C’est une situation qui dure depuis maintenant plus d’un an. La pénurie de semi-conducteurs fragilise une grande partie de l’économie mondiale, et plus particulièrement celle de l’industrie automobile. Plusieurs prévisions estimaient un retour à la normale pour le deuxième semestre de l’année 2022. Qu’en est-il vraiment ?
Un retour à la normale avant la fin de l’année 2022 ?
Beaucoup de constructeurs espèrent une amélioration significative dans les prochains mois. Les estimations tablent sur un retour à la normale à partir de l’été 2022. Mais cette reprise de la production se fera en douceur. Les différentes études ne prévoient pas un retour à la normale avant le premier trimestre 2023. Les constructeurs, et les différents manufacturiers, se sont organisés afin de maintenir un rythme de production. Mais la situation restera encore tendue jusqu’à la fin de l’année. Le responsable des acquisitions chez Volkswagen, Murat Aksel, a d’ailleurs précisé que cette « situation volatile affectera le secteur au-delà du premier semestre de cette année ».
De son côté, le patron de l’entreprise Bosch, premier équipementier mondial, laissait entendre en début d’année qu’il était probable de retrouver un volume d’avant crise dès le début de l’année 2023. La situation est donc vers l’amélioration, même si les constructeurs doivent faire face à de nouvelles pénuries.
La crise pourrait durer jusqu’en 2024
Si les constructeurs se montrent confiants, les politiques sont eux plus sceptiques. C’est notamment le cas du gouvernement américain, qui a averti le 31 mai dernier, que la crise pourrait encore s’allonger dans le temps. La secrétaire d’Etat au commerce, Gina Raimondo, a émis une vision beaucoup plus pessimiste. « Je ne vois pas la pénurie de puces s’atténuer de façon significative l’année prochaine. Au cours de mon voyage, j’ai convoqué une douzaine de PDG en Corée du Sud, et ils ont tous convenu qu’il fallait attendre fin 2023, voire début 2024 pour voir une réelle amélioration ».
Le gouvernement américain estime que la demande réelle, au niveau mondial, a été sous-évaluée. L’arrivée massive des véhicules électriques est notamment prise en compte par les autorités américaines, qui envisagent donc un retour à la normale en 2024. Une chose est certaine, les constructeurs sont plus optimistes que les sous-traitants sur la date d’un potentiel retour à la normale.
Quelles sont les conséquences de la pénurie de semi-conducteurs ?
Selon les chiffres apportés par le cabinet LMC Automotives, la pénurie de puces électroniques aurait impacté la production de plusieurs millions de véhicules. Pour le constructeur Ford, le cabinet estime que 1,25 million de véhicules n’ont pu être produits. Des chiffres similaires pour les constructeurs européens puisque le cabinet estime à 1,15 million le manque à produire pour Volkswagen, et 1 million d’auto pour le groupe Stellantis. Le manque à gagner est colossal donc pour les constructeurs, cette pénurie de semi-conducteurs a fait chuté les ventes de manière vertigineuse. Seule exception au tableau, Hyundai. Le constructeur coréen est l’un des rares à être sorti gagnant de cette situation. Cela s’explique par leur proximité avec les producteurs de puces en Asie.
Pour faire face à la crise, les investissements se multiplient. L’Europe va investir 43 milliards d’euros dans les prochaines années. Ce plan vise à multiplier par quatre la production de puces en Europe d’ici la fin de la décennie. De nombreux pays ont investi également de leur côté, afin de produire davantage. C’est notamment le cas de l’Espagne qui va investir 12 milliards dans les semi-conducteurs, pour augmenter sa production d’ici les trois prochaines années.
Une pénurie de semi-conducteurs qui est encore loin d’être terminée.
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