C'est que Monsieur le gardien a la tâche de surveiller la route qu'empruntera le pape François lors de sa visite chez nous, le 9 septembre. La rencontre en valait le détour.
Il aura 60 ans dans quelques mois. Mais pas question pour Dhanwansingh Soondar de passer son temps à la maison, à ne rien faire. Situation financière oblige, après avoir fait des petits boulots ici et là, cet habitant de Quartier-Militaire a rejoint la compagnie General Construction comme gardien, il y a quelques années. Depuis trois mois, il est posté du côté de Marie Reine de la Paix. Sa mission : surveiller la nouvelle route construite pour la venue du pape François, le 9 septembre. Toutefois, Dhanwansingh devra en principe quitter les lieux cette semaine-ci, pour rejoindre un autre site. «Kot met nou, nou bizin travay nou.»
En attendant, il arrive à Marie Reine de la Paix tous les jours à 16 heures. C'est le moment où les ouvriers, eux, quittent le chantier. «Ena matério, masinn tousala isi. Mo ousi bizin anpes dimounn vinn kas poz isi...» Son service prend fin à 7 heures, le lendemain matin. Et cela 7 jours durant. Pas de congé donc pour Dhanwansingh Soondar. Qu'importe, «c'est un métier que je fais avec amour et passion. J'aime mon travail. D'autant plus que nous sommes bien rémunérés. De plus, ma famille me comprend et me soutient». Combien touche-t-il pour son dur labeur ? Entre Rs 37 000 et Rs 39 000 par mois. De quoi lui permettre de faire bouillir la marmite. Mais aussi repartir de zéro, après que le malheur l'a frappé...
En décembre dernier, ce père de trois enfants a tout perdu dans un incendie qui a complètement ravagé sa maison. «Nanyé pann resté ladan.» Cela s'est produit lorsque sa femme et lui étaient partis dîner chez leurs enfants. «Nous n'avons rien pu sauver et la sécurité sociale nous a donné seulement environ Rs 4 000 comme aide.» Dhanwansingh a ainsi, malgré son âge, dû prendre un loan pour se remettre sur pied. «Tigit tigit ek mo travay mo pe resi payé.»
Ses journées, le battant les passent par ailleurs avec sa femme, qui est malade. «Li ena enn problem zénou. Dokter pa pe kapav fer nanyé pou li», dit-il tristement. Mais aussi avec ses poules. «Mo okip mo poulayé. Mo pastan sa !»
Quid de sa propre sécurité ? «Certes, c'est un métier à risque mais je le fais avec le coeur léger. Mo pa rod lager ek dimounn mwa.» Pour se défendre si besoin est, il a un «zouti», un morceau de bois, sorte de gourdin, qu'il garde précieusement à portée de main. «Mé bondié in protez mwa. Zamé monn gagn problem mwa.»
Pour se détendre, fer ler pasé, il écoute sa petite radio toute la nuit. «J'emmène de quoi manger. Je surveille, je marche, j'inspecte les lieux.» Le sommeil dans tout ça ? Pas question de fermer l'oeil. «Mo pou bizin reponn si ariv kitsoz. Je me repose dans la journée à la maison. Mon corps s'est habitué à ce rythme de vie.»
Dhanwansingh Soondar tient à le préciser : il n'est pas le seul dans cette situation. «Tou gardien zot lavi difisil. Mé bizin fer li pou nouri fami.» La venue du pape, il l'attend également avec impatience. «Samem ki fer nou péi zoli sa, nou tou enn sel, pa get relizion.»