Speed Cameras: 8 748 Automobilistes Flashés Depuis le Permis à Points

il y a 10 années, 8 mois - 31 Juillet 2013, Le Mauricien
Speed Cameras: 8 748 Automobilistes Flashés Depuis le Permis à Points
Plus de deux mois après l’introduction du permis à points sur nos routes, l’heure est venue de faire un bilan.

Première constatation : on dénombre sept accidents fatals de moins qu’au cours de la même période en 2012. Quant aux speed cameras, elles ont pris plus de 8 000 automobilistes en flagrant délit d’excès de vitesse. Aucun d’entre eux n’a cependant encore atteint la barre fatidique des 15 points, même si deux chauffards s’en rapprochent dangereusement.
Les chiffres compilés au niveau des Casernes centrales indiquent que depuis la mise en application du permis à points, le 10 mai dernier, jusqu’au 25 juillet, pas moins de 8 748 automobilistes ont été flashés par les 16 speed cameras installées dans diverses régions de l'île. De ce nombre, 257 ont été épinglés pour avoir roulé 25 Km/h au-dessus de la limite autorisée, délit passible, selon la Road Traffic act, de 2 à 4 points et de Rs 2 000 d'amende. Notons toutefois que certains contrevenants n'ont pas encore écopé de points ni même payé d'amende. Et pour cause : ce n'est qu'après quelques jours que ceux-ci reçoivent, via la poste, leur « photographic enforcement device notice ». Sans compter qu’ils disposent dès lors de 21 jours pour éventuellement contester cette dernière en entamant des démarches à la police et en cour. Outre ces 8 748 automobilistes flashés, pas moins de 3 700 contraventions ont été dressées contre des automobilistes au cours de la même période, et ce pour d'autres délits « graves » selon la Road Trafic act.
Plus de deux mois après l’introduction du permis à points, aucune suspension n'a toutefois encore été relevée au niveau des Casernes centrales. Selon les chiffres disponibles, deux usagers ont toutefois cumulé plus de la moitié des 15 points entraînant la suspension du permis. Ces automobilistes totalisent en effet huit points sur leur Driving Licence Counterpart (DLC) pour quatre délits, avec des pénalités de 2 points chacun. D'autre part, s'agissant du DLC, environ 413 559 automobilistes ont déjà récupéré ce document. Néanmoins, il demeure quasiment impossible pour les responsables de la Traffic Branch d'avancer le nombre exact d'automobilistes ne s’étant pas encore présentés pour réclamer leur DLC.
Dressant un bilan général du permis à points depuis son entrée en vigueur, les responsables de la Traffic Branch évoquent déjà un « effet positif » en se fondant principalement sur les retombées des accidents fatals. Entre le 10 mai et le 25 juillet de cette année, les autorités ont en effet recensé 22 accidents fatals, contre 29 pour la même période en 2012. « Il y a eu un effet positif du permis à points sur nos routes. Depuis son entrée en application, nous avons noté un changement de comportement de la part des conducteurs. L'introduction du système est positive, surtout dans le sens où la tendance du nombre d’accidents fatals est à la baisse », a précisé le surintendant Deena, de la Traffic Branch, qui intervenait lors d'un point de presse hier après-midi pour annoncer la mise en œuvre prochaine d'un système de contrôle médical de l'aptitude à la conduite, ainsi que l'élaboration d'un système de dépistage de drogue chez les conducteurs et la mise en place d'un observatoire d'accidentologie (voir texte plus loin).



L’“impressionnant” CV du Dr Mercier-Guyon
Présentant le Dr Charles Mercier-Guyon lors de cet exercice médiatique hier, Ben Buntipilly a fait comprendre que sa mission à Maurice fait suite à une réponse parlementaire du Premier ministre Navin Ramgoolam en mai dernier, portant sur la venue d’un expert pour revoir la législation concernant le contrôle médical de l’aptitude à la conduite. Brossant le portait de ce spécialiste français de la prévention routière, Ben Buntipilly devait faire état d’un CV « impressionnant à plus d’un titre ». En effet, le Dr Charles Mercier-Guyon est spécialiste en médecine légale et en médecine d’urgence à l’hôpital d’Annecy, France. Il est membre de plusieurs comités internationaux, de l’Union européenne et des États-Unis, qui traitent des questions relatives à l’alcool et d’autres drogues dans la conduite. En 2000, ses efforts ont contribué à l’adoption d’un projet de loi à l’Assemblée nationale française, sur la prévention de la consommation de drogues par les conducteurs. Le Dr Guyon-Mercier a aussi mené les premiers cours de formation de la police dans le dépistage de drogues au bord de la route. En 2011, il a reçu la Légion d’honneur, la plus haute distinction honorifique accordée par l’État français.

DÉPISTAGE DE DROGUES: d’ici novembre
Après l’entrée en vigueur du permis à points, d’autres importants projets devraient voir le jour d’ici novembre en ce qui concerne la sécurité routière. En effet, depuis le début de semaine, le Dr Charles Mercier-Guyon est à Maurice pour des consultations avec le Bureau du Premier ministre et les responsables de la police, entre autres, en vue de revoir la législation pour la mise en application d’un contrôle médical de l’aptitude à la conduite, l’élaboration d’un système de dépistage de drogues chez les conducteurs et la mise en place d’un observatoire de la sécurité routière.
À ce stade, il est attendu que ces projets soient en vigueur d’ici novembre prochain dans l’éventualité où tout se déroule comme prévu avec, entre autres, le texte de loi voté au parlement. Cependant, il se pourrait également que ces projets fassent l’objet d’un test avant leur véritable mise en application.
Au cours du point de presse hier après-midi, le Dr Charles Mercier-Guyon, en présence de Ben Buntipilly, conseiller au PMO, a d’abord indiqué que le contrôle médical de l’aptitude à la conduite concernera uniquement les postulants pour un permis poids lourd — camion, transport en commun —, taxi ou encore ambulance.
Le deuxième groupe de conducteurs concerné par ce système : ceux ayant été sanctionnés pour alcool ou drogue au volant. Les chauffeurs souffrant d’un handicap ou atteints d’une maladie grave devront aussi se soumettre à cette visite médicale. « Ce sera une manière d’aider les gens à conserver leur liberté de déplacement grâce à la validation par des médecins agréés et certifiés », indique le Dr Charles Mercier-Guyon, avant se soutenir que le gouvernement devra mettre en place un board médical, sous l’autorité du PMO, afin de permettre aux conducteurs d’être examinés.
L’autre projet touche le dépistage de drogue au volant. Il sera question des plantes et des substances classées comme narcotiques et des médicaments détournés de leur usage et utilisés illégalement. « Les drogues au volant ne sont pas diaboliques mais sont au même niveau que l’alcool en termes de dangerosité. Il y a des drogues dangereuses et d’autres qui en sont moins. C’est comme l’alcool : boire de la bière et un litre de rhum, n’est pas la même chose », a déclaré ce spécialiste en médecine légale. Dans la plupart des cas, ce sera des tests d’urine. Dans l’éventualité où le chauffeur sera contrôlé positif, il devra passer une visite médicale pour un examen clinique en vue d’apporter des éléments complémentaires avant de faire une prise de sang. Cependant, dans certains cas, soit dans des accidents avec mort d’homme, la prise de sang sera privilégiée.
Finalement, le projet d’un observatoire de la sécurité routière permettra de regrouper les données provenant des rapports de police et du Forensic Science Laboratory (FSL). L’observatoire impliquera d’autres acteurs du secteur du transport et des compagnies d’assurances. Il sera géré directement par le PMO, le FSL et la police pour permettre d’avoir des données fiables et régulières, non seulement sur des accidents de la route, mais sur des éléments qui permettent de lancer des actions de prévention.