux automobilistes d’éteindre leurs moteurs anytime, anywhere et anyplace. De ce fait, je vais tester la fiabilité sur la route de St Jean, la route que prend Pravind Jugnauth. Le gouvernement prend les Mauriciens pour des guichets automatiques. Il n’est pas normal que nous payons l’essence aussi cher et que des Ministres vont s’amuser à Dubai! » Il a, par la même occasion, fait un appel à l’Opposition de se manifester car « leur Fuel Allowance est aussi payé par l’Etat, donc l’argent publique ». Bruneau Laurette a fait comprendre que cette opération escargot doit se faire dans plusieurs régions et conseille aux automobilistes de laisser leurs voitures chez eux, de ne plus faire de plein et d’utiliser les transports en commun pour se rendre sur leurs lieux de travail, quitte à être en retard, une action, qui selon lui, n’est pas pénalisable en situation de « cause nationale. » Les patrons ne payent pas pour voyager par métro. « Voyagez que par les autobus », appelant ainsi à un boycott des services du Metro Express. Il a, toutefois, fait ressortir que cette grève des carburants n’est pas contre les propriétaires des stations-service et les demande de se montrer solidaire dans cette grève. « L’augmentation ne bénéficie pas aux stations-services mais au gouvernement. Cette mobilisation est pour faire changer les choses. Si les stations de service ferment pour deux ou trois jours, nous allons voir si les choses ne changeront pas ! » a-t-il estimé Pour sa part, Raouf Khodabaccus qualifie cette hausse de «sauvage. Je fais un appel à la police de se ranger aux côtés des citoyens et pas du côté de ce gouvernement vampire ».

Jayen Chellum, le secrétaire général de l’ACIM, a dénoncé lors d’une conférence de presse ce jeudi, les « taxes exorbitantes » sur les carburants et d’autres solutions que le Ministre des finances aurait pu considérer, telles que les augmentations des taxes sur les entreprises ayant fait de gros profits pendant la période pandémique. Dans cette souffrance, il demande aux ONGs et les différents fronts syndicaux de joindre dans son rallye annoncé pour le 28 mai prochain. Par ailleurs, Jayen Chellum est toujours en train de mener le combat pour faire approuver plus de 50 voitures lors des rallyes. Pour rappel, cette imposition du Commissaire de Police lui avait contraint à annuler son rallye contre la cherté de la vie au 30 avril dernier. Il estime que « cette décision ne peut tenir puisque des milliers de véhicules circulent les rues de la capitale au quotidien et sans restriction. Prenant en compte cette imposition, les véhicules auraient dû circuler par nombre de 50 », fait-il ressortir dans son contraste.