Certains gestes simples peuvent sauver des vies s’ils sont pratiqués rapidement et correctement. La formation des premiers secours est disponible à Maurice, mais il faut encore être averti pour éviter un second accident.
Pratiquer les bons gestes et avoir le bon réflexe sont essentiels pour donner les premiers secours. Aider une personne inconsciente ou sur le point de s’étouffer, apporter son soutien aux victimes d’un accident de la route en attendant les secours.
Ce sont là des gestes que tous veulent faire en voyant une personne en danger.
Denis Grandport, directeur de « Fellowship First Aiders », insiste qu’il est indispensable de se former. Sans formation, il est impossible de donner son aide correctement. Cette organisation, dont le siège se trouve à Rose-Hill, existe depuis 1999. Parmi les objectifs, les responsables dispensent une formation pour que les premiers soins soient accessibles dans tous les lieux publics comme à la maison.
L’organisation dispense des cours gratuitement à plusieurs niveaux. Après les cours, la personne obtient un « certificate of attendance ». Si elle le souhaite, elle peut passer un examen menant à l’obtention d’un certificat. Ce document est valide pour une période de trois ans.
Après cela, des cours de mise à niveau sont disponibles, parce qu’en médecine les choses ne sont pas aussi simples, d’autres techniques sont disponibles. Le certificat est un document qui a toute sa raison d’être, non seulement pour sauver des vies, mais également pour décrocher un emploi.
« Un certificat de premiers secours est obligatoire sur un curriculum vitae pour certains postes. Ceci est indispensable pour les puéricultrices, les professeurs d’éducation physique et dans plusieurs firmes également », souligne Denis Grandport. Jusqu’ici, l’organisation a formé 10 % de la population.
Les accidents peuvent arriver n’importe où et n’importe quand. C’est pour cette raison que le Dr Subhraj Mudoo préconise que tout le monde ait une notion de premiers soins. Tous peuvent s’y mettre, assure le médecin. Les victimes pouvant être des inconnus ou des membres de la famille, il est donc souhaitable que tous aient une notion des premiers soins pour pouvoir porter secours.
Lorsque quelqu’un se sent mal, s’évanouit, ou se blesse, nécessitant un avis médical, il faut une moyenne de dix minutes pour le transporter vers un hôpital ou une clinique. Il faut tenir compte du fait que le transport n’est pas toujours disponible pour y accéder, sans compter les embouteillages. Or, dans le cas d’un arrêt cardiaque, il est primordial que la circulation sanguine soit rétablie dans les premières minutes suivant cet arrêt.
« Les quatre premières minutes sont vitales et décisives. Si le cerveau ne reçoit pas l’oxygène durant quatre minutes, ses cellules commencent à mourir, entraînant des dégâts cérébraux irréversibles. Il est alors impératif, dans un tel cas, de commencer un massage cardiaque pour que le cerveau ne soit pas privé d’oxygène et des éléments nutritifs. Tout le monde peut le faire, y compris un enfant », avoue le Dr Subhraj Mudoo.
Le massage cardiaque fait partie de la réanimation cardio-pulmonaire qui comprend également la respiration artificielle (bouche-à-bouche). Si un adulte, en dehors d`un hôpital, devient subitement inconscient et ne respire plus, la American Heart Association (AHA) Guidelines for Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care 2010 recommande le massage cardiaque dans les plus brefs délais. Ce geste peut même être pratiqué par un spectateur non-spécialiste, et par ce fait, sauver une vie.
Mais, le Dr Subhraj Mudoo précise que les premiers soins doivent être pratiqués correctement pour ne pas faire plus de mal que de bien. Il se souvient, alors qu’il exerçait aux urgences de l’hôpital de Rose-Belle, avoir reçu un jeune qui avait la jambe fracturée. En arrivant à l’hôpital, le blessé avait le pied immobilisé à l’aide d’une branche.
Ses amis qui connaissaient les techniques appropriées se sont occupés de lui avant de le conduire à l’hôpital. Cette technique a permis de stabiliser le membre et de réduire la douleur et également le risque des complications liées à une fracture avant l’arrivée à l’hôpital.
À la St John Ambulance, les plus jeunes recrues ont 11 ans. Tout comme les autres élèves, ils sont formés en premiers soins et savent, entre autres, comment faire une réanimation cardio-pulmonaire. Les cours sont de deux types. Il y en a un pour les membres affiliés qui sont répartis dans les 18 divisions de l’île et se rencontrent une fois la semaine pour des formations continues. L’autre est destiné aux membres du public (adultes) une fois la semaine, le mercredi ou le samedi, pour une durée de huit semaines.
Tous les cours sont sanctionnés par un examen (théorie et pratique) qui est approuvé par la MQA. La St John Ambulance a un programme d’études, et un personnel qualifié de l’Examination Board coordonne les cours et les examens.
Parmi les techniques de premiers soins, les élèves apprennent ce que sont les premiers soins ; le rôle qu’ils doivent jouer en tant que secouristes ; les précautions à prendre avant de donner les traitements ; les différents scénarios qui peuvent se produire en cas d’accident ; comment s’y prendre en cas d’une crise d’épilepsie ; les étapes à suivre en cas d’un arrêt cardiaque, d’une crise d’asthme, d’une noyade ; que faire en cas de blessures, brûlures ; comment reconnaître un hypoglycémique ou un hyperglycémique ; comment passer correctement les informations au Samu ou au médecin à l’hôpital ; que faire avec un inconscient ; comment déplacer le malade sur une civière, ou du site de l’accident jusqu`à l’ambulance.
Dans tous les cas, la première des choses est de voir si le blessé/malade est conscient ou non. S’il est conscient, on lui demande ce qui s’est passé et quel est le problème, avant de l’examiner. Au cas où l`individu est inconscient et s`il ne respire pas, on doit initier le CAB, c.à.d. Chest compression, Airway and Breathing.
Selon les dernières recommandations de l’AHA, chez tous les individus inconscients, sauf en cas de noyade et de nouveau-nés, on commence dans les plus brefs délais la réanimation par le massage cardiaque à une fréquence de trente compressions en 18 secondes. Ensuite, on ouvre la bouche pour voir s’il n’y a pas d’obstruction (par exemple, par un corps étranger) avant de donner deux respirations artificielles.
On enchaîne ensuite avec le massage cardiaque et la respiration artificielle dans un ratio de 30:2. Dans le cas d’une noyade ou d’un nouveau-né, on commence par donner cinq bouche-à-bouche et puis on enchaîne avec trente massages cardiaques alternant avec deux bouche-à-bouche. On continue la réanimation jusqu’à ce que l’individu reprenne conscience, ou jusqu’à l’arrivée de l’ambulance. Si au bout de 20 minutes le patient ne donne aucun signe de vie on peut arrêter la réanimation cardio-pulmonaire.
Le Dr Subhraj Mudoo soutient que c’est très important que toutes les institutions aient des membres formés en secourisme et une trousse de premiers secours. Celle-ci devrait contenir des solutions pour désinfecter les plaies, des pansements, des bandages, des ciseaux, des épingles, des pansements adhésifs, du glucose et du paracétamol, entre autres.
L’organisation de la Croix-Rouge existe à l’île Maurice depuis 1973 en temps que Croix-Rouge de Maurice. Autrefois, l’organisation était connue comme la British Red Cross. Navin Mahadoo, le chargé de programme, explique que le principal est de former le plus de personnes pour sauver la vie des gens en difficulté. Les problèmes peuvent surgir partout à la maison, dans les entreprises, dans les endroits publics, mais le plus important c’est d’être formé.
Responsable également de la gestion des catastrophes au sein de la Croix-Rouge, Navin Mahadoo précise que trois audiences sont ciblées pour la formation : la communauté, les entreprises et les membres. La formation consiste à démontrer que l’on peut venir en aide en n’ayant rien sous la main. Au sein des entreprises, avec la loi existante, il y a l’utilisation du contenu d’une trousse de secours et pour les membres, cela concerne le maniement de certains équipements.
Parmi les statistiques, la Croix-Rouge de Maurice a formé, de janvier à juin dernier, 537 personnes en entreprise, 211 de la communauté, et les membres sont eux en formation continue.
Les secouristes, au sein de la communauté, sont aussi importants, puisque n’importe quand une personne peut se retrouver en difficulté. Notre interlocuteur insiste qu’il ne faut pas paniquer et à travers la formation tout cela est indiqué. Apprendre à communiquer avec un ambulancier ou un médecin permet de donner l’aide nécessaire.
Laxminarain Mudhoo est âgé de 75 ans. Le secourisme n’a pas de secret pour lui. Il s’y est intéressé après s’être retrouvé impuissant face à un enfant qui s’était blessé dans l’enceinte de l’école où il travaillait : « Alors que je travaillais dans une école en 1968 ou 1969, un enfant est tombé et était grièvement blessé. Je ne savais quoi faire. Lorsque l’occasion s’est présentée, je n’ai pas hésité à suivre des cours de secourisme au sein de la St John Ambulance. »
Il a commencé donc ses cours au mois de septembre 1971 et est devenu membre de l’organisation en avril 1972. Au début, soit en 1947, la St John Ambulance était sous la responsabilité de la force policière. Puis, c’est M. Ohis qui en a pris la responsabilité.
Venir en aide aux gens est devenu la passion de Laxminarain Mudhoo. Aujourd’hui, accompagné d’une équipe, il dispense des cours à travers l’île. De par son dévouement, il a obtenu, en 2006, la plus haute distinction de l’organisation qui est le Knight of St John.
En 1988, il fut fait officier et en 2001 Commander de l’organisation. Laxminarain Mudhoo se souvient, comme si c’était hier, que le lundi de Pâques de 1974, il a sauvé la vie d’une femme qui se noyait : « Alors que j’étais ‘on duty’ comme secouriste à Flic-en-Flac ce jour-là, il y avait une dame qui vomissait. Sans hésitation, j’ai soufflé dans la bouche de cette dame et j’ai fait la compression cardiaque. J’ai pu sauver la vie de cette dame de la noyade… »
Il se souvient également que lorsqu’il donnait des cours en secourisme chez la compagnie Leal, à Pailles, il y avait une personne qui avait perdu connaissance dans le showroom : « Elle était inconsciente, pas de respiration, pas de pouls. Je lui ai donc fait un massage cardiaque pendant une demi-heure jusqu’à ce que le Samu arrive. À mon grand plaisir, cet individu a commencé à respirer à nouveau. Pour moi, le plus grand plaisir est de sauver la vie des gens. Si j’ai un conseil à donner, c’est que chacun apprenne les rudiments du secourisme afin de sauver une vie ».