Urban Terminal de Quatre-Bornes : Le promoteur bientôt désigné

il y a 2 années, 1 mois - 14 Novembre 2022, Le Mauricien
Urban Terminal de Quatre-Bornes : Le promoteur bientôt désigné
Quatre portions de terrain d’une superficie totale de 18 572 m² lui seront allouées

La mairie confrontée au casse-tête du relogement temporaire des 550 locataires du bazar

La désignation du promoteur chargé d’élaborer le projet de construction du Quatre-Bornes Urban Terminal est imminente. Il disposera de quatre portions de terrain d’une superficie totale de 18 572 m² identifiés comme parcelles A, B, C et D. L’aménagement d’une passerelle vitrée et bordée de verdures, surplombant la route Saint-Jean, pour relier la station du métro à la foire et au marché, constitue le point d’orgue du projet. Sauf que l’incertitude plane toujours sur le sort qui sera réservé aux quelque 550 locataires des étals du bazar qui ne savent toujours pas où et dans quelles conditions ils seront relogés pendant la durée des travaux. Outre la modernisation du bazar, en contrebas, la Newton House, qui trône au-dessus du centre-ville depuis 61 ans, sera détruite pour faire place à un centre commercial moderne, au grand dam des amoureux du patrimoine (voir plus loin), alors que le promoteur désigné aura la tâche de construire un parking pouvant accueillir 1 400 véhicules sur une superficie de 3930 m² à l’arrière du bazar.

Le maire Nagen Mootoosamy croit dur comme fer dans ce projet de terminal urbain moderne qui fait figure, selon lui, de réponse récurrente aux maux de la ville. « L’avènement du projet Metro Express à Quatre-Bornes donne des opportunités pour le réaménagement du centre-ville. L’Urban Terminal se présente désormais comme le catalyseur pour atteindre les objectifs de développement durable, de modernisation et de régénération. » Ce dernier avait confié à Week-End, le 6 juin 2022—avant même le lancement de l’exercice d’appel d’offres,—vouloir privilégier la construction d’une large passerelle surplombant la route Saint-Jean pour connecter la gare intermodale et le bazar compte tenu de la problématique des places de parking d’une part, et, le flux de personnes qui traverseront la route avec l’arrivée du métro. Il ne fait désormais plus aucun doute que ladite passerelle fera partie du décor du centre-ville à la fin des travaux qui devraient s’échelonner sur deux ans au minimum. Les soumissionnaires voient, en effet, d’un bon œil ce modèle commercial et l’allocation des quatre portions de terrain d’une superficie totale de 18 572 m² au promoteur désigné.

La parcelle A est un terrain d’une superficie de 2900 m² qui englobe le Jules Koenig Traffic Centre, la station de métro, la gare d’autobus et la place des taxis. La parcelle A sera donc connectée aux parcelles B et C grâce à une passerelle. La parcelle B, qui fait 9544 m², concerne l’emplacement du bazar où le promoteur aura la tâche de construire un marché et une foire moderne dotés de 650 étals, une aire de restauration et des toilettes publiques en contrebas, alors qu’un centre commercial sera érigé en hauteur. Des espaces verts, tout autour de la passerelle notamment, feront partie intégrante du projet dans son environnement existant. « This green bridge will create strong and safe pedestrian connectivity from the town centre to all amenities of the dynamic, vibrant and urban hub », souligne le maire. La parcelle C, un terrain municipal qui s’étend sur une superficie de 2198 m², abrite la Newton House, et ses deux étages, qui seront démolis pour faire place à un centre commercial moderne de plusieurs étages qui accueilleront une salle de cinéma, des restaurants, des bureaux et des salles de conférences.

Épée de Damoclès

Enfin, la parcelle D, d’une superficie de 3930 m², à l’arrière du bazar, sera dédiée aux 1400 places de parking. Trois parcelles de terrain seront allouées au promoteur pour une période initiale de 60 ans. À un taux de Rs 426 986 par an pour la A, Rs 745 174 pour la B et Rs 145 963 pour la D. La parcelle C (Newton House) sera aussi louée au promoteur pour une période initiale de 60 ans à un taux réduit de Rs 182 185 par an conformément aux termes du contrat de location du conseil municipal, assortie d’un option de renouvellement.

Reste que des questions subsistent en attendant la désignation imminente du promoteur. Plus cette échéance se rapproche, plus l’anxiété monte du côté des 550 locataires des étals de la foire et du marché qui n’ont toujours pas été mis au parfum des décisions prises en ce qui concerne le lieu où ils seront relogés temporairement. L’option d’un relogement sur le parking situé derrière le bazar, comme ce fut le cas au cours de la rénovation de la foire et du marché en 2017, est d’ores et déjà écartée, dans la mesure où elle concerne la parcelle D du projet du terminal. Ébranlés financièrement par les deux années de pandémie marquées par de longues semaines de confinement et la fermeture des frontières, les marchands redoutent de se retrouver de nouveau avec une épée de Damoclès sur la tête.

À Trianon ?

Les touristes, des Réunionnais pour la plupart, étaient d’ailleurs nombreux jeudi à déambuler au milieu des étals en quête d’accessoires et de vêtements en tous genres ou pour se délecter des dholl puri, gâteaux piment et autre alouda. « L’Urban Terminal est un projet intéressant, mais on a trop galéré pendant deux ans pour ne pas penser qu’on pourrait revivre les mêmes épreuves durant deux ou trois années supplémentaires. Où serons-nous relogés ? Notre inquiétude est d’autant plus grande que nous sommes conscients que les places manquent au cœur de la ville. C’est vrai que le maire et d’autres élus et responsables de la ville nous ont rencontrés pour tenter de nous rassurer, mais il n’y a toujours rien de concret », confie un marchand d’accessoires souvenirs.

Pourtant, les rumeurs allant dans le sens d’une relocalisation temporaire vers un site longeant la station de métro à Trianon se sont multipliées ces dernières semaines. Si cette option tient la corde, elle n’a toutefois pas été confirmée par le maire, qui préfère jouer la carte de la prudence : « Il est tout à fait légitime de la part des marchands de se poser la question de leur relogement temporaire en attendant de disposer d’un emplacement moderne dans le terminal. Nous sommes, hélas, confrontés à un manque d’espace. C’est la raison pour laquelle les discussions et les réunions s’enchaînent entre toutes les parties concernées pour déboucher sur la meilleure option. Ces rencontres s’accéléreront durant les prochains jours. Je ne peux pas confirmer s’ils seront relogés à Trianon ou ailleurs. »