Également dangereuse, cette pratique pourrait être à l’origine d’une pénurie de gaz sur le marché. Si le ministre du Commerce pointe du doigt les chauffeurs de taxi, ces derniers ripostent qu’ils ne sont pas les seuls à utiliser ce procédé.
Le 1ᵉʳ juillet, un chauffeur de taxi résidant à Belle-Vue-Maurel a été épinglé pour avoir utilisé du gaz ménager comme carburant. Une pratique que non seulement certains taxis mais aussi plusieurs particuliers utilisent afin de réduire le coût des dépenses. D’autant plus que le prix des carburants a pris l’ascenseur au cours de ces derniers mois.
Le ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, a laissé comprendre que «des chauffeurs de taxi font du ‘stockpilling’. Ils ont modifié leur voiture pour rouler au gaz». Raisons pour lesquelles les bonbonnes de gaz se feraient rares auprès des revendeurs.
Ces propos ont eu le mérite d’irriter la communauté des chauffeurs de taxi. Et surtout l’un de ces présidents en la personne de Raffick Bahadoor de la Taxi Proprietor’s Union. Ce dernier énumère plusieurs métiers qui utilisent aussi le gaz ménager. «Les marchands de gâteaux frits, les opérateurs de snack qui ouvrent dans les coins de rue, ou encore les marchands de kebab, qu’estce qu’ils utilisent ? N’est-ce pas le gaz ménager !»
Questions légitimes
Il s’interroge aussi sur les équipements qui permettent aux voitures d’utiliser le gaz ménager. «Est-ce que ces équipements sont entrés au pays légalement ou illégalement ?» Il adresse même des questions qu’il trouve légitimes au ministre du Commerce. «Est-ce que le ministre n’a pas une liste de tous ces endroits qui fournissent le gaz à ces automobilistes ? Pourquoi ne donne-t-il pas les noms de toutes ces stations d’essence ?» Et la police dans cette affaire ? «Ne me dites pas que les autorités ne savent pas qui sont ceux qui livrent le gaz aux automobilistes. Les boucs émissaires ne peuvent pas être, à chaque fois, les chauffeurs de taxi.»
Raffick Bahadoor confie avoir déjà évoqué ce sujet avec le ministre des Finances, il y a deux ans. «Avec cette pratique, les caisses du gouvernement pourraient même se remplir plus vite. Si l’on ajoute Rs 50 sur chaque bonbonne vendue, imaginez la somme récoltée en une semaine. Peutêtre quelque Rs 7 millions.»
Toutefois, cette méthode est à risque. «Le gaz ménager n’a rien à voir avec le gaz que l’on utilise pour les voitures. C’est un gaz qui est beaucoup plus inflammable et peut débuter un incendie à n’importe quel moment. Une petite étincelle et c’est l’explosion assurée», confie un mécanicien. Il souligne que beaucoup de personnes ont recours à cette pratique car elle est moins coûteuse.
«Deux bonbonnes de gaz permettent de couvrir au moins 40 kilomètres, et cela pour environ Rs 500.» Jeunes comme moins jeunes utilisent cette méthode et souvent ils ne vont pas dans les garages pour faire modifier la voiture. «Certains mécaniciens ne veulent pas prendre ce risque car c’est une pratique illégale.»
Justement, l’inspecteur Shiva Coothen, responsable de la cellule de communication au sein de la police, ajoute d’emblée que quiconque est épinglé encourt une amende de Rs 100 000 et une peine de trois ans d’emprisonnement. «Depuis la semaine dernière, nous avons intensifié les contrôles. La police sera intransigeante envers les automobilistes dont les voitures fonctionnent avec le gaz ménager.» Il y a même déjà eu mort d’homme à la suite de l’explosion d’une bonbonne par le passé.
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