Entité de L&T accusée en Inde: quid de Maurice ?

il y a 1 année, 5 mois - 4 Novembre 2022, lexpress.mu
Entité de L&T accusée en Inde: quid de Maurice ?
La compagnie Larsen & Toubro (L&T) fait une nouvelle fois parler d’elle en Inde relativement à une affaire de fraude.

En effet, L&T Construction, Chennai, une entité du groupe, qui est aussi l’entrepreneur du consortium, est soupçonnée d’avoir commis une fraude au détriment d’un des exécutants retenus. C’est ce qu’ont rapporté les médias indiens, dimanche. Cela concerne la mise en place de projets d’alerte aux tsunamis dans deux États de l’Est de la Grande péninsule, financés par la Banque mondiale.

En février 2016, Telecommunications Consultants India Ltd (TCIL) avait recruté L&T Construction comme entrepreneur principal, avec deux autres sociétés, à savoir Telegrafia et Spectral India, pour exécuter ce projet en neuf mois. Selon la presse indienne, L&T n’aurait pas réglé les cotisations d’environ 200 millions de roupies indiennes, dont Rs 110 millions à Spectral India.

La branche mauricienne de L&T pourrait-elle être inquiétée par une telle pratique si elle doit répondre à des appels d’offres à Maurice? «Si c’est prouvé que la compagnie est taxée de corruption, la Banque mondiale et l’Union européenne effectueront une due diligence. Ils émettront un certificat d’interdiction (Debarment certificate). Au niveau du Procurement Policy Office (PPO), nous suivrons toutes les informations répercutées au niveau mondial. Il faut savoir que la suspension est pour une période spécifique seulement», précise Raj Prayag, Chairman du Central Procurement Board (CPB). Quid du projet Metro Express ? Raj Prayag explique que le contrat de L&T pour la ligne ferroviaire est exempté du CPB du fait qu’il s’agit d’un accord de gouvernement à gouvernement.

«L&T a été au coeur de plusieurs incidents. Le 7 mars 2013, le ‘World Bank Sanction Board’ a pris la décision de l’exclure, pour six mois, de tout contrat…»
De son côté, Osman Mahomed, ingénieur civil et député du Parti travailliste, dit suivre la situation de près par rapport à une quelconque décision éventuelle de la Banque mondiale concernant une sanction, s’il y en aura. C’est important, estime Osman Mahomed, qui fait ressortir que le tracé Réduit–Côte-d’Or du Metro Express est le sujet d’un appel d’offres de l’EXIM Bank en Inde et il se dit confiant que cette banque aussi suivra la décision de la Banque mondiale de près, tout comme le CPB et le PPO pour d’autres contrats au niveau local.

Il y a en ce moment de gros contrats en jeu, par exemple celui du tracé du métro de Rose-Hill à Réduit, et Osman Mahomed fait ressortir que L&T a bénéficié de ce contrat par le biais d’une variation du contrat initial de Rs 18, 8 milliards. Le coût par kilomètre est beaucoup plus élevé que le projet initial. Cette variation a été calculée sur la base du maximum de 25 % autorisée sous les conditions de contrat de la Fédération internationale des ingénieurs-conseils (FIDIC). Il estime que l’EXIM Bank, qui finance le projet du Metro express par une ligne de crédit et le gouvernement indien «ont le devoir de veiller aux intérêts de leurs contribuables, tout comme ici à Maurice, les ministères du Transport, des Finances, la direction de Metro express Ltd, le PPO et le CPB sur les nôtres.»

Pour rappel, L&T a été au cœur de plusieurs incidents. Le 7 mars 2013, le World Bank Sanction Board a pris la décision de l’exclure, pour six mois, de tout contrat suite à des pratiques frauduleuses d’un de ses cadres par rapport à un projet sanitaire en Inde. Les allégations portaient sur la soumission d’une offre pour un contrat sur la fourniture d’équipements médicaux sous l’India Tamil Nadu Health Systems Project. Après la levée de sa suspension, L&T avait retravaillé avec la Banque mondiale pour un contrat.

Le 21 avril 2017, c’était au tour du syndicat indien, Loyal Tigers Welfare Association, de faire des allégations d’irrégularités contre les directeurs de L&T par rapport à la vente du business de ciment de la compagnie en 2004- 2005 à Grasim, une compagnie de la multinationale Aditya Birla Group. Le président sortant du conseil d’administration de L&T, A. M. Naik, était accusé d’avoir empoché 6 milliards de roupies indiennes, soit 3,3 milliards de roupies mauriciennes, sur cette vente. Gulf News a précisé, dans son édition du 17 février 2014, que la cour de première instance de Muscat à Oman a renvoyé trois procès dont l’un concernait le Project Manager du gisement pétrolier de Saih Nihayda et de l’Al Khuwair Gas Station, de même que le Chief Executive Officer (CEO) et le directeur de Business Development & Tenders de L&T.

Ce dernier avait admis en cour qu’il avait soudoyé le directeur de projet du gisement pétrolier de Saih Nihayda et de l’Al Khuwair Gas Station d’Oman sur ordre du CEO de L&T. Au final, l’employé de L&T Electromechanical Company a été trouvé coupable et condamné à cinq ans de prison, avec une amende de 137 400 riyals, soit 11 millions de roupies mauriciennes.

Lors de la signature du contrat avec L&T en 2017 pour la construction de la première phase du Metro Express, alors que plusieurs articles de presse, parus en Inde et dans les pays du Moyen-Orient, indiquaient que L&T était impliquée dans plusieurs incidents, d’actes de corruption ou d’accidents sur des chantiers, Sateeaved Seebaluck, l’ancien Chairman de Metro Express Limited, avait affirmé qu’il «n’y a aucun problème avec L&T» et que «péna nanié pou diskalifié L&T avek Moris».