Toutefois, les opérateurs continuent à pointer du doigt les conditions sanitaires dans les autobus. La NLTA a émis un communiqué vendredi sur les nouvelles mesures à appliquer. Des mesures plus décriées qu’appréciées…
Nous avons tâté le pouls des employés des transports en commun. Ils sont unanimes: ils craignent pour leur vie. «Il y a un manque de sécurité dans les transports. La cause est que certains voyageurs ne veulent pas porter le masque correctement. Quand vous leur demandez de le faire, ils élèvent la voix», soutient l’un des travailleurs.
Il est secondé par son collègue d’une autre compagnie. «On aurait pu demander à la police d’effectuer des contrôles dans les bus. Même d’y voyager en civil afin de verbaliser ceux qui ne prennent les précautions.»
Il fait face à un autre problème. «Parmi les voyageurs, comment reconnaître ceux qui ont effectué des tests PCR à l’hôpital et qui se sont révélés positifs au Covid-19 ? Jamais le passager ne va vous dire qu’il est positif. Nous sommes à risque. Nous vivons avec la frayeur d’apporter ce virus chez nous au quotidien.»
Vendredi, la National Land Transport Authority (NLTA) a émis un communiqué avec des mesures strictes à être respectées par les passagers. Hormis le fait que le public doit porter correctement son masque et utiliser régulièrement du gel hydroalcoolique, les autobus ne peuvent plus véhiculer des passagers debout.
Le public doit aussi respecter la distanciation physique sous les abribus. Il est conseillé aux personnes âgées et aux enfants de ne pas voyager aux heures de pointe, de 6 heures à 10 heures et de 14 h 30 à 20 heures, en semaine. Pour tout délit, le contrevenant risque une amende de Rs 50 000 et une peine d’emprisonnement de deux ans.
Toutefois, cela reste des mesures basiques. Le sujet des autobus bondés a été repris lors de la conférence de presse du Mouvement militant mauricien (MMM), samedi. Paul Bérenger trouve «révoltant» ce qui se passe dans les transports en commun. «Combien de morts (Alan) Ganoo va avoir sur sa conscience ? Je pense que les transports en commun sont l’une des causes principales de la multiplication des cas. Il commet un crime vis-à-vis de l’île Maurice.»
Pendant la semaine écoulée, Alain Kistnen, secrétaire de l’Union of Bus Industry Workers (UBIW), n’a eu de cesse de défendre la santé des travailleurs auprès du ministre du Transport, en vain. «Nous avons eu une rencontre avec le ministre et la NLTA mercredi. Nous leur avons fait comprendre que le transport en commun est un vecteur de la contamination. Il est triste de dire que ceux qui décident pour nous ne voyagent pas dans les transports en commun. Le ministre a souligné qu’il est difficile de pratiquer la distanciation physique dans les autobus, certains vont dire qu’ils n’ont pu arriver au travail à temps. Et qu’il faudra augmenter la fré- quence des autobus et que cela sera difficile.»
L’UBIW a même suggéré au ministre que le gouvernement mette plus l’accent sur le télétravail pour éviter la contamination. «Avec les collégiens qui sont à la maison, on pourrait réattribuer leurs autobus. On pourrait aussi avoir une flexibilité sur les heures de travail. Cela pourrait se faire sur un essai pilote d’au moins un mois. Ainsi, on verrait que les compagnies d’autobus peuvent aussi casser la chaîne de transmission.»
Le ministre Alan Ganoo a déclaré qu’il doit en discuter au Conseil des ministres. «Mais la circulaire de la NLTA est sortie avant la tenue du Conseil des ministres…» Alain Kistnen se dit déçu car l’UBIW voulait protéger la classe travailleuse qui voyage au quotidien dans ces transports.
Le mouvement syndical ne compte pas mettre fin à sa bataille. «Une rencontre se tiendra demain (NdlR : aujourd’hui) pour décider de la marche à suivre», fait ressortir le syndicaliste. Une grève généralisée est-elle à l’ordre du jour ? Le secrétaire de l’UBIW répond que «la grève sera notre dernier recours».
Il ne faut pas oublier qu’à la Compagnie nationale du transport (CNT), cinq personnes ont déjà perdu la vie à cause du Covid-19. «Le nombre de cas positifs au sein des compagnies de transport a augmenté», déplore Alan Kistnen.
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