S'il fallait attribuer un prix à des commissions de l'Assemblée régionale de Rodrigues sur une appréciation à vue d'œil, la Commission chargée des infrastructures routières l'emporterait. Cependant, dans leur précipitation à bien faire, les ingénieurs de cette Commission peuvent parfois commettre des erreurs.
L'une d'elles peut être constatée sur la route qui relie Port-Mathurin au Chou, en passant par Montagne-Charlot. Avant que cette route ne soit asphaltée, il existait une grosse roche basaltique solidement implantée dans le sol sur la partie de cette route donnant sur Camp-du-Roi.
Cette roche avait quelque chose d'unique. Ce qui lui a valu une sorte de vénération de la part d'une bonne partie de la population qui connaissait son existence. Elle présentait une surface irrégulière sur laquelle était gravée la trace du pied droit d'un être humain. Bon nombre de Rodriguais lui avaient attribué le nom de Roche Bon Dieu, estimant qu'un tel phénomène ne pouvait se manifester que par l'intervention d'un pouvoir supérieur.
Certains poussaient l'admiration jusqu'à vouloir parvenir en premier sur le lieu le matin pour boire l'eau que la cavité avait recueillie durant la nuit. D'autres se faisaient un malin plaisir pour placer leur pied dans la cavité, estimant leur pré- disposition à marcher dans la trace d'un être supérieur. C'était un phénomène connu par tous les Rodriguais qui empruntaient cette route.
Mais cette roche a disparu. A-t-elle été détruite ou recouverte de bitume ? Nul ne le sait. Même pas Philippe Louis, dit Haji, un habitant de Montagne-Fanal, près de Montagne-Charlot. «Si bann responsab travo ti kominik ek nou, nou ti ava sinial zot ki ti bizin gard sa ros-la.»
Philippe Louis connaît exactement l'emplacement de la roche mystérieuse. On aurait bien pu découper la partie où se trouvait la forme du pied, la placer dans une autre structure et l'exposer à l'entrée de Montagne-Charlot, dit-il. D'affirmer que des étrangers qui ont visité le site ont pris des photos qui peuvent être récupérées.
Dans les milieux officiels, personne ne semble se souvenir de cette roche. Si cet élé- ment du patrimoine avait été conservé, il aurait constitué à coup sûr un atout touristique pour le village.
Cependant, il n'est pas trop tard. Des couches de bitume à l'endroit où se situe la roche peuvent être enlevées afin de vérifier si elle y est toujours.
Accélération des aménagements
La Commission chargée des infrastructures publiques abat cependant un immense travail. Il y a eu ces derniers temps une accélération de l'aménagement de routes. Une des dernières initiatives à bénéficier d'une visite sur le terrain du Premier ministre, Pravind Jugnauth, est la route qui relie la Rivière Bananes, village côtier, à Brûlé, village situé sur la partie est du haut plateau. Il s'y est rendu pour y placer la pierre inaugurale du projet. C'est une route en pente qui parfois peut atteindre les 45°. Mais les ingénieurs chargés d'imaginer le tracé ont fait des prouesses. Des routes ont été aménagées dans des endroits où, il y a des années, personne n'aurait pensé qu'un jour des véhicules autres que des 4x4 circuleraient. Il fut un temps où peu de personnes se seraient aventurées à prendre le volant sur les routes incertaines de Rodrigues.
Des routes dont la qualité est comparable, sinon bien meilleure que certaines à l'île Maurice. L'absence de nids de poule est une des caractéristiques de ces infrastructures qui serpentent la topographie sinueuse de Rodrigues.
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