Conditions de service : la politique de révision salariale, frein incontournable pour les bus

il y a 9 mois, 3 semaines - 22 Février 2024, Le Mauricien
Conditions de service : la politique de révision salariale, frein incontournable pour les bus
Les récentes décisions du gouvernement, avec la révision du salaire minimum et la compensation salariale de Rs 1 500 à Rs 2 000 pèsent lourd dans les coûts d’opération des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et l’ensemble des entreprises du pays. Le secteur du transport public n’est pas épargné.

La compagnie Rose-Hill Transport révèle que cette hausse des salaires fait grimper ses coûts de Rs 1,1 million par mois, cet opérateur comptant environ 250 employés. Pour les autres opérateurs d’autobus, notamment ceux ayant un plus gros volume d’employés, comme la Compagnie nationale de Transport (1 800 employés) ou encore l’United Bus Service (1 200 employés), la pilule est encore plus dure à avaler, la facture étant beaucoup plus salée, et l’augmentation mensuelle des coûts se compte en millions.

Dans le secteur, les opérateurs ne cachent pas leurs inquiétudes. D’ailleurs, la Bus Owners Association aurait déjà fait part aux autorités des difficultés rencontrées pour absorber cette hausse subite et massive des coûts salariaux. Jusqu’ici, un appel à l’aide apparemment resté sans réponse.

« Nous comprenons qu’il faut aider les employés face à la baisse du pouvoir d’achat, mais pour nous c’est un sacré coup dur, d’autant que le soutien qui sera offert par la Mauritius Revenue Authority ne sera pas accessible pour nous », fait comprendre un opérateur.

Le gouvernement a décidé d’accorder une aide financière aux entreprises pour le paiement de ces deux items, mais les critères ne s’appliqueraient pas aux compagnies d’autobus, car cette aide cible surtout les entreprises manufacturières, les PME et les ONG.

« Nous sommes face à un énorme problème de trésorerie car dans notre industrie, tout est contrôlé par l’État. Nous souhaitons une attention particulière du gouvernement. Entre-temps, dans le court terme, notre trésorerie est en danger. Sans intervention, nous ne pourrons rien faire. C’est urgent que l’État intervienne ! » ajoute-t-il.

Par ailleurs, le transport public attend toujours la réforme promise et fait face à une pénurie de main-d’œuvre. Des opérateurs envisagent même le recours à la main-d’œuvre étrangère. « Tous les jours, une partie des autobus doivent rester au dépôt, par manque de personnel », souligne-t-on dans certains milieux.

La santé économique de ce secteur essentiel s’est précarisée ces dernières années, notamment avec la concurrence du Metro-Express. La circulation de plus en plus dense dans les centres-villes affecte également les opérations du transport en commun.

Engagé dans le transport public, les investissements et la technologie, le groupe RHT Holding explique, dans son dernier bilan financier, que face à cette forte hausse de coût de la masse salariale, il se verra contraint d’effectuer des réajustements, soulignant que « management is working on strategies to mitigate its impact », sans en dire davantage. Le groupe RHT Holding a essuyé des pertes trimestrielles de Rs 10 millions au 31 décembre 2023.

De son côté, la compagnie UBS enregistre une baisse de rentabilité pour le semestre clos au 31 décembre 2023. Ses bénéfices atteignent Rs 318 millions, comparés à Rs 600 millions (2022), soit une baisse de 88,6%. Au semestre clos le 31 décembre dernier, UBS a brassé un chiffre d’affaires en nette baisse à Rs 674 millions, comparé à Rs 1,1 milliard en 2022.