Transport en commun : levée de boucliers de l’UBIW face aux “disturbing statistics”

il y a 2 années, 11 mois - 15 Novembre 2021, Le Mauricien
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Du 1er octobre au 10 novembre, la CNT a connu cinq décès au Covid-19 et 79 cas positifs dans ses six dépôts à travers l’île. Ultimatum jusqu’à mardi au ministre Ganoo en vue de revoir les restrictions sanitaires dans les transport public en imposant un nombre limité de passagers par autobus

La Union of Bus Industry Workers (UBIW) monte en première ligne pour dénoncer la situation sanitaire catastrophique dans le transport en commun en marge de la pandémie du Covid-19.

D’entrée de jeu, les animateurs de ce syndicat, Saleem Bacsou, président, Alain Kistnen, secrétaire, et Ashok Subron, négociateur, soulignent que dans la seule Corporation Nationale de Transport, cinq décès akoz-Covid et 79 cas positifs ont été enregistrés du 1er octobre au 10 novembre.

De ce fait, ils font un pressant appel au ministre du Transport, Alan Ganoo, à sortir de sa léthargie pour prendre des mesures sanitaires en vue de redresser la barre pour lutter contre la prolifération du variant Delta. Un ultimatum, arrivant à échéance mardi, est imposé, faute de quoi, l’UBIW prévoit de « decide on any legitimate action to protect the lives and safety of bus transport workers » et du public voyageur en général.

S’appuyant sur la déclaration du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de ce jeudi, au sujet du « worsening of Covid, with Delta variant », l’UBIW dresse un tableau sombre de la situation à la CNT, l’un des principaux opérateurs dans le transport en commun, donnant une indication de ce qui pourrait être le cas dans les autres entités concernées. Les 79 cas de contamination au Covid-19 se répartissent comme suit

  • Dépôt de Rémy Ollier : 28
  • Rivière-du-Rempart : 17
  • La Tour Kœnig : 13
  • Souillac : 6
  • Forest-Side : 14
  • Bonne-Terre : 1

« The disturbing statistics reveal that, for the last 40 days, five NTC transport employees have lost their lives due to Covid-19, while there has been an average of two Covid-19 positive employees per day for the period », note l’UBIW sans s’aventurer à commenter la situation dans les autres compagnies de transport en commun.

Dans une tentative de participation à la démarche nationale visant à briser la chaîne de transmission du virus, les syndicalistes souhaitent voir le ministre mettre à exécution des mesures sanitaires d’urgence obligatoires, dont principalement la limitation du nombre de passagers dans un autobus. Et cela au plus tard mardi.

Jusqu’ici, Alan Ganoo s’est fait un fervent partisan du nombre sans limites de passagers par autobus. La proposition est que peu importe que ce soit un siège de deux ou de trois places, un seul passager ne devrait être autorisé par siège dans les autobus. Vu le nombre limité de passagers dans un autobus, les représentants de l’UBIW préconisent une réorganisation du secteur du transport en commun, soit

  • les opérateurs, compagnies et individuels, doivent mettre sur route tous les bus avec des Public Service Vehicle Licenses
  • l’exploitation d’un maximum de bus à des heures de pointe, quitte à voir le gouvernement ayant recours à des bus privés pour faire face à la demande et
  • des subventions pour permettre aux opérateurs de recouvrer le manque à gagner avec la nouvelle formule d’un passager par siège.

« We fail to understand why, because of Covid, big banks and top companies have been subsidised by the Mauritius Investment Corporation Ltd or by other form of public funds, and not public transport. », se demandent les représentants de l’UBIW. Ces derniers s’indignent contre le fait que dans la nouvelle série de restrictions annoncées par le Premier ministre, aucune mention n’est faite pour ce qui est du transport en commun, un élément incontournable dans la lutte contre la propagation du Covid-19.

« We note that the government has reintroduced restrictions such as restriction on the number of people in assembly, to be not more 50 than people, to participate in religious activities to be not more than 10 people, and to attend wedding to not more than 50 people », fait comprendre l’UBIW, ajoutant que « we fail to understand the rationale of introducing these restrictions while permitting a bus packed with 60 passengers to operate. This is irresponsible from a caring government. »

Pour justifier l’ultimatum de mardi, les syndicalistes font comprendre au ministre Ganoo que « you will agree that the request we are making relates to an issue, which has already cost the lives of many transport workers and can potentially endanger further lives of transport employees, as well as of other citizens. This is why we are requesting that the mandatory sanitary measures, limiting the number of passengers in the public bus transport and its accompanying measures, be implemented at latest this Tuesday. »

Mesures sanitaires pas toujours bien accueillies par tout le monde

Les nouvelles mesures sanitaires pour contenir la propagation du coronavirus, de par leur aspect restrictif, ne font pas plaisir à tout le monde. Certains acteurs économiques du transport en commun, saluent l’initiative, alors que d’autres calculent déjà leur impact sur une activité déjà en berne.  

À savoir qu’un comité exécutif de l’Union of Bus Industry Workers aura lieu ce mardi, 16 novembre, pour discuter justement des mesures sanitaires imposées par le gouvernement.

Bien que les restrictions sanitaires n’aient pas été établies pour le secteur du transport en commun, certains s’attendent à un impact négatif sur leur travail. À l’instar des chauffeurs de taxi. Raffick Bahadoor, de la Taxi Owners Association, fait justement écho de leurs inquiétudes.

« Nous avions eu une lueur d’espoir face à la reprise mais avec toutes ces restrictions sanitaires, nous serons encore face à des difficultés. »  déclare Raffick Bahadoor, de la Taxi Owners Association.

L’Union of Bus Industry Workers, estime qu’il faut revenir à l’ancien système. À savoir travailler sur le taux de remplissage du véhicule. C’est du moins ce que nous dit le secrétaire de l’UBIW, Alain Kistnen.

« Nous avons le regret que la distanciation sociale soit de nouveau respectée dans les bus mais malheureusement nous n’avons pas d’autre choix car le risque de contamination est encore plus présent dans les transports en commun. » déclare le secrétaire de l’UBIW, Alain Kistnen.

Swaley Ramjane, managing director d’United Bus Service, est d’avis que les restrictions sanitaires sont nécessaires, pour juguler la contagion.

« Face à la situation grave que connait Maurice je pense qu’il fallait que les restrictions sanitaires soient renforcées dans le pays. Je pense que la situation pourrait retourner tout doucement à la normale dans deux semaines. » déclare le managing director d’United Bus Service, Swaley Ramjane.

Les différents acteurs économiques restent néanmoins conscients que tout retour à la normale passe par des sacrifices parfois durs à gérer.