Les batteries des voitures électriques Stellantis et Renault alimentées en lithium allemand

il y a 2 années, 3 mois - 2 Décembre 2021, automobile-magazine
Les batteries des voitures électriques Stellantis et Renault alimentées en lithium allemand
Cette année, Renault et Stellantis ont signé un accord sur cinq ans pour acheter le premier « lithium zéro carbone » au monde, qui sera extrait et produit en Allemagne, dans la vallée du Rhin.

Un passage obligé, selon les constructeurs, pour outrepasser le problème des lourdes émissions de CO2 lors de la production d’un véhicule électrique. Mais...

Si la voiture électrique est effectivement quasiment neutre en émissions à la conduite (en dehors de l’usure des consommables), elle n’est pas pour autant une voiture neutre pour l’environnement. Pour l’alimenter, il faut une énergie électrique pas toujours propre, et pour la construire, il faut d’importantes ressources énergétiques mais aussi de grandes quantités d'eau pour extraire et raffiner le lithium, aujourd’hui fruit d’un monopole de l’Asie, de l’Amérique du Sud et un peu de l’Australie. Mais l’Europe pourrait réduire sa dépendance grâce au projet de la société Vulcan Energy, qui entend produire le premier lithium « Zero Carbon » au monde. Les 300 à 700 kg de CO2 émis aujourd'hui lors de la production d'une batterie pourraient ainsi être en grande partie économisés.

Un lithium plus propre grâce à la géothermie ?
C’est ce que propose sur le papier Vulcan Energy, une jeune entreprise germano-australienne spécialisée dans le traitement du lithium. D’immenses réserves seraient situées dans la vallée du Rhin, au Sud de l’Allemagne. Mais il reste le frein des rejets carbonés importants pour accéder au lithium, et le traiter. Vulcan Energy entend contourner ce problème par la géothermie, qui permettrait ainsi d’avoir le premier « Zero Carbon Lithium », un terme fréquemment utilisé par Vulcan Energy.

« Un procédé innovant d’extraction du lithium… permet d’extraire le lithium des saumures géothermales. Il est composé de colonnes d'extraction remplies d'un matériau d'adsorption qui ne capte que le lithium de la saumure. L’objectif du projet est d’extraire le lithium de l’eau souterraine avant de la réinjecter tout en exploitant la ressource géothermique ». Voilà pour le principe, relativement simple sur le papier : le lithium est tiré de la saumure, tandis que l’énergie géothermique est utilisée au passage pour faire fonctionner les installations en circuit fermé.

Toutefois, de nombreuses réserves ont été émises récemment, sur la faisabilité du projet, que ce soit d’un point de vue industriel ou financier, et sur le supposé bénéfice environnemental de la méthode « zéro carbone ». Un investisseur spécialisé dans les ventes à perte en Bourse (short seller) a annoncé en octobre dernier que Vulcan Energy était un « dieu de la promesse vide », et que l’action (multipliée par 7 depuis les accords noués avec Renault, entre autres) n’avait au final aucune valeur.

Alors qui croire ? Vulcan Energy se défend en expliquant que les short sellers ont voulu saper la réputation du projet pour faire des profits grâce à la chute de l’action…

Renault et Stellantis, déjà de gros clients
Cette année, Renault et Stellantis ont signé des bons de commandes sur 5 ans de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de lithium « zéro carbone » à Vulcan Energy, qui inaugurera sa première usine pilote très prochainement le long du Rhin. Des quantités suffisantes pour produire près d'un million de véhicules électriques !

Le début des livraisons ne se fera pas avant 2026, et sous réserve de « la réussite du démarrage de l’exploitation commerciale de l’usine de Vulcan et à la qualification complète du produit » selon les termes de l’accord. Si Vulcan Energy tient ses promesses avec un lithium pauvre en carbone et relativement accessible, l’Europe se sera alors trouvé une belle filière d’approvisionnement. Mais attendons d'abord de voir si ce lithium « propre » se concrétise...