Enquête sur le Wakashio - Jean-Yves Chavrimootoo: «La MPA a menti…»

il y a 3 années, 6 mois - 31 Mai 2021, lexpress.mu
Enquête sur le Wakashio - Jean-Yves Chavrimootoo: «La MPA a menti…»
Le négociateur syndical du port, Jean-Yves Chavrimootoo, a apporté son témoignage hier, à la cour d’investigation qui tente de faire la lumière sur les circonstances de l’échouement du MV Wakashio, le 25 juillet 2020. Selon lui, un personnel qualifié se trouve à bord des remorqueurs de la Mauritius Ports Authority (MPA).

«Ils sont formés pour un sauvetage en pleine mer.» Il répondait à une question de l’Assistant Solicitor General, Rajkumar Baungally. «Ont-ils déja pris part à une opération de sauvetage ?» s’est enquis ce dernier. 

Le syndicaliste du MPAMAOSU explique que des remorqueurs ont été dépêchés à Poudre-d’Or, lors du naufrage du MV Angel en 2011. Le Sir Edouard participait à l’opération. «Le MV Angel venait de s’échouer. Il a fallu l’intervention des tugs de la MPA pour stabiliser le navire en le maintenant de façon perpendiculaire avec le récif pendant trois jours pour l’empêcher de se cogner au récif.» De plus, le vraquier faisait 250 m de long et avait une importante cargaison de riz. Du coup, fait-il ressortir, il fallait procéder de la même façon avec le MV Wakashio. «Dès le premier jour, il fallait tenir le navire à 90 degrés, le stabiliser pour qu’il ne se cogne pas contre les récifs, empêcher la rupture de la coque.» 

Il cite une autre opération où le Sir Edouard avec une traction (bollard pull) de 70 tonnes avait fait ses preuves, celui du porte-conteneurs MV Markella qui avait perdu son ancre à Baie-du-Tombeau. «Le navire transportait du bois de rose à Maurice. Il a dérivé à plus de 20 milles nautiques au Morne et il a été remorqué à Port-Louis. Encore une fois, c’est le tug de la MPA qui l’a ramené. La MPA a menti quand elle dit qu’il n’y a pas de compétences.» Il affirme qu’au moment du naufrage du MV Wakashio, un seul remorqueur, le Sir Edouard, était au port et cite dans la foulée un rapport de Keen Marine, sur le Sir Edouard : «Although the tug has some technical restrictions for pilotage use, yet it is an ideal one for salvage operation.» 

Par ailleurs, Jean-Yves Chavrimootoo n’a pas manqué d’égratigner le directeur du Shipping, Alain Donat. Il est aussi faux de dire que les autorités ne peuvent pas arraisonner le navire selon la loi internationale. «Quand c’est dans les eaux territoriales, elles ont le droit. Les autorités sont bel et bien montées à bord du Kha Yang à St Brandon (NdlR : le chalutier s’est échoué sur les récifs en 2015).» 

Un peu plus tôt, le capitaine Premananda Ponambullum, ex-Port Master à la MPA, a déposé devant le président Abdurafeek Hamuth et ses assesseurs, Jean Mario Geneviève, Marine Engineer, et Johnny Lam Kai Leung, Marine Surveyor. Il a pris sa retraite en 2012 en tant que directeur adjoint du port. Dans son intervention, il a affirmé que la première chose était de protéger l’environnement d’une éventuelle marée noire, d’envoyer des équipes formées à bord, de pomper le fioul et de le ramener à terre. 

«Nous avons vu l’hélitreuillage lors du pompage. Cette opération a eu lieu trop tard.» Selon lui, il doit y avoir 450-500 m de booms actuellement. À une question de Jean Mario Geneviève sur les harbour tugs et s’ils avaient la capacité de stabiliser la poupe du MV Wakashio, l’ancien capitaine explique que, sans compromettre les activités portuaires, il aurait fermé le port pour deux jours s’il n’y avait pas d’opérations de cargo. «On aurait pu essayer dès le lendemain de tenter de libérer le navire, avec la marée montante.» 

Les travaux reprennent lundi avec la déposition des policiers, le CI Parmanand de la NCG de Mahebourg et l’inspecteur Mungroo, de l’Ops Room des Salines.