Depuis, versions contradictoires, spéculations, thèses et hypothèses vont bon train. Y a-t-il eu tentative de «cover-up» comme l'affirment certains? Le jeune homme est-il vraiment le «bad boy» que décrivent des internautes? Réponses.
«Gran nwar.» Des qualificatifs que certains anciens camarades associent à Sohail Sesungkur. Mais, il n'a pas toujours été comme ça, précisent-ils. «C'est en Lower VI que son attitude a changé», souligne un de ceux qui l'ont côtoyé...
Les photos de lui, «sniffant» une liasse de billets de Rs 1 000, postées sur Facebook, n'ont rien fait pour arranger les choses. Il a décidé, depuis, de les enlever. Ce n'est pas pour autant qu'il faut croire tout ce qu'on raconte, lâche le principal intéressé. «Je suis de nature timide et réservée. Donc, j'évite de me mêler aux gens. C'est peut-être pour cela qu'on me traite de gran nwar...» Son cercle d'amis, poursuit Sohail Sesungkur, est le même depuis la Form III, preuve s'il en faut que son attitude n'a pas changé, martèle l'adolescent de 18 ans. Quant aux photos, «c'était pour le fun». Et d'ajouter : «Si seulement vous saviez combien d'argent j'ai sur mon compte en banque, vous auriez compris qu'il ne s'agit là que de rumeurs...» Combien ? Question trop indiscrète.
Sinon, le fait d'être «fils de ministre» donne-t-il droit à des privilèges? Comme tabasser des chauffeurs de taxi, par exemple ? «Non. Comme tous les ados de mon âge, je me fais gronder par mon père quand je fais fausse route.» Il tient, dans la foulée, à préciser qu'il ne parle pas de violence physique. Des erreurs, tout le monde en commet, ajoute Sohail Sesungkur. «L'important, c'est de ne pas les répéter.»
Justement, ce n'est pas la première fois que le jeune homme fait parler de lui. Qu'en est-il de la scène digne de Fast and Furious, dont il était l'acteur principal, alors qu'il était encore au collège ? Se croit-il tout permis parce qu'il est le «fils de» ? «Il n'y a jamais eu de 'drift'», assure Sohail Sesungkur avec calme. La voiture qu'il conduisait à l'époque, explique-t-il, n'était pas adaptée aux «cascades» de toute façon. «Ce n'était qu'un simple patinage, sans conséquence.» À l'époque, il était âgé de 17 ans et détenait un learner.
Certes, admet Sohail Sesungkur avec aplomb, «monn fer dé-trwa fraka mé rien de méchant ou de grave». Consommer de l'alcool dans l'enceinte de l'école alors que l'on prépare un fancy-fair, ce n'est pas grave ? «Je me demande qui a pu inventer une telle chose. Mais bon, il y a toujours des gens qui sont prêts à salir votre image !»
Ce jour-là, assure-t-il, il n'a pas touché à une goutte d'alcool. Pour rappel, son père, Sudhir Sesungkur, est même allé jusqu'à affirmer que son fils ne buvait jamais. Prenant ainsi à contre-pied la déclaration d'une source au sein même du collège quatre-bornais... Cette dernière a même déclaré que la mère de Sohail Sesungkur s'était plainte après que son fils s'est fait «jeter dehors» en ce jour fatidique. Pour la source en question, le fils du ministre est loin d'être un élève modèle. En parlant de modèle, hormis piloter des voitures de luxe, en quoi consiste la vie d'un fils de ministre ? Il mène une vie normale, ou presque, avoue l'adolescent. Quid des avantages ? «Depuis que mon papa est ministre, la seule chose qui a changé, c'est que je ne le vois plus autant qu'avant. Les dimanches étaient consacrés aux sorties familiales, mais ce n'est plus possible. Il m'est déjà arrivé de ne pas voir mon père pendant trois jours tellement il est pris par son travail. Vous appelez cela un avantage, vous ?»
Et l'avenir, comment le voit-il ? Compte-t-il entamer une carrière de boxeur, de cascadeur ? Rien de tout ça, assure Sohail Sesungkur. Qui a prévu de s'inscrire à l'université pour des cours en Economics and Business Finance. La politique, il y a songé ? «Lorsque le fils d'un commerçant reprend le business de ses parents, personne ne dit rien. Même chose pour les avocats, où le témoin se transmet. Pourquoi est-ce que cela dérange quand il s'agit de politiciens ?» clame le jeune homme, avant de se ressaisir. Dans un futur pas très lointain, il souhaite s'adonner à sa «passion» : aider les démunis. Il a prévu d'aller distribuer des 'dons', la semaine prochaine, en compagnie de quelques amis.
Comme quoi, entre Mère Teresa et Vin Diesel, il n'y a qu'un pas...
Les questions autour de l'accident
Les faits se sont déroulés le samedi 3 juin. La BMW conduite par Sohail Sesungkur ce soir-là entre en collision avec le taxi de Yaseer Kardaree. Ce dernier accuse le fils du ministre de la Bonne gouvernance de l'avoir agressé. Mais Sohail Sesungkur assure que c'est le chauffeur de taxi qui l'a agressé. Sudhir Sesungkur s'en mêle, affirmant que son fils a dû se rendre à l'hôpital Victoria, et qu'il en est ressorti avec des points de suture. Le ministre va plus loin en déclarant que la police a soumis l'adolescent à un alcootest, le jour de l'accident, et que celui-ci s'est révélé négatif. Quid de la déposition ? Tout citoyen lambda peut-il «remettre» sa déposition à plus tard, après qu'il a été impliqué dans un accident, comme l'a fait Sohail Sesungkur ? «Si l'une des parties refuse le constat à l'amiable, la police prend l'affaire en main. Dans ce cas, ceux qui sont impliqués peuvent attendre l'arrivée de leurs avocats avant de faire leur déposition», souligne une source policière.