Trente piétons tués en six mois: ce qui ne marche pas

il y a 1 année, 5 mois - 17 Juillet 2023, lexpress.mu
Trente piétons tués en six mois: ce qui ne marche pas
79. C’est le nombre de personnes qui ont perdu la vie dans 77 accidents de la route depuis le début de l’année jusqu’au lundi 10 juillet.

Parmi les victimes, on compte 30 piétons, 24 motocyclistes, quatre passagers, huit conducteurs, sept occupants, quatre cyclistes et deux aide-conducteurs. Un chiffre alarmant et inquiétant, selon Barlen Munusami, ex-sergent à la Traffic Branch et expert en sécurité routière...

Cette année, les piétons représentent le plus grand nombre de morts dans des accidents de la route. Est-ce une situation souvent notée et quelle en est l’explication ? Selon l’ex-sergent de la Traffic Branch, auteur du Guide complet du conducteur et expert en sécurité routière, Barlen Munusami, les piétons et les motocyclistes ont toujours été les plus vulnérables dans les accidents de la route. De plus, fait-il valoir, en hiver, c’est presque un «phénomène normal» que plus de piétons perdent la vie sur les routes.

La raison principale : il fait sombre plus tôt en fin d’après-midi et toujours sombre tôt le matin comparativement à l’été. Donc, les piétons sont moins facilement visibles sur la route, mais il y a aussi ceux qui en plus d’être vêtus de vêtements sombres traversent hors passage clouté ou n’utilisent pas les passerelles sur l’autoroute, par exemple. «Il faut faire comprendre aux piétons qu’ils ont des responsabilités quand ils sont sur l’espace public et qu’ils doivent faire preuve de vigilance et de prudence.»

Pour les deux piétons tués par le métro, Barlen Munusami explique qu’il ne faut pas généraliser ces cas, les prendre comme références car ils sont peu à avoir perdu la vie dans ces circonstances. «Encore une fois, c’est au piéton de prendre sa responsabilité. Le métro est sur les rails, le piéton a le devoir de bien regarder avant de traverser et de ne pas marcher sur les rails le soir, par exemple.» Cependant, il est clair qu’il est possible d’améliorer les infrastructures pour mieux protéger les piétons. Il y a, explique-t-il, des lieux très fréquentés avec beaucoup de va-et-vient et où les rails et la route sont au même niveau ; dans ces cas spécifiques, l’on pourrait installer des clôtures. «Pas partout, mais dans des lieux spécifiques où il y a un danger pour les usagers de la route.»

«Zig-zag à gauche»

Dans le cas des motocyclistes, encore une fois, l’expert en sécurité routière souligne que plusieurs facteurs y contribuent. Par exemple, le casque qui n’est pas conforme et qui de ce fait ne donne pas une protection maximale en cas d’accident, le «zig-zag à gauche» sur la route, la vitesse ou encore les angles morts qui ne sont pas détectés par les rétroviseurs des motocyclistes, sont les causes. «Beaucoup de motocyclistes sont indisciplinés sur les routes, agressifs et en quête d’adrénaline, de sensations fortes...»

Barlen Munusami indique dans le même souffle, que le chiffre de 79 pour les six derniers mois est alarmant et que si rien n’est fait pour renverser la tendance, jusqu’à la fin de l’année, nous pourrions frôler les 125 à 130 morts sur nos routes. «Est-ce parce que les conducteurs sont moins disciplinés, moins attentionnés sur les routes ? Ou parce que les routes sont devenues plus complexes notamment avec l’augmentation de la flotte de véhicules. Nous avons un flot automobile d’environ 650 000 pour une population de 1,3million, c’est énorme. Il est clair que cela cause plus de frictions entre les véhicules et des accidents.»

La solution pour renverser la tendance est d’entamer des campagnes de sensibilisation en continu et des wake-up calls, selon Barlen Munusami. Il faudrait aussi plus de policiers sur le terrain qui cibleraient plus les automobilistes sur les délits à la sécurité routière, comme les excès de vitesse, l’alcool au volant, le non-port de la ceinture de sécurité, entre autres. Ces opérations devraient aussi être étendues partout à travers l’île, pas toujours aux mêmes endroits. «Les conducteurs doivent craindre d’être contrôlés n’importe où et n’importe quand par la police.»