On y trouve de tout : des arbres qui occupent une bonne partie de la plage, de vieux bateaux abandonnés, des herbes folles, des ordures, des chiens errants.
Jimmy, qui vient chaque matin faire son jogging sur cette partie de la plage de Flic-en-Flac, est bien placé pour témoigner que la situation ne s’est pas détériorée à cause de l’interdiction imposée par le gouvernement pendant la période de confinement. Car, dira-t-il, cette situation remonte à des années et elle a empiré d’année en année. Et certains propriétaires de bateau de plaisance en profitent pour transformer cette partie de la plage en un cimetière de déchets en tous genres aux yeux et au nez de la police de l’Environnement. Surtout que le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, a au moins un pied-à-terre dans ce village côtier. On vient déverser des ordures, de vieux appareils électroménagers sans compter la présence de chiens errants.
Daneshwar, un pêcheur habitant de la localité, blâme les autorités « qui ne font rien pour changer la situation ». Selon lui, les autorités doivent assumer leurs responsabilités et mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour identifier les propriétaires de ces épaves et les sanctionner au terme des dispositions de la loi. « Pour autant que je sache, il est interdit de les détruire sans le consentement des propriétaires et comme nous avons pu le constater sur place, il est très difficile avec le temps d’identifier les numéros de bateau, ce qui explique la difficulté de retrouver les propriétaires. Contrairement aux vieilles voitures qui sont abandonnées dans les champs de canne ou dans la cour des mécaniciens pour diverses raisons, il n’existe pas de casse pour bateaux à Maurice. Et comme il n’y a pas de sanction, les bateaux en bois sont délaissés, abandonnés sur la plage. Cela ressemble à un dépotoir », soutient Mala qui a emmené son fils de quatre ans faire un tour du côté du débarcadère en fin de semaine avec la troisième phase du déconfinement. « Certains propriétaires profitent de la léthargie des autorités et laissent pourrir leurs bateaux sur place. Si cette situation perdure, cet endroit sera bientôt transformé en un cimetière pour vieux bateaux », déplore-t-elle.
Edley se rappelle encore des discussions qui avaient lieu parmi les habitants après une proposition faite par Alain Pinagapany, le directeur de l’hôtel Villa Caroline, pour un projet d’embellissement sur une partie de cette plage. Il se souvient que certains habitants y étaient opposés et avaient même fait appel à des Ong pour soutenir leurs démarches. Avec le recul, Edley qui était lui aussi farouchement opposé à cette proposition, revient à de meilleurs sentiments. Il pense que les autorités auraient dû trouver un moyen et un juste équilibre pour gérer cet espace. « Get kouma sa lespas finn vini zordi », regrette-t-il.
Dans une lettre adressée au ministère des Terres et du Logement en juillet 2019, Alain Pinagapany avait informé qu’il n’irait pas de l’avant avec ce projet. « We will not go ahead with the project as we have not reach mutual agreement between all stakeholders of the village and us. We will be grateful to disregard all the applications done for implementation of the project as per letter dated 21 february 2019 -11 june and all other demands of embellishing the said portion of land. »
Le directeur de Villa Caroline avait l’intention, selon Edley, de réaliser « on the portion of land adjacent to the hotel for the construction of a new area for boats in bad weather for a maintenance space so that dirty water does not go in the sea, parking, hotel resident and fishermen, to do a slipway for boats, to embellish this part of the beach for the wellness of locals and not to be used as depotoir. »
Sanjay ne partage pas l’avis d’Edley. « Nou ti ena rezon proteste. Nou laplaz Flic-en-Flac pe retresi zour an zour avek lerozion. Nou nepli ena plas pou nou mem isi. Lotel ti pe pran tro plas. Pa kapav kontinie koumsa », insiste-t-il. Il blâme les autorités pour n’avoir pas pris de dispositions pour nettoyer et embellir cette partie de la plage. C’est pour cette raison, se désole-t-il, que des espaces autrefois appartenant à l’Etat sombrent dans l’oubli et ont fini par être récupérés par ceux qui ont les moyens financiers pour investir.
En ce qui concerne cette partie de cette plage à proximité du débarcadère, un haut cadre de la Beach Authority, ajoute que cette instance ne la gère pas « car ce n’est pas une plage publique et que cet espace tombe sous la responsabilité du ministère de la Pêche ». Un haut cadre du ministère de la Pêche déclare pour sa part : « aucun cadre légal défini ne peut forcer les propriétaires de ces bateaux abandonnés à quitter cet endroit et si la Beach Authority nous signale que des bateaux ont envahi cette partie de la plage, nous pourrons alors approcher les propriétaires de manière informelle et tenter de trouver un accord à l’amiable pour libérer cet espace. Mais ne pouvons pas faire plus. Il faudrait revoir la loi. ».
Dharamdas Chenao, ex-conseiller du village de Flic-en-Flac et ex-président du conseil de district de Rivière-Noire, rappelle qu’avec la réouverture des frontières à Maurice en juillet, il faut organiser et aménager la plage de Flic-en-Flac qui est très fréquentée par les touristes et les Mauriciens pour la rendre plus attrayante. « Il y avait trop de désordre avant la deuxième phase du confinement. Des marchands s’installaient et exposaient un peu partout leurs produits. Il y a des chiens errants ont envahi la plage. Il faut absolument réorganiser tout cela et faire appliquer la loi. On ne peut plus continuer à opérer de la même manière. »
En ce qui concerne l’érosion à Flic-en-Flac, selon un communiqué émis le 11 août 2020 par le ministère de l’Environnement, un projet de réhabilitation et de reboisement est en cours dans cette zone. Ce projet prévoit de remplacer les casuarinas (filaos) par des arbres endémiques sur les premiers 30 mètres de la ligne de la marée haute et une étendue de 200 mètres de long. « Les filaos sont des arbres exotiques qui ne sont pas adaptés à nos plages car ils ne retiennent pas le sable. Ils contribuent ainsi à leur érosion », a souligné un haut cadre du ministère de l’Environnement,
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