Post-Covid-19 : le bus en état de détresse avec des baisses de revenus de 40%

il y a 4 années, 3 mois - 18 Septembre 2020, Le Mauricien
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De gros opérateurs sollicitent le soutien gouvernemental avec des licenciements se profilant à l’horizon

Depuis que la COVID-19 a fait son apparition dans le pays, le secteur du transport subit de plein fouet les effets dévastateurs de la pandémie. La reprise post-confinement n'a guère changé la situation – déjà compliquée – des compagnies d'autobus ayant noté une baisse d'au moins 40% dans leurs revenus et leurs passagers. Pire, la concurrence déloyale des transports « marrons » exacerbe la situation. Certaines songent déjà aux licenciements, voire même mettre la clé sous le paillasson.

La situation est déjà précaire à la United Bus Service (UBS). « Nous perdons environ 20 à 25% des passagers depuis la reprise. Nos revenus ont aussi baissé », répond Swaleh Ramjane, directeur général de UBS, à la question sur les opérations à compter du 1er juin. Selon lui, les motifs de cette baisse sont l'hésitation des passagers à voyager dans les autobus, le travail à domicile et aussi la malsaine compétition de la part des vans « marrons ». Il avance que plusieurs vans opérant pour le compte des hôtels ont changé de métier, et se tournent vers les passagers qui voyagent habituellement dans les autobus.

Comparant la situation en septembre de cette année par rapport au même mois l'année dernière, il émet des craintes quant à l'avenir de la compagnie. La question la plus importante pour l'entreprise en ce moment est de « penser comment boucler le budget ». Mais prévoir devient de plus en plus difficile pour UBS. Le directeur général ne cache pas ses inquiétudes face à l'arrivée du Metro Express à Curepipe. « L'impact sera grave », lâche-t-il. Naviguer dans une situation compliquée se révèle être un grand défi pour UBS. Toutefois, il se réjouit que le gouvernement subventionne la compagnie sinon, dit-il, celle-ci aurait mis la clé sous le paillasson.

En dépit de la conjoncture, Swaleh Ramjane annonce le remplacement de quelques autobus car depuis les derniers quatre ans, la flotte n'a pas été renouvelée. « Nous avons contracté un prêt auprès d'une banque commerciale pour nous financer », indique-t-il. Par ailleurs, un garage sera aussi construit à Forest-Side. Un financier collabore pour la réalisation de ce projet qui abritera les nouveaux autobus, apprend-on. De l'autre côté, s'agissant du nettoyage des autobus comme cela se faisait à l'heure du confinement, il soutient que cet exercice se fait même si des coûts additionnels ont été notés. Cet exercice, pour lui, est de mise.

La situation est tout aussi difficile pour le Triolet Bus Service, dirigé par Viraj Nundlall. Il évoque, pour sa part, une baisse d'au moins 30% de passagers et de revenus depuis la reprise des activités dans le pays. Cette chute, dit-il, s'explique par le fait que les gens ne voyagent pas autant et que les employés oeuvrant dans le secteur du tourisme n'ont pas repris leurs activités. La concurrence déloyale des vans « marrons » est aussi abordée. Il soutient que TBS détient un permis d'opération et que les autorités doivent s'assurer que ces vans ne « piquent » pas les passagers d'autobus. « Nous avons logé des plaintes mais rien n'a été fait », déplore-t-il. Cependant, à l'écouter, le Work From Home n'affecte pas tant le nombre de passagers. Il fait ressortir que la situation demeure difficile, y compris durant le weekend.

Viraj Nundlall se demande si la compagnie parviendra à soutenir les coûts vu que les opérations sont restées les mêmes. « Nous sommes dans une situation très préoccupante. » Et d'anticiper que la compagnie pourrait licencier. « Nous faisons de grosses pertes. Le gouvernement doit nous subventionner car nous ne pourrons pas payer nos employés ni notre diesel », avance-t-il. En augmentant le tarif d'autobus — qui n'a pas connu de hausse depuis 2013 –, il estime que la situation ne changera pas pour autant. « Les gens vont délaisser les autobus pour d'autres moyens de transports », fait ressortir le directeur du Triolet Bus Service.

Par ailleurs, depuis la reprise des activités après la période de confinement, Uday Raj Gujadhur, directeur général du Mauritian Bus Transport, note une baisse d'au moins 30% des passagers. Pour lui, bon nombre de personnes travaillent de chez elles et le mode de transport que les gens utilisaient, notamment les autobus, n'est plus le même. De plus, pour lui, les gens ayant perdu leur emploi ne voyagent pas autant. Depuis quelque temps, il dit avoir aussi noté des minibus qui font la même route que les autobus de MBT, et les passagers préfèrent ces types de transport.

Aussi craint-il qu'un cas local de COVID-19 puisse catapulter le pays en situation de confinement, ce qui pousserait ainsi les compagnies d'autobus vers la case départ. Il avance que le Mauritian Bus Transport a dû prendre Rs 5 millions du gouvernement pour payer les salaires. Et de prévoir même une baisse dans son effectif car il doit, au moins, dépenser Rs 2,5 millions par mois. Pour poursuivre les opérations, la compagnie a dû procéder à une réduction des coûts. Pour Uday Raj Gujadhur, l'incertitude étant très forte, anticiper les décisions demeure problématique.

La situation n'est guère différente pour Rose-Hill Transport. Son Chief Executive Officer, Siddharth Sharma, affirme : « Nous avons maintenant un problème systémique où nous revenus sont clairement en deçà de nos coûts fixes », dit-il. Le Metro Express a eu un impact direct sur les revenus et le nombre de passagers de la compagnie suivi de la COVID-19, et avec le Work from Home, les gens sont plus hésitants à voyager dans les autobus. Cependant, pour le CEO, la baisse des revenus est de 40% et il est très difficile de soutenir la compagnie sans l'intervention gouvernementale. Déjà que le parc de véhicules augmente et que le besoin en termes de parking s'accroît. Il ajoute que les gens délaissent les autobus. D'où pour lui l'importance d'une « approche holistique » pour l'industrie du transport. « L'un des meilleurs outils est de régionaliser le transport », laisse-t-il entendre. Et pour certaines routes où il n'y a pas trop de passagers, l'introduction des « one-man operators » est suggérée.