Deux Ans Après: Ils Ont Pris Leur Courage à Deux Mains pour Revenir à Sorèze

il y a 9 années, 7 mois - 4 Mai 2015, lexpress.mu
Deux Ans Après: Ils Ont Pris Leur Courage à Deux Mains pour Revenir à Sorèze
A Sorèze, ce dimanche 3 mai, la stèle érigée en mémoire des victimes du grave accident survenu en ces lieux accueille de nombreux bouquets et fleurs. Cela fait deux ans jour pour jour que 10 personnes ont péri après le dérapage d’un autobus de la CNT.

Et ils sont nombreux depuis ce matin à se rendre près de ce virage fatal pour leur rendre hommage. Parmi: Sabrina Raghoonundon, qui était alors une passagère à bord de la Blue Line de la CNT.

C’était le 3 mai 2013. Et elle s’en souvient comme si c’était hier. «Tout est encore frais dans ma mémoire. Cela m’a pris beaucoup de courage pour pouvoir retourner sur les lieux aujourd’hui», raconte Sabrina Raghoonundon, visiblement sous le coup de l’émotion. «Pour moi, le chauffeur est un héros», déclare-t-elle.

L’année dernière, elle n’avait pas osé revenir à Sorèze. «J’étais toujours très traumatisée», confie-t-elle.

Sa force, elle l’a trouvée auprès de la famille, des collègues et amis. Et ce dimanche, elle a voulu participer à cette cérémonie de commémoration organisée par le mouvement Rassemblement pour l’unité.

C’est là un tout premier pas qu’elle a pu faire. Mais son quotidien est encore marqué par cet événement tragique: elle ne peut toujours pas prendre le volant et suit même des traitements chez un psychologue ainsi que chez un psychiatre. «Je ne peux même pas entendre parler d’accidents. Cela me perturbe au point de me faire perdre le sommeil», confie cette employée au casino de Port-Louis.

Des grands parents meurtris

Le couple Geerdhary n’est toujours pas remis de la double perte dans sa famille. Satiawan et Pratima, âgés de 69 et 63 ans, ont perdu leur fille Priya et gendre Sanjay lors de cet accident. Deux ans plus tard, eux, veulent surtout que le gouvernement fasse désormais le nécessaire pour les dédommager.

«On doit faire l’avenir de notre petite-fille âgée 13 ans. Qu’est-ce qu’on pourra bien faire pour elle avec notre maigre pension de vieillesse ?», se demande Pratima.

Pour eux, il ne faut pas tout mettre sur le dos du chauffeur de l’autobus ce jour-là. «C’est vrai qu’il nous est arrivé un malheur. Mais on ne peut pas faire le chauffeur endosser la responsabilité. On n’a pas le droit de mettre sur la route un autobus défectueux», lâche le retraité qui a exercé comme chauffeur de taxi pendant 40 ans.

Recueillis en association

Après cet accident, plusieurs victimes et proches se sont regroupés en une association: le Memorial in Remembrance of Victims of Soreze Accident. C’est d’ailleurs grâce à sa contribution ainsi que celle de la mairie de Port-Louis qu’une stèle a été érigée à Sorèze.

Rana Ramdaursingh, le secrétaire de cette association se dit satisfait car désormais les proches ont un endroit où se recueillir. «Pour le premier anniversaire, on n’avait pas un place pour se recueillir. Maintenant, c’est chose faite. Au niveau de l’association Memorial in Remembrance of Victims of Sorèze Accident, on compte maintenir la stèle en bon état et s’assurer qu’elle soit toujours propre», souligne Rana Ramdaursingh.

L’association veut aussi venir en aide à une dizaine de proches des victimes de cet accident. Et elle compte aussi s’attaquer à l’éclairage du mémorial ainsi que la mise sur pied d’un «Road Guard», pour signaler la présence de cette stèle près de l’autoroute et mettre en garde les automobilistes.

Entre-temps, Rana Ramdaursingh n’a pas oublié sa propre perte : il a perdu sa femme Chitra dans cet accident. «L’enquête suit son cours, certes. A titre personnel, on a entamé des poursuites légales. Attendons voir», affirme-t-il.