Au départ, il s'appelait "Dacia brand marker concept" DBMC pour les intimes. Un nom aussi sexy qu'un brief marketing pour ce nouveau concept car de la marque franco roumaine. Heureusement, les dirigeants du constructeur se sont ravisés. Adieu DBMC et bonjour Manifesto, puisque c'est le nouveau, et nom définitif, de ce drôle d'engin. Un tout-terrain ? Un buggy californien ? Un engin lunaire ? Un peu de tout cela, et surtout pas une Dacia de demain ou d'après demain.
Car ce Manifesto est avant tout un jeu de piste pour tenter de deviner de quel bois les futurs Dacia vont se chauffer. Même si elles ne ressembleront jamais à ce drôle d'engin. Pour tenter de démêler l'écheveau, mieux vaut suivre celui qui a dirigé sa conception : Romain Gauvin. Il est responsable du design des concept cars de la marque, et en six mois, avec ses équipes disséminées en France et en Roumanie, il a réussi à faire aboutir un projet qui, habituellement, nécessite une année entière.
Mais quel est l'intérêt de produire un exemplaire unique jamais destiné à être commercialisé ? "On a essayé de se projeter et de rassembler toute la philosophie du futur de Dacia : le côté frugal, malin, cool, outdoor et essentiel".
Diificile de le démentir, car son Manifesto ne s'encombre pas de fioritures, de ronce de plastique et de luxe ostentatoire. À bord, tout est simple, costaud, et destiné au grand air. Les housses des sièges, étanches, se détachent pour se transformer en sacs de couchage qui permettent de dormir à la belle étoile.
La planche de bord est réalisée dans un alliage de liège et de pneus recyclés, "pour y épingler ses photos de famille." La carrosserie elle-même est réalisée en plastique recyclé teinté dans la masse. On y distingue même quelques points blancs, liés à la couleur des matériaux précédents, et donc recyclés. Du brut on vous dit.
Des filets, du liège et des sandows
De part et d'autres des sièges, les éléments de carrosserie sont percés de petits trous à intervalle régulier. Pour l'aération ? Pas vraiment, puisque le Manifesto n'a ni portières ni pare-brise. Ces petits trous sont destinés à recevoir des petits crochets qui permettent d'accrocher divers objets et, par le biais de sandows, de se fabriquer des filets aptes à recevoir du matériel de camping ou de pique-nique. Outdoor on vous dit.
La série de petits trous se poursuit jusque sur le toit de l'auto ou, là encore, ils permettent d'accrocher des sacs et du matériel divers. Mais revenons dans l'habitacle et ses sièges sacs de couchage. La planche de bord est simplissime. En fait, elle est totalement vide.
Seules deux lanières permettent de ranger quelques papiers et un cube situé derrière le volant livre les indications nécessaires à la conduite. Le reste n'est qu'accessoire. Ça et là, de petits sacs sont accrochés, on peut en rajouter ou en enlever. Toutes les commandes, quant à elles, sont regroupées sur le volant. L'écran multimédia, aujourd'hui incontournable n'est pas minuscule : il est totalement absent. Essentiel, on vous dit.
Cet ascétisme ne s'arrête pas à l'habitacle. À l'avant du Manifesto, on découvre un phare unique. En plus, il se détache pour servir d'éclairage lors des soirées à la belle étoile. Mais pourquoi un seul projecteur. "Pourquoi en mettre deux lorsqu'un seul suffit ?" répond innocemment le designer. Malin, on vous dit.
Passons, évidemment, sur le côté hors la loi d'une auto borgne, mais de toute façon, ce Manifesto n'est pas destiné à prendre la route, et de toute façon, il n'a pas de moteur. C'est en fait un manifeste pour le futur de Dacia.
Pas au sens d'une auto de série qui pourrait dériver du concept car, mais du futur de la marque toute entière, qui entend prendre l'air et mettre le cap sur l'outdoor. Le constructeur va-t-il fabriquer des tout-terrain ? Oui et non. De fait, aujourd'hui, seule la Sandero de base est une auto sens classique du terme.
Du Stepway au Jogger, et du Duster au futur Bigster, toutes les Dacia sont aujourd'hui plus ou moins suvéisés et dans le futur elles devraient donc toutes arborer ce look baroudeur. Dacia change de voie, et monte en gamme aussi, comme le rappelle Alexandre Bataille.
Mais au fait, il n'est plus question que d'essentiel, de fun, de grand air dans cette affaire, et plus du tout de low cost ? C'est que, lorsque le prix de toutes les voitures augmente, Dacia fait comme les autres et affiche des tarifs en hausse. Sauf que même si ses autos sont plus chères, elles sont toujours moins chères que les autres, qu'on les appelle low cost ou pas.
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