Mais nous ne pouvons pas accepter le fait que certains policiers, quand ils sont en nombre, piègent les automobilistes ou tentent de les intimider. Nous avons été témoins de cette façon – pas correcte – de faire de la police. Et nous avons alerté les Casernes centrales. Voici les faits saillants.
Hier, il est peu avant 9 heures du matin (oui du matin !), juste après l'autopont de Port-Louis, en direction de Sorèze, peu avant le collège Royal de Port-Louis. Un de nos journalistes roule à quelque 70 km/h. Il ne réalise pas qu'il est dans une zone de 60 km/h car juste devant il y a le panneau qui limite la vitesse à 80 km/h. Six motards sont regroupés, dans le virage (donc invisibles), un peu avant ledit panneau de 80 km/h, leurs radars portables en main. Ils tirent sur tout – et bien évidemment arrête notre journaliste, qui se gare un peu plus loin du groupe de motards (après avoir actionné son «flasher»– on ne sait jamais !). L'un d'eux marche vers sa voiture et lui montre son appareil et le journaliste est d'accord sur le fait qu'il a enfreint la loi. Il remet, sur le champ, sa licence et même sa carte d'identité (qui était dans la même enveloppe). S'ensuivent alors ces échanges.
Le policier : «Ou dakor ou lao 60 km/h ?»
Le conducteur : «Oui, ala lisans-la, donn mwa mo kontravansion. Mé kifer zot vinn la zis dévan sa plak 80 km/h. Li enn landrwa confusing.»
Le policier : «Mo koné, mé nou finn gagn lord pou vinn lamem.»
Le conducteur : «Abon... Gagn lord pou vinn piez dimounn aster ? Mo dakor mo finn dépas limit, mé eski bizin kasiet koumsa pou bez otomobilist ?»
Quelques autres échanges s'ensuivent et notre conducteur-journaliste laisse le policier qui est en train de laborieusement rédiger sa contravention, sa petite fille étant dans la voiture, assise sur la banquette arrière. Il dépasse le groupe de motards, après avoir échangé quelques mots avec eux, prend son téléphone et fait une photo du groupe de policiers, des panneaux, de l'endroit où ils se trouvent... C'est ce qui devait alors envenimer les choses.
L'un des motards, d'un ton menaçant, s'en prend alors à notre journaliste : «Mo met ou o défi piblié sa foto-la !» Ses amis l'encouragent dans sa sortie. Un autre motard s'en prend au journaliste qui, entre-temps, avait rangé son téléphone et avait sorti sa fille – qui commençait à avoir chaud dans la voiture puisque cela faisait bien dix minutes qu'elle s'y trouvait.
Le conducteur : «Vous êtes sur un lieu public et je vais faire publier cette photo, surtout si vous continuez à me menacer de poursuites.»
Le policier : «Ménasé ? Aster ou pou koné la... Ou lé nou fer alcotest ar ou ?»
Le conducteur : «Akot ou test ? Fer li. Ki, 9 er dimatin ou fer alcotest ou ? Ou fer alcotest zis kan fini fer ou foto ? Ek ou kontinié ou bann ménas ?»
Un autre policier : «Atann lamem, nou al sers alcotest nou vini...»
Le conducteur : «Ou fini aret mwa, donn contravention, ou ménas mwa, aster ou amerdé monn fer foto ek ou pini mwa ek mo tifi. Mo bizin atann ou...»
Notre journaliste a refusé d'attendre plus longtemps, a replacé sa fille sur le siège arrière, est monté dans sa voiture puis est reparti. Aucun des motards ne l'a pris en chasse. Pourtant, ils étaient à six.
Relatant cet incident à un gradé des Casernes centrales (qui a l'habitude de communiquer avec la presse) par la suite, ce dernier devait conseiller à notre journaliste d'aller rencontrer les responsables de la Traffic Branch. Ce que notre journaliste a effectivement fait.
À la Traffic Branch, il est tombé nez à nez avec les policiers en question, qui étaient rentrés au bureau entre-temps. Un de leurs chefs hiérarchiques, mis au parfum, nous avait réservé un accueil des plus... chaleureux. Le ton était plus que correct, tout mielleux. L'inspecteur M., de la Traffic Branch, est l'exemple de courtoisie au sein de la police – d'où le fait qu'il ne faut pas généraliser. Il y a des policiers qui font bien leur travail, qui ont un sens du service et qui disent même : «Sorry, avek présion travay li arivé sa bann insidan-la...»
D'autres par contre, surtout quand ils sont en groupe, tentent de nous intimider et de nous piéger. Ceux-là, il faut les dénoncer. D'où notre décision de publier leur photo, même si on a pris le soin de flouter les visages...