La saisie du bateau de Mike Brasse fait des vagues

Après la saisie du speed boat de luxe 20° Sud appartenant à Mike Brasse, mardi 7 mai, l'Independent Commission against Corruption (ICAC) a interrogé le réparateur. Cet habitant de La Gaulette a expliqué que le speed boat a été amené chez lui, il y a trois ans, par Mike Brasse et un dénommé Arnaud, le frère d'André Joseph Noël. Le skipper condamné pour trafic de drogue à La Réunion était accompagné de ce dernier lors de l'achat du bateau en 2016.

Le coût des réparations comprenait le nettoyage de la coque, la «chaise moteur» pour avoir une plus grande vitesse et la réparation de la fibre de verre. Le montant était chiffré à Rs 50 000. Mais le réparateur n'a pu récupérer tout son argent car les deux lui devaient encore Rs 15 000.

Le professionnel aurait ajouté qu'il n'y avait que deux bateaux de cette capacité à Maurice. Le 20° Sud est doté de deux moteurs de 300 chevaux de la marque Mercury et a la capacité de stocker une énorme quantité d'essence. L'ICAC l'évalue dans son état actuel entre Rs 5 millions et Rs 10 millions. À l'état neuf, il aurait coûté aux alentours de Rs 26 à 30 millions. Avec cette puissance, les enquêteurs soupçonnaient que le bateau pouvait faire de longs trajets, allant sur l'île de la Réunion, puis Madagascar et revenir à Maurice.

«Aucun commentaire»
Comme son speed boat Ilot Gabriel était en réparation, Mike Brasse voulait s'en procurer un deuxième comme bateau de réserve. Le 20° Sud avait été acheté en présence de Parvin Appadoo directeur du casino Monte Games, entendu par la commission d'enquête sur la drogue en février 2018. Il aurait réuni des personnes afin de lui remettre des «office cheques» pour cette acquisition. Cet achat était négocié en présence d'Osman Kamil Mohamed, aussi arrêté dans le cadre de la saisie des 42 kg d'héroïne à Sainte-Rose, et du Rodriguais Jean-Noël André, un éleveur de porcs à Albion.

Cette vedette rapide avait été achetée à l'hôtel 20° Sud, à Grand-Baie. Sollicité pour une déclaration concernant cette vente, le General Manager de l'hôtel, Thibaut Lambrechts, nous a répondu: «Une enquête étant en cours, aucun commentaire ne peut être fait par notre société.»

Après l'affaire Sainte-Rose, l'ICAC s'est intéressée à Parvin Appadoo et Jean-Noël André. Elle avait émis un attachment order sur leurs biens. Comme les enquêteurs soupçonnaient qu'ils blanchissaient de l'argent, ils les avaient arrêtés.

Quant au bateau Ilot Gabriel, il était enregistré au nom de Mike Brasse. Acheté en juillet 2011, il coûte Rs 1,9 million. Il avait été confisqué à La Réunion en novembre 2016, lors de la saisie de drogue.

Le skipper travaillait-il pour Chowrimootoo et Veeren ?
Satish Mohabeer était partenaire de Monte Games, un casino soupçonné d'être utilisé par des trafiquants de drogue pour blanchir leurs revenus. Un de ses directeurs était Parvin Appadoo. La commission drogue soupçonnait ce dernier de blanchir de l'argent pour Satish Mohabeer, cambiste qui opérait un bureau de change à Port-Louis. Lors de son audition par l'ex-juge Lam Shang Leen, il a été interrogé sur ses nombreuses communications avec les caïds emprisonnés Peroomal Veeren et Curly Chowrimootoo. Ce dernier était spécialisé dans le transport d'héroïne de Madagascar sur des yachts.