Le sujet est sur la table depuis l’été 2020. La pandémie de Covid-19 a sérieusement ébranlé le marché des composants électroniques, entraînant des retards, des pénuries de matières premières et tout un tas d’autres blocages qui continuent de freiner les échanges aujourd’hui. Si les dernières projections laissaient penser un retour à la normale au deuxième semestre 2022, un nouveau rapport de Supplyframe (une plate-forme d’aide à la conception et à la gestion des chaînes d’approvisionnement sur le marché de l’électronique) n’est pas aussi optimiste.
Selon l’enquête, le marché des puces ne retrouvera son équilibre qu’en 2023. Et les raisons de ce délai supplémentaire sont en fait multiples : le Covid était certes l’élément perturbateur, mais d’autres péripéties comme le blocage du canal de Suez une semaine durant n’ont fait qu’aggraver une situation déjà tendue. Les entreprises de fret, devant une opération entravée par des éléments sur lesquels elles n’ont pas franchement la main mise, ont en revanche pu profiter d’une situation fébrile de leurs clients pour faire jouer les enchères sur les approvisionnements, au détriment des fabricants de composants.
Un système à repenser
Pour Richard Barnett, reponsable marketing de Supplyframe, c’est toute la chaîne d’approvisionnement qu’il faut adapter à ce nouveau fonctionnement bancal : « Les chaînes d'approvisionnement se révèlent encore très fragiles, nous constatons de plus en plus leurs limites. Il devient nécessaire de repenser nos méthodes de travail et de reconsidérer nos stratégies d'externalisation et de gestion des stocks ». Si la crise sanitaire mondiale aura bien soulevé un problème, c’est celui de l’adaptation à des contraintes inflexibles plus importantes que les lois de marché, qui deviennent alors secondaires.
Pour ce qui est des demandes, ce sont globalement toujours les mêmes composants qui sont les plus recherchés : les microcontrôleurs et microprocesseurs sont les puces les plus demandées (+ 166 % en un an) mais aussi les plus difficiles à trouver, un constat matérialisé par des prix toujours hallucinants sur les composants informatiques ou par l’absence de certaines consoles de jeux dans les rayons des enseignes de distribution. L’automobile n’étant pas du tout un acteur majoritaire du segment, on peut donc s’attendre à ce que la situation des constructeurs ne s’améliore pas de façon significative non plus, malgré l’abondance d’électronique dans les voitures modernes.
Les marques devront donc continuer à faire des arbitrages sur leurs gammes, en choisissant de privilégier tel ou tel modèle plutôt qu’un autre pour recevoir un équipement dont les composants sont difficiles à obtenir. Pendant de longs mois encore, c’est donc l’ensemble de la chaîne de production et d’approvisionnement qui va devoir ronger son frein !
Les points à retenir :
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