Nous n’allons pas vous refaire ici la longue histoire du dieselgate, mais, pour ceux qui auraient raté un (triste) morceau de l’histoire automobile moderne, voilà une petite piqûre de rappel. A la rentrée scolaire de l’année 2015, une grosse affaire de trucage concernant des centaines de milliers de moteurs Volkswagen, Audi ou encore Porsche éclate aux Etats-Unis. L’affaire dure depuis, et a déjà coûté plus de 30 milliards d’euros au géant allemand, entre les rappels, les procédures judiciaires et les dédommagements de clients.
Mercedes désormais accusé
Aujourd’hui, c’est Mercedes qui est sous le feu d’accusations similaires. C’est la DUH (Deutsche Umwelfthlife), association environnementale allemande vieille de plus de quarante ans et soutenue par l’Europe, qui pointe du doigt Daimler pour la présence de "8 dispositifs de défaite jusqu’alors inconnus dans une Mercedes Classe E350 (modèle de 2016) avec un moteur diesel Euro 6". En l'espèce, il s’agit de logiciels capables de détecter si le véhicule est sur un test d’homologation, ou sur route ouverte, notamment pour favoriser une gestion moteur moins émettrice en polluants lors du cycle d’homologation. Une gestion évidemment inactive lorsque le conducteur utilise son véhicule dans la vraie vie, ce qui conduirait à des rejets d’oxydes d’azote 500 % supérieurs à la limite en conditions réelles selon l’association. "Même en conduite normale, au moins un dispositif d'arrêt empêche presque toujours activement l'amélioration des émissions polluantes - même si cela n'est pas nécessaire physiquement ou pour la protection du moteur", précise ainsi le DUH.
Travail d'expert
L’homme derrière ces constations n’est autre que Felix Domke, un spécialiste de l’analyse des gestions moteur. On peut notamment lire sur lui : "L'auteur du rapport, Felix Domke, est un expert en logiciels pour les commandes de moteur et a déjà travaillé en tant qu'expert pour l'Autorité fédérale allemande des transports automobiles pour l'analyse indépendante de la mise en œuvre du logiciel en ce qui concerne les dispositifs de neutralisation illégaux. Il a également agi, toujours en tant qu'expert, au sein de la commission d'enquête parlementaire sur le scandale des émissions de VW en 2017 ».
Mercedes se défend d'avoir voulu tricher
Mercedes se défend en expliquant que "les paramétrages décrits sont connus, et ne peuvent pas être qualifiés d’illégaux, dans un système de dépollution très complexe ». Comprenez que ces différents modes de gestion sont en fait jugés normaux pour le constructeur à l’étoile et ne sont pas pensés ni conçus pour tricher lors de l’homologation. Le constructeur à l’étoile qui rappelle par ailleurs collaborer avec les autorités européennes. Quoi qu’il en soit, une action de groupe (class action) est déjà en cours au Royaume-Uni, et il n’est pas exclu qu’il y en ait d’autres à l'avenir, notamment en Allemagne.
Les autorités allemandes du côté de Mercedes Le KBA, l'agence fédérale allemande de l'automobile, a réagi aux conclusions du rapport de la DUH sur le bloc OM642 de la Classe E350d incriminée. Si elle ne conteste effectivement pas la présence des 8 dispositifs, elle annonce qu'elle était bien au courant de leur présence, et qu'ils ne sont pas jugés illégaux. En clair, l'autorité officielle se range pour l'heure du côté de Mercedes, et ce sera à l'association environnementale de prouver que Mercedes utilise effectivement ces dispositifs de désactivation partielle ou totale de l'EGR et du traitement catalytique SCR pour frauder aux tests d'homologation. C'est là justement tout le cœur de ces affaires de moteurs truqués depuis le dieselgate VW.
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