Ce, alors que l'accord de la State Trading Corporation (STC) avec le fournisseur Vitol Bahreïn a expiré fin janvier. Un préposé officiel dans le milieu concerné explique que le gouvernement a décidé de revoir le système pour s'assurer que tous les produits répondent aux spécifications requises. D'où le délai.
Une situation qui survient alors que la polémique sur la «mauvaise qualité» du carburant fourni d'octobre à décembre 2019 enfle. Et que la Motor Vehicles Dealers Association (MVDA) maintient la pression quant aux dommages causés à «plus de 3 300 véhicules», soutient celle-ci.
La STC a entre-temps renouvelé sa confiance en Petro-China International pour l'approvisionnement en Dirty Petroleum Products, comme l'huile lourde destinée à la production d'électricité. Après un premier contrat de six mois qui est arrivé à terme le 31 janvier, le fournisseur singapourien qui a succédé à Mangalore Refinery and Petrochemicals Ltd (MRPL) rempile depuis le 1er février. Le nouveau contrat, daté du 24 janvier et valant Rs 708 millions, s'étend cette fois-ci sur une année.
Quant aux produits pétroliers propres, pour l'heure, c'est toujours Vitol Bahreïn, le second fournisseur post-MRPL, qui continue d'approvisionner le pays en essence, diesel et jet A-1. Après l'expiration de son contrat, ce fournisseur opérant depuis le 1er août 2019 est parvenu à un accord avec la STC pour que le pays ne se retrouve pas en rupture de stock en attendant que le nouveau contrat d'une durée d'une année soit alloué.
Mais y a-t-il déjà des critères fixés dans les documents d'appel d'offres de la STC qui exigent, par exemple, que l'essence ne doive pas contenir de manganèse ou du moins comporter un taux permissible ? Une source officielle de la STC réplique qu'en temps et lieu, l'organisme public répondra à cette question.
De concéder toutefois que, depuis toute l'affaire des véhicules roulant à l'essence qui ont été endommagés, la batterie de tests effectuée sur les cargaisons de produits pétroliers acheminées à Port-Louis a été renforcée. Ce, alors même que les résultats aux tests sur des échantillons envoyés par les autorités en Angleterre, se font toujours attendre.
Attirer l'attention
Réagissant au communiqué émis le 31 janvier par l'organisme public sur des additifs comme l'octane booster, en vente libre sur le marché, qui, selon la STC contiendrait un taux très élevé de manganèse et de fer (ce qui a tout de suite été démenti par des fournisseurs), un préposé officiel affirme que l'idée n'était pas de blâmer qui que ce soit, mais d'attirer l'attention des automobilistes pour qu'ils soient vigilants. Et, encore une fois, qu'en temps et lieu, la STC «qui ne tend pas une oreille sourde aux différentes représentations» donnera les raisons derrière ce communiqué.
Sollicité hier, Megh Pillay, ancien directeur général de la STC explique qu'à l'époque de MRPL, le manganèse, même s'il n'est pas permis dans l'essence, n'était pas une condition obligatoire dans les spécifications et sujette à une certification «étant donné que la raffinerie n'avait pas besoin d'ajouter un améliorant pour booster la performance de son produit».
Pour le gestionnaire, un raffineur ne le fera que pour avoir une essence à indice d'octane élevé. Il est aussi probable qu'un acheteur ou un trader s'approvisionne en un produit bas de gamme et améliore son indice d'octane avec un additif comme le manganèse qui lui revient à moins cher, et ensuite vende cette essence à un prix haut de gamme.
Sans compter que la traçabilité de la source du produit est compliquée lorsque l'approvisionnement se fait sur le marché libre. Ce qui fait dire à Megh Pillay que la STC aurait dû revoir complètement ses spécifications au moment où elle a cessé de s'approvisionner directement d'une raffinerie de renom comme la MRPL, d'autant plus sous un accord bilatéral à long terme.
Avant de conclure que les Dirty Products sont tout aussi exposés à des risques et ne répondent plus aux spécifications à l'arrivée, y compris après avoir été conformes aux critères à la source. Il cite l'exemple de l'huile lourde rejetée en 2009 après les dégâts causés aux moteurs du Central Electricity Board puisqu'elle contenait un taux de résidus dépassant la limite autorisée.
La Petrol Retailers Association se dédouane
Après la Motor Vehicles Dealers Association qui s'est fondé sur des résultats aux tests effectués sur des échantillons d'essence pour parler d'un taux élevé de manganèse, au tour de la Petrol Retailers Association de prendre position dans cette affaire. Dans un communiqué daté du 7 février, l'association retrace la chaîne d'approvisionnement de l'essence du producteur/raffineur en passant par l'importateur qu'est la STC, puis les quatre grossistes Engen, Indian Oil, Total et Shell (Vivo Energy) pour ensuite finir chez les revendeurs qui les mettent en vente au public.
La PRA estime qu'elle ne peut être tenue responsable de la qualité des produits et que le problème est ailleurs. Son secrétaire, Subhash Hurpaul, va plus loin et affirme que la PRA est en train de se prémunir contre d'éventuelles poursuites devant la justice. Rappelons qu'un des membres de la PRA a reçu un papier timbré d'un avoué. Toujours selon Subhash Hurpaul, l'association n'a pas été sollicitée pour une quelconque réunion avec les autorités concernées.
Par contre, elle s'est entretenue avec la MVDA jeudi dernier, soit la veille, du communiqué. De son côté, Mrinal Teelock, secrétaire de la MVDA, indique que suivant l'appel lancé à ceux qui rencontrent des problèmes avec leur véhicule, «des personnes se font enregistrer pratiquement tous les jours sur notre site». Pour le moment, poursuit-il, les concessionnaires traitent et réparent aux frais des propriétaires. «Nous avons fait notre devoir vis-à-vis de nos clients consommateurs. Nous nous sommes concertés et bientôt il y aura des démarches en cour. Au public tout comme à l'association des consommateurs de prendre le relais et de monter au créneau maintenant.»