
Le constat émane de l’Insurers Association of Mauritius (IAM), qui a tiré la sonnette d’alarme en appelant la Banque de Maurice à revoir le système de Primary Dealership.
Pour le secrétaire de l’IAM, Vasish Ramkhalawon, la situation est préoccupante. «Ce n’est pas seulement une question de hausse des tarifs ; c’est une question d’accessibilité. Aujourd’hui, pour de nombreux ménages, l’assurance médicale en particulier est perçue comme un produit de luxe, réservé à une minorité», souligne-t-il. Les données compilées par l’association montrent qu’entre 2019 et 2024, les assurés ont subi une augmentation de 50 % sur leurs contrats, une évolution sans précédent. Cette flambée, explique Vasish Ramkhalawon, est le résultat d’une combinaison de facteurs, soit la hausse des coûts médicaux et hospitaliers, l’impact de la dépréciation de la roupie sur les importations de pièces détachées et plus largement, la montée des pressions inflationnistes.
Face à cette spirale, IAM appelle à une révision du système de Primary Dealership, qui conditionne le fonctionnement du marché obligataire et influence indirectement les coûts pour les assureurs. «Le système actuel, pensé à une autre époque, n’est plus adapté aux réalités économiques du pays. Nous devons réfléchir à des mécanismes qui permettent de préserver l’équilibre entre les compagnies et les assurés», plaide son secrétaire. L’association insiste sur la nécessité d’un dialogue structuré avec la Banque centrale et le gouvernement afin de rétablir une certaine soutenabilité dans le secteur.
Le secrétaire de l’IAM met en garde : l’assurance médicale, qui devrait être un filet de sécurité accessible à la majorité, est en train de se transformer en produit élitiste. «Dans un contexte où les coûts de santé augmentent rapidement, l’absence d’une couverture médicale abordable expose une grande partie de la population à de graves risques financiers en cas de maladie», affirme-t-il. Cette situation pourrait également accentuer les inégalités sociales, certains ménages renonçant tout simplement à souscrire à une couverture, faute de moyens.
Au-delà des ménages, les assureurs eux-mêmes se retrouvent pris dans un cercle vicieux : plus les coûts augmentent, plus les primes doivent être ajustées, ce qui réduit encore la capacité des assurés à maintenir leur couverture. «Si rien n’est fait, nous risquons d’aboutir à une contraction du marché, ce qui n’est dans l’intérêt de personne», avertit Vasish Ramkhalawon.
Parmi les pistes évoquées : une révision des mécanismes de financement liés au système obligataire, un dialogue renforcé avec les régulateurs et une réflexion sur le rôle que pourrait jouer l’État dans la démocratisation de l’assurance médicale. Pour Vasish Ramkhalawon, il ne s’agit pas de freiner l’activité des assureurs, mais de trouver un équilibre durable : «Nous devons préserver la viabilité du secteur tout en garantissant que les produits demeurent accessibles. L’assurance est un pilier de stabilité pour les familles et pour l’économie dans son ensemble.»
Au final, la hausse des primes d’assurance dépasse la simple question de tarifs. Elle interroge sur la capacité de Maurice à garantir des filets de sécurité financière et sociale dans un contexte de fragilisation économique. Entre inflation, pressions extérieures et contraintes locales, la nécessité d’une réforme systémique apparaît de plus en plus incontournable.
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