Fermetures des points de vente, pénurie mondiale de semi-conducteurs : la pandémie secoue les constructeurs automobiles. Mais dans la tempête, Toyota fait mieux que résister. Mi-mai, le japonais a même annoncé un bond de 10,3 % de son bénéfice net à l'issue de son dernier exercice fiscal 2020/2021 !
Si le bilan côté livraisons est, sans surprise dans ce contexte, en baisse (- 15 %), le constructeur asiatique reste de loin numéro 1 mondial. Sur l'année 2020, Toyota a livré près de 8 millions de véhicules. Pour la marque Volkswagen, c'était 5,7 millions ! Une domination qui est le résultat d'une notoriété et d'une implantation mondiales, mais aussi de choix qui sortent de l'ordinaire. Parmi les grands noms de l'industrie au positionnement généraliste, Toyota sort du lot pour de nombreuses raisons.
Il a abandonné le diesel depuis longtemps
Entamée il y a plusieurs années, la dé-dieselisation du marché s'accélère. L'abandon suit une montée en gamme. Déjà disparu chez les petites citadines, le diesel se fait aujourd'hui rare chez les citadines polyvalentes, type Clio. Et le mouvement commence à toucher les modèles compacts. Récemment, les Nissan Qashqai et Renault Captur ont fait une croix sur le gazole. Assurément, d'ici quelques années, le diesel aura quasiment disparu de l'offre des véhicules particuliers. Mais c'est déjà le cas chez Toyota, ou presque, le diesel étant limité aux modèles plus utilitaires, comme le gros Land Cruiser et le pick-up Hilux.
Si d'autres marques sont déjà diesel-free, ce sont le plus souvent des firmes moins diffusées, comme Porsche. Le japonais est clairement en avance chez les grands constructeurs généralistes. Il a fait très tôt le choix de délaisser ses blocs D-4D. Il a pu se le permettre grâce à la popularité de ses hybrides, évidemment ! D'ailleurs, une partie de la gamme a même abandonné l'essence classique !
Il croit encore en la petite citadine
La petite citadine, une espèce en voie de disparition ? Plusieurs grands constructeurs, dont Ford et Opel, ont déjà quitté le segment. D'autres s'apprêtent à le faire. Renault ne remplacera pas la Twingo. De leur côté, Citroën et Peugeot n'ont pas prévu de donner une suite directe aux C1 et 108. Les français ont donc mis fin à la coentreprise qu'ils avaient montée avec Toyota en 2002, avec une usine partagée. Bien que lâché, le japonais n'a pas l'intention de laisser l'Aygo sans suite.
Toyota a confirmé le lancement d'une troisième génération, d'ici début 2022. Il en a donné un avant-goût avec ce sympathique concept-car. Le japonais a souligné l'importance de conserver dans son offre un "point d'entrée accessible". Et pour cela, l'Aygo se doit de conserver un moteur essence. La marque souligne que c'est une composante majeure de l’accessibilité au sein d’un segment où la sensibilité prix est l’un des critères déterminant. Il rappelle que les clients de la catégorie plébiscitent encore largement le thermique et pense que ce sera le cas encore jusqu'en 2030.
L'Aygo est de plus un joli succès pour Toyota en Europe, il faudrait être fou pour l'abandonner… d'autant que la prochaine va profiter d'une concurrence moins forte, avec donc les PSA en moins ! Mais alors, pourquoi les français arrêtent ? Parce qu'ils jugent ces modèles trop peu rentables. Toyota va jouer sur les volumes pour y arriver seul, en utilisant notamment la même base technique que les Yaris et Yaris Cross. Les Aygo et Yaris partageront d'ailleurs l'usine tchèque.
Il ne se presse pas pour l'électrique
Alors que certains communiquent abondamment sur la voiture électrique, multipliant les annonces de projets et des sommes investies, Toyota s'est longtemps fait discret sur le sujet. Le japonais vient tout juste de poser une roue sur le marché… via PSA. Ses premiers modèles 100 % électriques sont en effet ses combispaces et utilitaires produits par le français. Son offensive sur l'électrique, avec un premier modèle de sa conception, ne commencera qu'en 2022, avec le bZ4X, un SUV compact.
Le japonais a-t-il été réfractaire à l'électrique ? Non, il a suivi une logique industrielle. Début 2020, un responsable nous avait confié que la marque attendait que le marché de l'électrique décolle vraiment. Surtout, il avait souligné que ses concurrents avaient été pressés par la norme CAFE. Celle-ci fixe un quota de CO2 à respecter pour les ventes en Europe. Les dépassements sont sanctionnés par des amendes. Pour éloigner le spectre de la sanction, des marques ont joué sur le fait que les électriques sont avantagées dans le calcul (VW a bourré ses concessions d'ID.3 immatriculées en décembre dernier).
Un problème inconnu de Toyota, car il est le roi incontesté de l'hybride simple. En Europe, ce type de motorisation a représenté 53 % de ses ventes en 2020, et même 63 % pour l'Europe de l'Ouest. Cela lui permet d'avoir un très bon bilan CO2. Pour éviter une amende, le constructeur n'a pas eu besoin de lancer en urgence des électriques. Attention toutefois à ne pas prendre du retard maintenant. Si Toyota a déjà promis plusieurs modèles bZ, le bZ4X arrivera plus d'un an après le Volkswagen ID.4, élu voiture mondiale de l'année 2021.
Autre preuve que Toyota sort du lot, il a d'ailleurs pu donner l'impression de mettre la charrue avant les bœufs en misant sur la voiture à hydrogène, un type de propulsion qui ne devrait pas se démocratiser avant la prochaine décennie. Le japonais en est même déjà à la deuxième génération de la Mirai.
Il n'a plus de tabou esthétique
Il y a une époque pas si lointaine où une Toyota, c'était fade. On se souvient par exemple des Corolla et RAV4 dessinés au cours de la décennie 2000. Si l'on met de côté les Prius, volontairement bizarres pour rappeler qu'elles avaient une motorisation avant-gardiste, le japonais assumait un design très conventionnel, imposé notamment par le fait que ses produits étaient mondiaux. Le client ne cherchait pas l'originalité, il voulait avant tout les qualités historiques de la firme, à commencer par la fiabilité.
Mais tout a changé au cours de la dernière décennie. La firme s'est lâchée et sa gamme comporte de nombreux produits au look exubérants. Un jalon marquant a été la deuxième génération de l'Aygo, avec son visage barré d'un X noir. Il y a ensuite eu le C-HR, véritable exercice de style, ou encore la dernière génération de RAV4, au look très Goldorak, que l'on aime ou déteste !
Il propose une vraie offre de sportives thermiques
Le spécialiste de l'hybride n'a pas renoncé au fun. C'est même lié : grâce à la popularité de ses modèles électrifiés, Toyota a un niveau de CO2 bas, loin de son quota CAFE, et peut donc oser des extras sans crainte. Il a ainsi une offre complète de nouvelles sportives, sans aucune électrification !
Grâce à un partenariat avec BMW, la Supra a pu faire son retour, avec un six cylindres en ligne bavarois de 340 ch. Un cran en dessous, la marque vient d'annoncer que la remplaçante de la GT 86 sera bien proposée en Europe. La nouvelle GR 86 restera l'un des rares petits coupés vendus par une marque généraliste.
Autre modèle en voie de disparition, mais qui reste disponible chez Toyota : la petite bombe. Et le constructeur s'est même fait plaisir pour sa Yaris GR, lui donnant une silhouette 3 portes spécifique, un bloc 3 cylindres de 261 ch et une transmission intégrale. Pendant ce temps, la Clio RS, une des sportives les plus vendues chez les citadines, a disparu.
Et ce n'est pas tout. Il se murmure que la firme prépare une version route de sa nouvelle hypercar pensée pour le championnat du monde d'endurance ! Preuve encore que Toyota est à part.
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