Sécurité Routière : Un Chercheur Mauricien Propose une Boîte Noire pour les Véhicules

il y a 9 années, 1 mois - 6 Octobre 2015, Le Mauricien
Sécurité Routière : Un Chercheur Mauricien Propose une Boîte Noire pour les Véhicules
La hausse du nombre d’accidents fatals et parallèlement le nombre conséquent d’automobilistes pris en contravention pour excès de vitesse depuis l’entrée en vigueur des radars interpellent plus d’un, si bien qu’un chercheur mauricien, Gaj Pyndiah, expert en électronique et ingénieur en informatique, entre autres, vient de l’avant avec une proposition aux autorités : équiper les véhicules d’une blackbox.

Une idée qu’il avait déjà suggérée dans le passé et qui attendait l’approbation du gouvernement de l’époque pour l’établissement d’une loi en ce sens, mais qui a été rangée au placard. En égard à la situation sur nos routes, Gaj Pyndiah remet son idée sur la table, estimant qu’elle contribuerait à réduire les excès de vitesse sur nos routes et détecter les mauvaises habitudes des conducteurs.

Si le système est utilisé aux États-Unis et préconisé en Europe, Gaj Pyndiah estime que son invention, qui est cependant propre aux spécificités de Maurice, serait révolutionnaire pour nos routes si elle est adoptée par les autorités mauriciennes. Il s’est penché sur cette “invention”, suivant un accident fatal survenu en début des années 2000, qui avait fait plusieurs morts dans un van, dans le sud du pays, alors que le véhicule roulait à toute allure.

“Il y a trop de morts sur nos routes en raison des excès de vitesse. Il y a trop de souffrance de familles qui perdent leurs proches parce qu’un conducteur a eu le pied lourd sur l’accélérateur. Aujourd’hui encore, même avec les radars, les automobilistes continuent de conduire excessivement vite. Ils ralentissent au niveau des radars et appuient sur le champignon quelques mètres devant. Il faut arrêter cela”, dit le chercheur. D’où la remise à jour de sa blackbox inventée en 2003 et qu’il veut représenter aux autorités.

Des contraventions automatiques

Selon sa conception, la boîte noire est adaptable à tout type de véhicules, quelle que soit sa consommation, carburant ou électricité. Il s’agit d’un système intégré à l’intérieur du véhicule, relié au Global Positioning System (GPS) qui enregistrera tous les déplacements du véhicule à travers le pays. Ainsi, à chaque déplacement du véhicule, la blackbox sera activée et puisqu’elle possède une carte digitale des routes mauriciennes, elle détectera tout excès de vitesse du conducteur, en fonction des panneaux de signalisation sur les routes.

“Automatiquement si le conducteur commet un excès de vitesse, une alarme se déclenchera pour l’avertir une fois. Si le conducteur continue à rouler au-delà de la limite autorisée, disons dans les 10-15 secondes qui suivent, dépendant de ce que les autorités auront décidé, une deuxième alarme se déclenchera et enverra un signal au conducteur qu’il a une contravention”, explique le chercheur. Et parallèlement, un message sera envoyé à la National Transport Authority (NTA) ou à la police qui seront reliées au système.

“Puisque chaque blackbox sera dotée du numéro de série et du numéro d’enregistrement du véhicule sur lequel il est installé et possédera également les informations relatives à l’assurance ou au certificat de fitness du véhicule, il sera très simple pour les autorités de s’assurer que le conducteur s’acquitte de sa contravention”, explique Gaj Pyndiah, faisant ressortir qu’il suffira à chaque fois que le système détecte un excès de vitesse et émet une contravention, que le conducteur amène son véhicule à la NTA ou à la police pour régler sa contravention, pour que le système soit remis à zéro.

“Plus besoin de radars ou de policiers pour détecter les excès de vitesse et prendre des contraventions, le conducteur aura sa propre police dans son véhicule”, explique-t-il. De même, si toutefois quelqu’un se prenait à enfreindre les règles et tenter d’enlever sa blackbox du véhicule, grâce à un watchdog intégré dans son système, la NTA ou la police sera avertie de la date, du lieu et de l’heure de cette tentative d’ingérence sur le système de la boite.

Des données en cas d’accident

Et en cas d’accidents de la route, la police pourrait utiliser la mémoire digitale de la boîte noire qui aura en relevé la position GPS, la vitesse, l’accélération, le freinage, direction … du véhicule pour retracer les différents mouvements effectués par le conducteur sur les différentes routes qu’il a empruntées jusqu’à l’accident. Pour Gaj Pyndiah, son idée peut contribuer à sauver des vies. “Il serait bon aujourd’hui que les autorités étudient cette possibilité qui réduirait de beaucoup les dépenses en matière de sécurité routière, mais aussi responsabiliserait davantage les automobilistes”, estime le chercheur qui envisage de solliciter une rencontre avec le ministre de tutelle.
S’il peut s’avérer très utile pour les véhicules de transport collectif comme les autobus ou les vans, par contre le blackbox trouvera sans doute une résitance de la part des particuliers sur la base de l’atteinte à la liberté individuelle.