Fissures de l’autopont Decaen: les travaux de «piling» du métro sont-ils en cause ?

5 years, 2 months ago - 17 August 2019, lexpress.mu
Fissures de l’autopont Decaen: les travaux de «piling» du métro sont-ils en cause ?
Les fissures apparues sur l’autopont de Decaen ont été une nouvelle fois au centre des questions parlementaires, le mardi 13 août.

Si le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, a tenté de rassurer qu’il n’y a pas eu de nouvelles fissures, il a toutefois souligné que, récemment, un mouvement de 2 centimètres a été noté sur cette infrastructure. Il a indiqué qu’une fois les travaux du Metro Express complétés au Caudan, son ministère examinera la stabilité de la région. On se demande si ce ne sont les travaux du métro à côté qui ont une incidence sur l’autopont ?

Interrogée, une source dans le domaine de l’ingénierie explique qu’il y a eu une mauvaise planification, ce qui aurait créé un défaut sur l’autopont. «Ce n’est pas dû à une mauvaise construction ou conception. Ils ont dû effectuer le piling (NdlR : enfouissement des poutres pour les rails surélevés du métro) du métro avant de construire l’autopont. Il y a des parois autobloquantes en béton des deux côtés du tracé. C’est du solide.»

Selon notre source, le tassement différentiel ou le mouvement est bien minime par rapport à des sollicitations dynamiques causées par un véhicule avec le passage des roues. «Le piling produit une certaine vibration sur une certaine distance, qui peut aller jusqu’à 50-100 mètres, dépendant de la nature des sols.» En effet, elle explique que ce sont des travaux de forage et de marteau hydraulique qui en seraient la cause.

Y a-t-il un risque d’effondrement de l’autopont ? «S’il y a des fissures sur les parois autobloquantes, l’autopont peut s’effondrer. Tan ki li pa bonbé, nanié pa pou éfondré.» Notre source estime que l’autopont en lui-même «n’a rien d’alarmant. Péna okenn problem». Avant d’ajouter qu’à l’avenir, il faudra que l’autopont subisse une inspection bi-semestrielle ou annuelle.

Or, un autre ingénieur ne partage pas cet avis. Selon lui, la construction de l’autopont a été mal faite. Il estime que le mouvement de 2 centimètres indique qu’une partie de la structure a bougé et pas les autres. «Cela a été créé par le mouvement de la base. Ce qui a créé des fissures. Cela peut être le produit de mettre trop de poids sur un sol instable.»

Interrogé, Das Mootanah, Chief Executive Officer de Metro Express Ltd (MEL), nie que les fissures ont été provoquées par les travaux de piling sur le site du Caudan. «La méthodologie de construction pour les travaux de piling dans le cadre du métro n’a aucun impact sur le temps de réalisation du projet Decaen. Selon nos informations, les fissures dans la structure Mechanically Stabilised Earthworks de l’autopont Decaen ont été détectées en mai, soit avant les travaux de piling qui sont en cours par Larsen & Toubro, dans les environs. Les travaux de piling pour le Metro Express ont débuté en juin et ont été achevés en juillet. Cela démontre clairement que les fissures dans la structure ne sont pas attribuées aux travaux de piling dans le couloir du métro.»

De plus, selon Das Mootanah, Larsen & Toubro (L&T) a clarifié que les travaux de piling ont été exécutés en utilisant des foreuses (piling rigs) hydrauliques, selon la méthode utilisée pour le moulage d’un pieu. Ce qui signifie qu’il n’y a eu aucune vibration importante pendant les opérations de forage. «C’est la même méthode utilisée pour le projet RDP à Phœnix. (NdlR, les travaux des autoponts à Pont-Fer-Jumbo-Phoenix).» Et d’ajouter que lors des réunions entre la Road Development Authority (RDA), General Construction, L&T et les consultants de MEL (Rites & SCE), toutes les parties ont reconnu que les travaux d’empilement mentionnés ci-dessus n’ont aucune incidence sur la situation au Caudan.

En juin, les premières fissures sont décelées sur la rampe et sur la route qui mène à la rue Lord Kitchener. Selon un ingénieur à la RDA, ce ne sont pas des fissures structurelles.

«C’est tout à fait normal qu’il y ait des fissures. Dans le jargon d’ingénierie, c’est ce qu’on appelle un differential settlement. Prenez la rampe, il y a une structure rigide, faite avec du remplissage. Le pont, lui, est connecté avec l’autre rampe qui descend vers l’entrée de Port-Louis. Donc, la structure rigide est connectée à deux rampes. Zis kot zot zwenn, li normal qui éna enn tasman. Avec le temps, tout structure compactée fini par se tasser», avait expliqué l’ingénieur dans l’édition du 20 juin de l’express.