Dans la conjoncture actuelle, avec les élections générales anticipées à venir, la crise dans le secteur du transport en commun fait l’objet d’un intérêt accru sur l’échiquier politique. De nouveaux développements à cet effet sont intervenus pendant la semaine écoulée avec des émissaires de la nouvelle alliance MMM/PTr ainsi que le leader du MSM établissant une ligne de communication avec les dirigeants syndicaux de la Union of Bus Industry Workers (UBIW) et de la General Workers Federation (GWF). L’objectif principal de cette intervention politique après plusieurs semaines de tension dans cette industrie est de désamorcer cette menace d’une grève générale avec comme toile de fonds des dissensions au sujet de la grille salariale recommandée par le National Remuneration Board à l’intention des travailleurs.
Les turbulences dans l’industrie du transport en commun ont pris de manière informelle une dimension politique depuis ces derniers jours avec des échanges successifs entre des personnalités politiques et les principaux dirigeants du tandem UBIW/GWF. D’abord, le parlementaire et membre du Bureau politique mauve, Steven Obeegadoo, a été mandaté par son leader Paul Bérenger pour initier des contacts avec les syndicalistes en vue de recueillir des informations supplémentaires au sujet des nouveaux développements entourant la crise en vigueur dans ce secteur. Les indications de sources syndicales sont que subséquemment, les leaders de la nouvelle alliance mauve/rouge, Paul Bérenger pour le MMM et Navin Ramgoolam pour le PTr, ont eu des discussions à cet effet lors de leurs tête-à-tête. De son côté, Pravind Jugnauth, leader du MSM et fraîchement nommé chef de l’opposition après la démission de Paul Bérenger, s’est entretenu avec la UBIW et la GWF à plusieurs reprises pendant la semaine écoulée sur ce même dossier.
Même si ces interventions politiques semblent donner une lueur d’espoir aux syndicalistes quant à un dénouement positif dans cette crise industrielle, la campagne féroce sur le terrain ne connaît aucune interruption. Après les employés des compagnies d’autobus, ce fut au tour des travailleurs des autobus individuels, affectés à la gare routière Victoria et celle de l’Immigration à Port-Louis, de passer au vote ces derniers jours pour décider du sort d’une grève générale. Les résultats sont révélateurs à plus d’un titre avec 100 % des travailleurs votants se prononçant en faveur d’une action industrielle d’envergure. Les votes pour les employés des autobus individuels se poursuivront ainsi dans le courant de cette semaine sur les autres gares routières, dont Flacq, Curepipe et Mahébourg.
RHT : les employés chantent victoire
Le sort d’une grève générale, en vue d’accentuer la pression pour l’application de l’augmentation salariale du NRB de 7 à 34 %, devrait être définitivement scellé vers la fin de septembre lors d’une assemblée des délégués syndicaux. Selon le calendrier prévu par la UBIW et la GWF, cette grève tant évoquée devrait se tenir dans la première quinzaine d’octobre si la situation ne connaît aucun développement positif d’ici là. Mais dans le camp des syndicalistes, l’on affiche la volonté de mener de nouvelles discussions avec le gouvernement en vue d’éviter le dernier recours qui est la grève générale. Les syndicalistes ont fait comprendre qu’ils souhaitent faire preuve de bonne volonté et sont disposés à soumettre des contre-propositions au gouvernement à condition que celles-ci représentent une avancée pour les travailleurs.
Par ailleurs, la tension, palpable depuis la semaine dernière à la compagnie d’autobus Rose-Hill Transport, à la suite de menace de grèves de la part des travailleurs, s’est nettement apaisée. Les employés chantent même victoire après que quatre employés qui ont opposé un refus d’obtempérer au contrôle des recettes furent réintégrés à leurs postes au sein de la compagnie. Dans un communiqué en cette fin de semaine, la direction de RHT Bus Services Ltd donne la chronologie des faits en indiquant tout d’abord que le 3 septembre dernier, ces quatre travailleurs avaient refusé de se soumettre au Cash Count Audit qui leur était demandé. Une enquête interne a été alors initiée à cet effet et les quatre employés ont été suspendus, avec rémunération, en attendant les conclusions de l’investigation. “Cette suspension a été prise par la direction de RHT Bus Services Ltd dans le respect total des lois du travail. Sur la base des résultats de l’enquête interne menée, la compagnie a convoqué, le 19 septembre, un comité disciplinaire présidé par une personne indépendante qui a offert la possibilité à ces quatre employés de présenter leur version des faits”, ajoute la société dans le communiqué.
Sur la base des recommandations du comité, la compagnie d’autobus a pris la décision de réintégrer les quatre employés après leur avoir remis une lettre d’avertissement. Cette décision, explique le communiqué, est principalement motivée par la bonne conduite et la discipline dont ont fait preuve la plupart de ces employés durant leurs longues années de service. Tout en confirmant que le système de cash count audit sera maintenu, la compagnie de transport en commun affirme que “de nouvelles discussions seront engagées auprès de son Employee Forum afin d’améliorer le mode opératoire de ces contrôles de recettes, qui, au même titre que les caméras installées dans les autobus et la checklist technique, assurent aux employés de RHT Bus Services et à leurs passagers un niveau de service et de sécurité en ligne avec la certification ISO 9001:2008 de la compagnie”. De son côté, la UBIW, défendant l’intérêt des travailleurs de RHT, affirme dans une déclaration à Week-End qu’elle prendra des actions appropriées dans les jours à venir pour contester l’installation de ce système de caméras de surveillance dans les autobus.
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