Se référant aux inondations du 30 mars, Think Mauritius évoque un « vrai traumatisme » parmi la population et ceux qui vivent ou travaillent à Port-Louis. Cet événement tragique, explique l'organisation non gouvernementale (ONG) fondée par Dan Bundhoo, Pitch Venkatasawmy, Rajah Pillay, Faizal Jeeroburkhan et Guy Arékion, a déclenché une réflexion sur la fragilité de la capitale mauricienne et la nécessité de réduire la pression sur son écosystème.
Et ce que Think Mauritius trouve « inapproprié » dans une telle situation c’est que le gouvernement va de l’avant avec des initiatives et des projets, au coût de quelque Rs 100 milliards sur les 10 prochaines années afin de faciliter davantage l’accès à Port-Louis. Cette organisation fait ainsi une série de réflexions et de propositions.
Exiguïté, topographie et hydrologie
Selon Think Mauritius, avec sa superficie de 6,4 kilomètres carrés, Port-Louis est condamné à une asphyxie certaine avec le maintien du rythme de développement actuel. Dans son document, l’ONG revient sur l’épineux problème de circulation aux heures de pointe et surtout le souci d’évacuation en cas de catastrophe.
Autre souci auquel mention est faite : la réduction de la capacité d’absorption de l’eau de pluie avec les développements immobiliers et la terre argileuse qui résiste à l’infiltration de l’eau. Parallèlement aux soucis infrastructurels, vient s’ajouter celui du changement climatique et la hausse du niveau de la mer, qui pourrait faire que Port-Louis, une capitale submergée en cas de cyclone, de marée exceptionnellement haute ou pire en cas de tsunami.
Surpeuplement et surconcentration
Avec une population de 150 000 habitants à Port-Louis, Think Mauritius est d’avis qu’il est difficile de répondre aux besoins des Portlouisiens en termes d’habitations, de santé, d’éducation et de loisirs. Il ne faut pas non plus négliger l’augmentation considérable des activités économiques et administratives, qui nécessitent de nouvelles infrastructures.
Think Mauritius souligne aussi que tous les jours quelque 66 000 personnes, dont la plupart venant d’autres régions du pays, sont à Port-Louis pour des besoins professionnels ou commerciaux. L'ONG ne mâche pas ses mots et affirme que les normes pour l’aménagement du territoire ne sont pas respectées. Elle ajoute à cela l’accumulation des déchets et le risque d’épidémies telles que la malaria, le chikungunya ou la dengue.
Trafic routier
Quand on se réfère aux milliers de personnes qui se rendent à Port-Louis, il ne faut pas oublier que tous ne prennent pas le bus. Ainsi, il faut compter environ 26 000 véhicules qui entrent à Port-Louis chaque jour, alors que le nombre de places de parking est restreint à 8 000 environ. Tous ces facteurs ont un effet et ralentissent la circulation routière, provoquant une congestion sur les routes menant à la capitale.
Le ralentissement de la circulation n’est pas le seul souci, puisque Think Mauritius parle de fait que même la circulation piétonnière est devenue incontrôlable dans certains quartiers de Port-Louis. Cette situation vient mettre en lumière le fait que la bataille contre les marchands ambulants est loin d’être gagnée, car le nombre élevé de personnes qui sont à Port-Louis tous les jours représente une occasion en or pour les marchands ambulants de faire tourner leurs activités.
Solutions du GM
Les projets proposés par le gouvernement et leur efficacité ne semblent pas convaincre Think Mauritius. Le premier exemple est le projet de métro léger au coût de Rs 25 milliards. L'ONG fait un simple calcul. « Qui délaisserait sa voiture pour un moyen de transport dont la vitesse moyenne entre Port-Louis et Curepipe serait de 20 km/h, avec un temps de trajet de 75 minutes en position debout et le coût du billet qui s’élèverait à environ Rs 80 ? »
Vient ensuite le Harbour Bridge, qui coûtera autour de Rs 15 milliards et dont l’objectif est d’éviter aux véhicules reliant les Plaines-Wilhems au Nord de passer par Port-Louis. Think Mauritius s’interroge sur l’utilité d'un tel projet avec la construction de plusieurs routes reliant les Plaines-Wilhems aux régions du Nord et de l’Est sans passer par la capitale.
Décentralisation
L'ONG arrive à la conclusion que les solutions proposées par les autorités ne vont pas résoudre en grande mesure les problèmes concernant Port-Louis, car les causes se situent dans les caractéristiques et les spécificités physiques de la capitale. Think Mauritius vient ainsi de l’avant avec une série de propositions :
La délocalisation des activités administratives de Port-Louis. Certains ministères, tels que celui de l’Éducation, de l’Agro-industrie et des Infrastructures publiques, ont déjà été délocalisés en partie ou complètement vers d’autres régions. Cette pratique peut aussi être appliquée pour d’autres ministères et certains services tels que la National Transport Authority (NTA), le Passport and Immigration Office, et celui pour l'obtention des cartes d’identité nationales.
La décentralisation de certaines activités administratives en utilisant au maximum les technologies modernes de communication.
L’utilisation des e-services en vue de permettre aux membres du public d’effectuer leurs transactions en ligne. Le succès de la Mauritius Revenue Authority (MRA) est cité en exemple.
Avec la décentralisation de certaines activités, estime Think Mauritius, il est possible de redonner à Port-Louis son cachet de ville artistique et culturelle. L'ONG rappelle que le Théâtre de Port-Louis, qui est le plus vieux de l’hémisphère sud, est à l’abandon depuis des années, tout comme d’autres sites et bâtiments. Leur réhabilitation et l’organisation d’activités artistiques et culturelles devraient attirer des touristes et faire revivre la capitale.
Pour ce qui est du long terme, Think Mauritius préconise une réflexion sur la création d’une ville futuriste avec des caractéristiques bien calculées comme la préservation de l’environnement, l’utilisation d’énergies renouvelables, un système de transport efficace et pas cher pour décourager l’utilisation des véhicules individuels et l’utilisation de techniques de construction qui limiteront le besoin de climatisation.
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