"Quelles perspectives pour l’industrie automobile en France à horizon 2030 ?". Le thème de la journée organisée ce mardi 26 octobre par la plateforme automobile PFA aura finalement en partie digressé sur un autre débat plus d’actualité : la pénurie de semi-conducteurs, mais également celle possible de magnésium, une matière première et un métal nécessaire à la fabrication d'alliages d'acier et d'aluminium utilisés dans l'automobile.
Et parmi les acteurs de la filière particulièrement inquiets par ces approvisionnements au compte-gouttes, les équipementiers, montés au créneau ce mardi. "On vient encore d’apprendre qu’une usine d’un constructeur va être arrêtée jusqu’à la fin de l’année", s’est ainsi exprimé François Liotard, DG de Lisi Automotive et représentant des fournisseurs de la filière. Avant de poursuivre, sur le même thème, glissant au passage un tacle aux constructeurs : "Pour notre entreprise, c’est 25% de nos carnets de commandes que les constructeurs ne veulent pas réceptionner, ce qui met notre trésorerie en difficulté. Je vais finir par être aussi contraint de couper mes approvisionnements si la situation ne se règle pas rapidement. Et si tous les équipementiers font la même chose, cela va créer des pénuries sur d’autres pièces. Il est nécessaire que les constructeurs communiquent avec nous, soient davantage transparents, pour que la sortie de crise des semi-conducteurs se passe bien et ne crée pas d’autres pénuries de pièces".
Revoir la sécurité passive
Une crainte que partage Emile di Serio, Président de l'équipementier Saint-Jean Industries : "C’est un problème qui se pose aujourd’hui avec les semi-conducteurs mais demain ce sera avec le magnésium puis avec les terres rares". Ce risque de pénurie de magnésium, dont la Chine détient 85% de la production mondiale, est particulièrement prégnant, depuis qu’en septembre dernier, l’empire du Milieu a décidé de réduire drastiquement sa production pour limiter sa consommation d’électricité. "Nous ne sommes pas encore impactés, a toutefois indiqué Nicolas Morel, membre du Comex de Stellantis et Président du comité technique automobile de la PFA, précisant "mais si c’est le cas, il va falloir reconcevoir la sécurité passive de nos véhicules avec des aciers sans magnésium. Cette dépendance à la Chine est vraiment problématique (…)."
Sortir de la dépendance
Quant à l’inquiétude légitime des équipementiers, Nicolas Morel leur a aussi répondu :"Nous sommes dans la même situation que vous. Nous sommes informés au dernier moment par nos fournisseurs d’ESP ou d’autres équipements contenant des semi-conducteurs. Nous n’avons pas de vision sur notre production autrement qu’à court terme".
Finalement, la situation devrait-elle s’améliorer à court-terme ? Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur estimait hier à ce propos : "Il y aura encore plusieurs mois de tension sur l’approvisionnement en semi-conducteurs, soulignant dans le même temps que des lignes de production sont en train d’être construite en France et en Allemagne. "C’est un sujet que nous avons initié il y a deux ans pour que l’Europe produise 20% des semi-conducteurs dans le monde en 2030, contre 10% aujourd’hui, sachant que la production mondiale va doubler sur la période. On doit notamment avoir des usines capables de graver des puces de 2 nanomètres" a ajouté Thierry Breton.
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