L’explosion des prix du carburant sur le marché local décuple la demande pour les véhicules électriques et hybrides, explique Eric Leal, Chief Executive Officer (CEO) du groupe Leal. Il évoque également les difficultés rencontrées sur le marché des pièces de rechange, l’Ukraine étant en effet un gros producteur de composantes automobiles. Par ailleurs, malgré la pandémie, l’année 2021 aura été une réussite pour le groupe, avec 2 671 véhicules vendus, soit 28% de part de marché, avec la marque Kia en Pole Position et BMW confirmant sa place de leader sur le marché Premium. Notons que 40% des opérations du groupe Leal sont désormais réalisées à l’international. Le groupe est implanté à La-Réunion, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, et distribue des marques dans 42 pays africains.
Comment et dans quel état le groupe Leal est-il sorti de la pandémie ?
Ces deux années ont été difficiles pour le groupe. Nous avons eu à nous adapter et à réinventer de nouvelles méthodes de travail et de communication. Nous avons connu des moments difficiles durant le confinement et la fermeture des frontières à Maurice. Toutes les activités tournaient au ralenti et nous avons, comme tout le monde, souffert du manque d’approvisionnement, de la dévaluation de la roupie, de la hausse des prix des matériaux et des coûts de fret, qui ont pris l’ascenseur.
Malgré cela, l’année 2021 a été une réussite pour le groupe, avec 2 671 véhicules vendus, soit 28% de part de marché, et nous sommes No 1 avec la marque KIA toutes catégories confondues, avec 1 454 ventes. BMW reste leader sur le marché premium, avec approximativement 46% de part de marché (435 véhicules vendus). Le marché des véhicules neufs en 2021 était de presque 10 000 unités, à quelques véhicules près.
Leal Réunion a fait une année record en 2021 dans l’automobile et l’informatique. Il faut noter que le groupe Leal, malgré les difficultés, n’a pas eu recours à la Mauritius Investment Corporation (MIC). Toutefois, le Wage Assistance Scheme et la MIC ont permis aux consommateurs et à nos clients de PNL et de LCI de pouvoir continuer à consommer et à opérer.
À partir de juillet, vous reprenez les activités de Diageo à La-Réunion avec la distribution de spiritueux. Pourquoi ce deal à l’île sœur et quelles sont les opportunités de création de richesses pour vos actionnaires dans ce secteur à La-Réunion, sachant que Diageo réalise déjà un chiffre d’affaires annuel de quelque 18 millions d’euros ?
Une nouvelle fois, notre développement dans ce nouveau secteur à La-Réunion répond à la politique du groupe. Nous ne partons pas en terre inconnue. Les partenaires qui nous font confiance à Maurice nous offrent de nouvelles opportunités d’expansion dans des métiers que nous connaissons bien. Nous avons la représentation de Diageo chez PNL depuis quelques années déjà à Maurice et nous avons eu l’opportunité d’avoir la distribution de cette marque à La-Réunion. Nous pensons que malgré le contexte difficile de ces dernières années, cette démarche nous permettra d’accroître nos activités dans un domaine que nous maîtrisons déjà, et cela, avec l’aide des acteurs locaux et le soutien de Diageo International.
Comme mentionné précédemment, le groupe est déjà présent à La-Réunion dans l’automobile et l’informatique. Dans quelle mesure ces opérations ont-elles été affectées par la pandémie et la crise depuis ces deux dernières années ?
La-Réunion a été aussi touchée par le Covid-19 en 2020, et la situation n’a pas été facile. L’île a tourné au ralenti et les Réunionnais ont souffert. À l’instar de nombreux pays dans le monde qui ont adopté des mesures de confinement pour lutter contre la propagation du Covid-19, l’économie française a été gravement touchée par la pandémie dans tous les secteurs. Les Réunionnais ont eu l’aide du gouvernement pour les soutenir dans cette épreuve.
On remarque cependant depuis 2021 une augmentation de la consommation des ménages. On peut parler de Revenge Buying. Au niveau de Leal-Réunion, nous avons connu en 2021 la meilleure année de la compagnie avec des ventes records chez BMW et Mini, et le leadership du marché automobile premium. Nous avons aussi fait une année record dans les quatre magasins iShop à La-Réunion.
40% de vos opérations sont désormais localisées à l’étranger. Comment va évoluer ce pourcentage dans les années à venir ?
De l’automobile à l’énergie, en passant par les télécommunications, l’informatique, la distribution de spiritueux, de biens de consommation et de médicaments, le groupe a petit à petit diversifié ses activités pour s’implanter à La-Réunion, et même en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, et nous sommes également distributeurs officiels de marques dans 42 pays africains. Nous faisons des investissements et notre expansion ne peut que continuer au fil des années. Nous sommes ouverts à toutes les opportunités d’investissements qui se présenteront à nous à Maurice et ailleurs.
On sait que vous comptez développer des showrooms dans la nouvelle Smart City de Montebello, à Pailles, avec un investissement de Rs 500 millions. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?
Permettez-moi d’abord de rappeler que le groupe Leal a aussi de très grosses activités dans la distribution de produits vendus en supermarché. PNL emploie presque 500 personnes et complète en plein Covid la construction de nouveaux stores à Jin Fei pour plus de Rs 500 millions. Elytis est distributeur officiel de marques, dont Microsoft, dans 42 pays. Par ailleurs, Leal Equipements Cie Ltée (LEC) distribue les équipements de chantiers de Volvo CE dans la région. Et en effet, nous allons lancer dès ce mois-ci, la Montebello Smart City, sur l’autoroute, juste en face des locaux de KIA, la construction de nouveaux garages et showrooms.
L’emplacement est accessible et se trouve dans les environs de nos locaux. Ces nouveaux showrooms vont nous permettre d’accueillir nos clients dans un cadre agréable avec plus d’espaces, et d’offrir un meilleur service à notre clientèle. À travers nos investissements, les distributeurs de voitures neuves montrent leur confiance dans le futur de l’économie mauricienne. Pour rappel l’automobile représente aujourd’hui plus de Rs 6 milliards de revenus annuels pour le gouvernement, et ce chiffre n’a pas baissé au fil des années.
Avez-vous d’autres projets pour Maurice ?
Il y aura sans aucun doute de nouvelles expansions et des investissements dans les années à venir pour le groupe, car nous sommes ouverts et à l’écoute des opportunités qui se présentent à nous, à Maurice comme à l’étranger.
La flambée des prix des matières premières à l’échelle mondiale affecte-t-elle le secteur des véhicules neufs ?
Le marché des véhicules neufs, en 2021, était de presque 10 000 unités vendues, à quelques véhicules près. Si nous comparons aujourd’hui les chiffres des quatre premiers mois de 2022 à ceux de 2019, il est clair qu’il y a une progression, comparé à la même période il y a 3 ans. À titre d’exemple, le dernier numéro enregistré à la NTLA en avril 2019 était le 3889AP19, contre le 3967AP22 fin avril dernier, nous démontrant ainsi qu’il y a une progression mensuelle soutenue.
Le problème de l’approvisionnement auquel tous les concessionnaires font face mondialement s’aggrave, car l’Ukraine est un gros producteur de composants automobiles. Pour les pièces, c’est le même problème. Nous avons donc généralement pour les voitures presque plus de stocks et des livraisons moins régulières. Attendre plusieurs mois pour une livraison est maintenant la tendance générale…
La hausse exponentielle du prix des carburants localement ne risque-t-elle pas de freiner la vente de véhicules de manière générale ?
Il est encore difficile à ce stade d’anticiper quels seront les impacts à long terme sur l’industrie de l’automobile à Maurice. On va aussi voir un changement dans la tendance de consommation et le consommateur va dans l’avenir se tourner vers les voitures hybrides et électriques. La demande pour de l’électrification (hybride, Plug-In hybride et 100% électrique) est en forte hausse.
Nous avons également l’avantage de pouvoir proposer de plus en plus de modèles avec des petits moteurs Turbo, qui permettent de consommer moins. L’augmentation du prix des voitures a aussi été atténuée par les mesures de soutien de l’État en termes de taxation. Les distributeurs de voitures neuves n’ont pas eu recours au MIC, et comme vous l’avez vu, ils n’ont pas arrêté d’investir et ont terminé leurs nouveaux showrooms à Bagatelle et Ébène.
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