Justifiant cette décision, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a expliqué qu’il faudra aussi considérer l’achat d’autres équipements et l’achat de vaccins contre la variole du singe. Jayen Chellum, de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), maintient que c’est une situation inacceptable. Raffick Bahadoor, de la Taxi Proprietors Union, déplore le manque d’écoute, tandis que Shameem Sahadut, de l’Association Van Lekol, souhaite l’intoduction de subsides sur le diesel.
« Nou pou bizin diskite. Mem si nou pa pou aste vaksin, nou pe aste bann lezot laparey ki li pou kovid ou Monkey Pox. Nou inn fer enn demann pou aste vaksin pou Monkey Pox. » C’est ce qu’a répondu le Premier ministre Pravind Jugnauth, en réponse à une question de la presse, lundi , alors qu’il venait de faire administrer sa deuxième Booster Dose contre le Covid-19.
Il est venu ainsi clarifier la position du gouvernement sur la taxe de Rs 2, appliquée sur le prix du carburant, pour l’achat de vaccins anti-Covid-19. L’élimination de cette taxe était réclamée depuis quelque temps, surtout après l’annulation des commandes de vaccins.
Jayen Chellum, dénonce les propos du Premier ministre. « Je pense que le gouvernement est en train d’abuser du silence de la population, assommée par les augmentations de prix. On est en train d’exploiter à fond le silence des gens », dit-il. Il ajoute que le gouvernement avait là une occasion de rajuster à la baisse le prix du carburant et d’alléger le fardeau de la population sur le plan de la perte du pouvoir d’achat, mais il ne l’a pas fait.
Le secrétaire général de l’ACIM fait ressortir que la hausse du prix des produits pétroliers est responsable de la poussée de l’inflation. « Il y a 50% de taxes sur les produits pétroliers. Nous avons toujours dit que c’est abusif. Par rapport au salaire moyen, Maurice est l’un des pays où le prix du carburant est le plus cher au monde. Avant la fin de la semaine, nous devrons prendre une décision à ce sujet », ajoute-t-il.
Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors Union, se dit déçu de la présente situation. « C’est injuste de venir retirer de la poche des automobilistes pour acheter des vaccins qui vont par la suite expirer. Cette fois-ci, on prévoit d’acheter encore d’autres types de vaccin. Jusqu’où irons-nous comme cela ? Malheureusement, les chauffeurs de taxi et les consommateurs, en général, en font les frais », s’insurge-t-il.
Le président de la Taxi Proprietors Union considère dommage que le Premier ministre ne soit pas à l’écoute de ceux qui souffrent et qu’il impose sa propre vision des choses. « Nous, nous devons continuer de subir. Les consommateurs continueront à payer plus cher. Car quand le prix du carburant monte, nous n’avons d’autre choix que d’augmenter nos prix », regrette-t-il.
Raffick Bahadoor indique que depuis les dernières hausses successives la clientèle dans le circuit des taxis a baissé par 60%. « Imaginez, si quelqu’un doit payer Rs 150 pour un Local, il préférera garder cet argent pour faire ses provisions. Tout a augmenté. Nous sommes en train de survivre. Après, on viendra pointer du doigt les chauffeurs de taxi pour l’utilisation du gaz »,dit-il.
Au niveau de l’Association Van Lekol, Shameen Sahadut confie que la situation est critique. De nombreux parents, soutient-il, ont cessé de faire voyager leurs enfants par les vans scolaires, en raison du coût élevé. « Si le gouvernement ne peut baisser le prix du carburant, qu’on nous donne des subsides sur le diesel. Nous ne demandons pas cela pour nous, mais pour ces parents, qui se retrouvent en difficulté »,implore-t-il.
Il ajoute que le gouvernement accorde déjà la subvention aux autobus pour le transport des élèves et qu’il serait approprié que ceux qui voyagent également par les vans scolaires ne soient pas pénalisés. « Nous pouvons comprendre ces parents qui n’envoient plus leurs enfants dans les vans scolaires, car le coût de la vie a augmenté. Mais cela leur pose quand même des contraintes supplémentaires. C’est pour cela que nous faisons cette demande de subvention à la place des parents », se demande-t-il.
Rappelons que lors du discours du budget 2021-2022, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait annoncé l’introduction d’une taxe de Rs 2 sur le carburant pour l’achat de vaccins contre le Covid-19. Une décision décriée à l’époque tant par les associations de consommateurs que par l’opposition, qui n’ont pas manqué de faire remarquer que beaucoup de vaccins anti-Covid avaient été reçus gratuitement. Notamment de la part de pays amis, mais aussi sous le programme Covax.
Le ton risque de monter d’un cran avec les derniers chiffres révélés par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, à l’Assemblée nationale, au sujet du stock de vaccins périmés à être détruits au final ou faisant l’objet de dons à d’autres pays (voir détails en pages 4 et 5).